(VOVWORLD) - En 1979, l’Assemblée générale des Nations Unies proclamait le 21 mars «Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale», en mémoire des 69 manifestants noirs massacrés lors d’une manifestation pacifique contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, le 21 mars 1960.
Des décennies ont passé mais la lutte contre le racisme s’avère toujours difficile dans le monde, eu égard à l’accroissement des conflits, aux instabilités économiques, au dérèglement climatique, mais aussi à l’explosion technologique.
Justice pour l’Afrique
Photo: ITUC CSI IGB |
Il y a donc 45 ans, la communauté internationale faisait de la lutte contre la discrimination raciale l’une de ses grandes priorités. Dans la foulée, la quasi-totalité des pays ont aboli les lois à caractère raciste et une série de conventions internationales ont été adoptées. Lancée par l’Assemblée générale de l’ONU, «La décennie internationale des personnes d’ascendance africaine» qui s’achèvera le 31 décembre 2024, aura significativement contribué à promouvoir les droits de cette communauté. La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale de cette année a d’ailleurs eu pour thème «Une décennie de reconnaissance, de justice et de développement: mise en œuvre de la décennie internationale des personnes d'ascendance africaine».
Selon les chiffres de l’ONU, 200 millions de personnes d’ascendance africaine vivent actuellement aux États-Unis et des centaines de millions d’autres habitent dans des pays extra-africains tels que le Royaume-Uni, la France, le Brésil et les pays caribéens. Elles constituent la principale cible du racisme mondial, héritant d’un passé douloureux d’esclavage et de colonialisme. Dans un rapport publié en août dernier, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU déplorait une tendance à la hausse de la discrimination raciale vis-à-vis des Noirs, comme l’a indiqué son porte-parole, Ravina Shamdasani.
«Notre rapport montre que la discrimination raciale systémique continue d’exercer un impact négatif sur tous les aspects de la vie des personnes d’ascendance africaine. Des membres de cette communauté continuent de mourir pendant ou après des contacts avec les forces de l’ordre. Malgré les efforts des familles pour demander des comptes, très peu de progrès ont été accomplis en matière de punition de ces actes de discrimination», a-t-elle noté.
Les Nations Unies attribuent l’origine du racisme à l’esclavagisme et au colonialisme. Selon cette organisation, entre le 16e et le 19e siècle, de 25 à 30 millions d’Africains ont fait l’objet de traite humaine et ont été déplacés de force en dehors de leur continent. Ils ont été maltraités, privés de tous les droits politiques, économiques et sociaux, et leurs descendants ont, à leur tour, subi une discrimination systémique pendant plusieurs générations. L’ONU y voit un crime contre l’Humanité, estimant que justice doit être rendue. Encouragés par cette prise de position, les 15 pays de la Communauté caribéenne ont engagé, depuis quelques années, des procédures judiciaires pour obliger 10 pays européens à dédommager les personnes d’ascendance africaine.
La lutte contre le racisme en temps d’explosion technologique
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Photo: Salvatore Di Nolfi/AP |
Avec le temps et la radicalisation observée dans de nombreux pays, de nouvelles formes de discrimination raciale sont apparues. De plus, la multiplicité des plateformes technologiques rend la propagation des idées racistes encore plus difficile à contrôler. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre une tendance très dangereuse dans certains pays où des politiciens d’extrême-droite et populistes utilisent des arguments xénophobes et racistes à des fins politiques.
«La xénophobie, les préjugés et les paroles haineuses sont en train de se multiplier. Des politiciens transforment les migrants en boucs émissaires, avec des conséquences graves, alors que des personnes influentes parmi les suprémacistes blancs exploitent la discrimination sociale sur les réseaux sociaux», a-t-il pointé du doigt.
Le secrétaire général de l’ONU a également déploré un recul de la prise de conscience en matière de lutte contre le racisme dans certains pays, qui ont renoué avec des politiques et des comportements à tendance raciste. Toujours selon Antonio Guterres, l’application généralisée de l’intelligence artificielle contribue à propager des informations fausses ou falsifiées liées aux sujets raciaux sur les réseaux sociaux. Aussi pour la première fois, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale de cette année, a-t-il appelé les entreprises technologies à lutter «de toute urgence contre le préjugés raciaux dans l’intelligence artificielle».