(VOVworld) – Tension en péninsule coréenne. Une nouvelle guerre est-elle sur le point d’éclater, comme ce fut le cas il y a 60 ans? La Voix du Vietnam vous propose aujourd’hui un tour d’horizon.
Le 30 mars 2013, la provocation nord-coréenne est passée à la vitesse supérieure: Pyongyang se déclare désormais en “état de guerre” avec le Sud. Ainsi, toutes les questions bilatérales seront réglées suivant le protocole approprié. Lors d’une réunion plénière du comité central du Parti du travail de Corée, le dirigeant Kim Jong-un a affirmé la nécessité pour son pays de remettre en état son arsenal nucléaire tant quantitativement que qualitativement; de développer l’énergie atomique pour augmenter la production électrique et lancer davantage de satellites. En cas de guerre, l’armée nord-coréenne visera en premier les bases militaires américaines au Japon et en République de Corée, a averti M.Kim qui a ordonné à ses unités de missiles stratégiques d’orienter leurs radars vers les bases américaines en République de Corée et dans le Pacifique. Côté Pentagone, on a dépêché deux bombardiers furtifs B-2 portant des ogives nucléaires vers la péninsule coréenne. La République de Corée, elle, fait état d’une présence accrue de troupes et de véhicules militaires autour des sites de lancement de missiles dans le Nord. Les Nord-Coréens semblent être prêts au combat: partout, des véhicules militaires camouflés, des affiches appelant à “anéantir les impérialistes américains” en exhortant la population à combattre “avec les armes, pas avec les paroles”. La Maison Blanche indique qu’elle “prend au sérieux” la nouvelle menace nord-coréenne, qu’elle se coordonnera étroitement avec son allié sud-coréen pour superviser toute évolution à l’autre côté de la frontière. Pour les Etats-Unis, c’est clair, Pyongyang est l’unique responsable de l’escalade de la tension en péninsule coréenne. Face à cette situation, plusieurs pays comme la Thaïlande et les Philippines ont programmé l’évacuation de leurs ressortissants de la zone.
Photo: AP
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Mais malgré ce rythme effréné des tambours de guerre, une guerre générale semble peu probable. D’abord, les dégâts seraient trop importants, pour toutes les parties concernées. En poussant la région au bord du conflit par ses menaces et ses provocations, Pyongyang cherche surtout à attirer l’attention de l’opinion publique, faisant pression à la fois sur Washington et sur la nouvelle présidente sud-coréenne, pour obliger le premier à retourner à la table des négociations et la seconde à changer sa politique à l’égard du Nord. D’autre part, en donnant l’impression d’une attaque imminente contre les Etats-Unis, Kim Jong-un espère éveiller l’esprit d’union nationale et rassembler le peuple autour de lui. Un autre signe qui rend peu probable l’éventualité d’un conflit costaud est la nomination de Pak Pong-ju, un réformateur, au poste de Premier Ministre. Lors de la dernière réunion de son parti, Kim Jong-un a d’ailleurs défini une nouvelle ligne stratégique pour son pays, alliant édification économique et développement de l’arme atomique. Tout laisse à croire que Pyongyang n’envisage pas, au moins dans un avenir proche, une attaque militaire contre la République de Corée, ni les Etats-Unis.
Photo: AFP
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En RPD de Corée, le contraste est visible: alors que dans la capitale, des centaines de milliers de soldats, d’étudiants et d’ouvriers lèvent leur poing en signe de loyauté absolue envers le maréchal Kim Jong-un; ailleurs dans le pays, tout se déroule comme si de rien n’était. Les habitants sont habitués aux déclarations de guerre. Un Nord-Coréen vivant près de la frontière nous fait savoir: “La tension monte chaque année au moment des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens. Mais après, tout revient à la normale. Espérons que ce sera aussi le cas, cette fois-ci.
Photo: Yonhap |
Le mois de juillet prochain marquera le 60ème anniversaire de la signature de l’accord d’armistice entre les deux Corées, accord qui a mis fin à un conflit sanglant ayant coûté la vie à 3 millions de personnes, en 3 ans. 60 ans après, d’un pays agricole pauvre, la République de Corée s’est hissée au premier rang des économies au monde, alors que son voisin du Nord n’est toujours pas sorti de la misère, avec un revenu moyen par habitant équivalant à celui de la région subsaharienne. Plus que jamais, la RPD de Corée a besoin de s’ouvrir, de se réformer plutôt que de convoiter la toute puissance via le nucléaire. Tant que les parties préfèreront la démonstration de la force à la table des négociations, la paix en péninsule coréenne sera un lointain mirage.