(VOVworld) – Réunis le 12 octobre au Caire, les donateurs internationaux ont promis d’apporter 5 milliards 400 millions de dollars pour financer la reconstruction de la bande de Gaza. Si les Palestiniens se félicitent de ce succès, l’opinion internationale se montre plutôt sceptique quant à l’efficacité de sa reconstruction. Les défis restent de taille.
Ban Ki-Moon s'est dit porteur d'«un message d'espoir» alors qu'il visitait le quartier dévasté de Chajaya, à Gaza.
Crédits photo : MOHAMMED ABED/AFP
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En 50 jours, entre juillet et août 2014, la bande de Gaza a été sérieusement ravagée par la campagne israélienne « Bordure protectrice ». Plus de 2000 personnes ont péri et plus de 100 000 autres ont perdu leurs maisons. Le chômage monte en flèche. La famine sévit. La production stagne. Les approvisionnements en vivres et en alimentation sont instables.
Parmi les donateurs, le Qatar est le plus généreux avec 1 milliard de dollars, suivi de l’Union européenne (568 millions) ; les Emirats arabes unis et le Koweit ont promis chacun 200 millions alors que les Etats-Unis ont décidé d’offrir 212 millions de dollars.
La reconstruction démarre
Deux jours après la conférence du Caire, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est rendu dans la bande de Gaza. Objectif : lancer le processus de reconstruction sous la supervision des Nations unies. Il a déclaré son soutien au peuple palestinien pour développer son économie et bâtir un avenir meilleur, en annonçant qu’une première cargaison de matériaux de construction avait été autorisée à pénétrer mardi dans la bande de Gaza. Le secrétaire général Ban Ki-moon devrait rencontrer par ailleurs les responsables du gouvernement palestinien et lancer le processus de reconstruction.
Entre réalité et espoir, l’écart est grand
Alors que les pays s’engagent à financer la reconstruction et aider à l’allègement des difficultés quotidiennes des Gazaouites, aucune solution politique durable n’a été trouvée pour le conflit sempiternel entre le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et Israël. Or, tous les donateurs reconnaissent que leurs efforts seront vains s’il n’y a pas une paix durable. Aussi en parallèle des promesses financières généreuses, la communauté internationale a-t-elle souligné l’impératif d’accélérer le processus de négociations israélo-palestiniennes. Au lendemain de la conférence du Caire, le secrétaire général de l’ONU a appelé Israéliens et Palestiniens à remettre sur les rails ces pourparlers, en avertissant qu’en l’absence d’accord, les violences pourraient reprendre de plus belle.
Mais les violences ne sont pas la seule menace qui pèse sur les Gazaouites. Ils craignent ne pas recevoir la totalité des aides promises. Le Conseil économique palestinien pour la recherche et le développement fait savoir que depuis 20 ans, le déblocage des aides pour la construction des territoires palestiniens prend toujours beaucoup de temps. En fait, la conférence du Caire n’était pas la première conférence internationale consacrée à la reconstruction de la bande de Gaza. Il faut dire aussi que certains donateurs se sont lassés de ce même scénario construction-destruction qui s’est déjà reproduit à maintes reprises. Ils refusent de voir les infrastructures anciennement financées détruites par un nouveau conflit. C’est pourquoi, lors de la session extraordinaire de l’assemblée générale de l’ONU, le 6 août dernier, le secrétaire général Ban Ki-moon a tenu à affirmer que les Nations unies étaient prêtes à aider à la reconstruction de la bande de Gaza, mais que ce serait la dernière fois. Le monde est en train de perdre patience, a averti Ban Ki-moon en appelant les protagonistes à œuvrer pour une paix durable.
Autre obstacle à la reconstruction de la bande de Gaza : le blocage israélien, en vigueur depuis la prise de pouvoir du Hamas, en 2007. Rappelons que depuis cette date, Israël limite strictement la circulation des personnes et des marchandises à Gaza. L’importation du ciment et des matériaux de construction est particulièrement surveillée, compte tenu de ce qu’Israel craint que les militants du Hamas n’utilisent ces matériaux pour construire leurs rampes de missiles et consolider leur tunnel transfrontalier. A en croire le Conseil économique palestinien pour la recherche et le développement, si Israël décidait de lever son blocage, la reconstruction de la bande prendrait pas moins de cinq ans. Dans le cas contraire, Oxfam, confédération internationale de 15 organisations travaillant dans 98 pays à la recherche d’une solution durable à la pauvreté et à l’injustice, estime qu’il faudrait pas moins de 50 ans pour recontruire 89 000 logements, 200 écoles, des établissements sanitaires, des usines et les infrastructures nécessaires à la vie des Gazaouites.
Si l’aide financière internationale aidera à réduire partiellement les difficultés des populations locales, elle ne pourra leur garantir une vie paisible et stable tant qu’Israéliens et Palestiniens n’auront pas scellé un cessez-le-feu définitif et qu’Israel n’aura pas levé son blocage. De nouvelles négociations sont prévues à la fin de ce mois-ci, au Caire. Mais force est de constater que rien n’est gagné, tant les divergences restent nombreuses./.