(VOVworld) – Le président afghan Hamid Karzaï a affirmé une fois encore samedi dernier que les forces afghanes étaient suffisamment fortes désormais pour défendre la sécurité nationale, sans aide internationale. Cette déclaration est un coup dur pour Washington qui comptait sur la signature d’un accord de sécurité bilatéral. Le destin de l’Afghanistan demeure encore indécis.
Le président afghan Hamid Karzaï et son homologue américain Barack Obama. Photo: Reuters
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Dans son discours final au parlement, le président Hamid Karzai a déclaré samedi dernier que les soldats américains pourraient quitter l’Afghanistan à la fin de l’année, car l’armée nationale qui contrôle la sécurité de 93% du pays, était prête à se substituer. Il a par ailleurs réaffirmé qu’il ne signerait pas d’accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis. Selon lui, les forces afghanes n’ont plus besoin d’aide extérieure.
Les négociations entre Kaboul et Washington visant à maintenir la présence militaire américaine sur place fin 2014, année fixée pour le retrait de l'essentiel des troupes américaines du pays, ont pris des mois. Le contingent en question varie entre 10 mille et 12 mille hommes. Le Pentagone exige aussi le contrôle absolu des neuf bases militaires à travers l’Afghanistan, y compris la base aérienne de Bagram, située au nord de Kaboul.
Défendre les intérêts du pays
Le président afghan, qui a subi d’énormes pressions pour signer ce pacte, est en désaccord sur la question de l’immunité des soldats américains. L’accord prévoit que s’ils commettaient des crimes sur le sol afghan, ils seraient jugés par une cour américaine. Il donne également aux soldats américains la liberté totale d’attaquer les cibles terroristes et de perquisitionner les églises et les résidences privées... Après deux mandats présidentiels, Karzaï est las des relations avec Washington. Il reproche constamment aux Etats-Unis et à l’OTAN de provoquer l’instabilité dans son pays. En effet, c’est à partir de l’Afghanistan que Américains et forces de l’OTAN mènent leurs opérations anti-terroristes dans le Centre et le Sud de l’Asie, ce qui fait de ce pays un objectif des représailles des talibans et d’Al Qaïda. Kaboul a maintes fois sollicité l’aide des Etats-Unis pour protéger sa population des attaques des talibans. Les Américains ont toujours refusé.
Face aux pressions sécuritaires et économiques
Après 12 ans de guerre, les forces de sécurité afghanes contrôlent officiellement 93% du territoire mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont compétentes. Et ce, en dépit du fait que les Etats-Unis s’engagent depuis plusieurs années à la formation de l’armée afghane. L’aide américaine s’avérant insuffisante, fin 2013, Karzaï a effectué une visite en Inde pour réclamer des aides militaires de la part de New Delhi. Il s’est dit par ailleurs prêt à signer un accord d’amitié et de coopération multisectorielle avec l’Iran.
Le refus de Karzaï de signer l’accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis risque d’entraîner l’annulation de la subvention promise par Washington aux forces armées d’un montant de 4 milliards de dollars, et d’une somme similaire destinée aux établissements civils afghans. Sans cette aide, la charge pèsera encore davantage sur ce pays sud-asiatique dont les perspectives économiques sont de plus en plus obscures et dont l’instabilité sécuritaire ne peut séduire les investisseurs.
Hamid Karzaï laisse donc ses questions inquiétantes à son successeur qui arrivera au pouvoir après les présidentielles du 5 avril prochain. Les pressions américaines vont aller croissant. A en croire les observateurs, au-delà de leur envie de maintenir une présence militaire en Afghanistan, les Etats-Unis tiennent absolument à garder leur mainmise sur l’Asie du Sud, une région stratégique.