(VOVWORLD) - Un ultimatum en bonne et due forme… Deux fers de lance de l’indépendantisme arrêtés… Manifestement, le bras de fer qu’ont engagés Madrid et Barcelone ne fait que commencer.
Les manifestations pour l’indépendant sur la place de Puerta del Sol, le 1er octobre - Photo AFP/TTXVN |
Pas plus tard que mercredi, le gouvernement espagnol a menacé de remettre en question l’autonomie de la Catalogne, à moins bien sûr que celle-ci ne renonce à ses velléités d’indépendance. Un durcissement de ton, donc, qui n’augure rien de bon si l’on veut bien se rappeler que de son côté, le président catalan Carles Puigdemont, séparatiste s’il en est, a affirmé qu’il déclarerait l'indépendance en cas de refus de dialogue de la part de Madrid.
L’ultimatum de Madrid
Reculer ou aller au choc frontal? Le président catalan doit répondre, ce jeudi 19 octobre, à l'ultimatum du gouvernement central. Renoncera-t-il, ou non, à déclarer l’indépendance de la Catalogne? S’il choisit de défier Madrid, le gouvernement de Mariano Rajoy pourra invoquer l’article 155 de la Constitution et suspendre ainsi le statut d’autonomie dont jouit la Catalogne.
A l’origine de cette crise, le référendum d'autodétermination organisé le 1er octobre par les autorités catalanes, référendum que le gouvernement espagnol juge nul et non avenu mais qui dans les faits a bel et bien eu lieu, et dont les résultats, bien qu’invérifiables, sont sans appel: le «oui» à l’indépendance l’aurait emporté avec près de 90% des suffrages. Seul bémol, la participation, estimée à 43%. Il n’en fallait pas davantage, en tout cas, aux indépendantistes catalans, pour s’estimer investis d’un «mandat populaire», et au président Puigdemont, pour signer le 10 octobre une déclaration d’indépendance, déclaration aussitôt suspendue dans l’attente d’une hypothétique reprise du dialogue.
C’était sans compter sur la fermeté de Madrid, qui a placé en détention deux des figures de proue de l’indépendantisme catalan. C’était lundi. Dès le lendemain, des milliers de Catalans étaient dans les rues pour protester contre cette arrestation.
L’indépendance: pourquoi ?
La Catalogne, qui a bénéficié brièvement d’un gouvernement autonome dans les années 30, - la Generalitat - n’a jamais emprunté la voie de la violence pour réclamer son indépendance. Le nationalisme catalan, s’il a toujours plus ou moins existé, est resté latent jusqu’en 2010, date à laquelle le tribunal constitutionnel de Madrid a rejeté un projet visant à accorder une plus large autonomie à la Catalogne, suscitant un véritable tollé au sein de la population catalane.
Mais il y aussi un argument économique. Il faut savoir que la Catalogne est la région la plus prospère d'Espagne. Avec ses 7,5 millions d’habitants, elle représente à elle seule 20% du PIB national. Déficitaires, les nationalistes catalans estiment que leur région serait nettement plus riche si 50% de sa fiscalité n’était pas aux mains de l’Etat espagnol. Aussi réclament-ils un statut proche de celui du Pays Basque, lequel gère 100% de sa fiscalité et verse chaque année une quote-part à l’Espagne en fonction des services publics qui sont rendus sur son territoire.
Où va la Catalogne?
Déclarer l’indépendance ou rester dans le giron de Madrid ? Si les séparatistes choisissent la voie de la sédition, ils auront à en subir les conséquences, à commencer par la mise en application de l’article 155 de la Constitution espagnole qui permettrait à l’Etat central de reprendre le plein contrôle de la région. Mais malgré les résultats du référendum, ces séparatistes sont loin de faire l’unanimité: nombreux sont les Catalans qui souhaitent rester Espagnols et qui entendent bien le faire savoir à qui de droit… Autre point, et non des moindres: une Catalogne indépendante se retrouverait isolée au sein de l’Union Européenne. Aucun des pays membres de l’union n’est en effet prêt à soutenir un divorce dont Madrid ne veut pas entendre parler.
Reste la possibilité que les indépendantistes fassent machine arrière, et que s’ouvrent alors des négociations entre Madrid et Barcelone. Ce serait la solution de sagesse, mais Carles Puigdemont et les siens font preuve d’un jusqu’au-boutisme qui ne laisse rien présager de tel.