(VOVworld)- Le Premier Ministre vient de ratifier le plan de restructuration des entreprises étatiques, pour la période 2011-2015, qui porte essentiellement sur les groupes économiques et les compagnies générales, dans le but d’en faire un régulateur et un stabilisateur de l’économie nationale.
Ces entreprises publiques seront classées en trois catégories : la première comprend celles dont l’Etat détient 100% du capital statutaire et qui occupent le monopole dans certains secteurs socio-économiques, défensifs et sécuritaires particulièrement importants ; la deuxième regroupe les entreprises déjà actionnarisées mais dont l’Etat possède plus de la moitié du capital statutaire ; et la troisième réunit les entreprises défaillantes incapables de mettre fin à leurs faillites chroniques. Ces dernières seront mises en vente ou devront faire l’objet d’une restructuration de la dette pour devenir des entreprises par actions ou des entreprises à responsabilité limitée. Au pire des cas, elles pourront tout simplement déclarer faillite ou être dissoutes. Cette restructuration des entreprises concernera en premier lieu les domaines du bâtiment, du commerce, des télécommunications, de l’édition, de l’approvisionnement et de l’évacuation des eaux ou encore de l’environnement urbain. Le gouvernement veut réorganiser complètement les entreprises publiques dans ces domaines, depuis le modèle d’organisation jusqu’à l’écoulement des produits, en passant par la gestion, les ressources humaines, le champ d’activités, la stratégie de développement ou encore l’investissement.
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Le professeur Hoàng Trần Hậu, directeur adjoint de l’Académie des Finances |
Selon le professeur Hoàng Trần Hậu, directeur adjoint de l’Académie des Finances, la restructuration des entreprises étatiques, autrement dit leur actionnarisation, doit commencer par les grands groupes économiques comme PétroVietnam, le Groupe du Charbon et des Minerais du Vietnam, ou le Groupe des Télécommunications de l’Armée Viettel. Il estime qu’il faut faire en sorte que les investisseurs privés puissent acquérir des parts de ces groupes, au lieu des investisseurs stratégiques dont il convient en revanche de limiter le nombre. « Pour réussir ce processus d’actionnarisation, l’Etat doit tout d’abord publier la liste des filières dans lesquelles il garde déjà un monopole complet, une autre liste présentant les filières dans lesquelles il veut garder un rôle prépondérant et une troisième liste qui contient les filières dont il n’a pas besoin d’un contrôle absolu. Les entreprises de cette troisième catégorie devront faire l’objet d’une actionnarisation profonde et énergique. Et cela vaut aussi pour certains grands groupes économiques du pays. Ce sera une bonne chose que les investisseurs privés puissent apporter leur capitaux et participer à l’administration des entreprises, avec l’Etat. A mon avis, nous n’avons pas intérêt à éluder toujours la question de savoir si l’actionnarisation est, au fond, une privatisation des entreprises. Si l’actionnarisation d’une entreprise publique aboutit à l’acquisition de ses capitaux par d’autres entreprises publiques, alors c’est un cercle vicieux », explique-t-il.
Selon Bùi Ngọc Sơn, de l’Institut économique et politique mondial, l’Etat doit s’impliquer uniquement dans les filières absolument indispensables et dans lesquelles le secteur privé est incapable d’assumer pleinement le travail nécessaire. Concrètement, il estime que l’Etat doit s’occuper uniquement des infrastructures ferroviaires, aériennes, électriques, pétrolières, en laissant les services d’approvisionnement à la concurrence privée. « A mon avis, l’Etat doit laisser une partie des établissements de services lucratifs qu’il détient actuellement au secteur privé. Mais pour que ce processus de transfert réussisse en provoquant le moins de troubles sociaux possible, il faut faire attention à la privatisation des services d’intérêt public. Cette privatisation-là doit s’effectuer de manière progressive, et doit être accompagnée des programmes d’assistance aux entreprises concernées », indique Bui Ngoc Son.
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Bui Ngoc Son estime que l’Etat doit s’occuper uniquement des infrastructures ferroviaires, aériennes, électriques, pétrolières, en laissant les services d’approvisionnement à la concurrence privée |
L’Etat doit adopter un mécanisme approprié pour soutenir les entreprises publiques après leur restructuration. Il doit aussi accorder un pouvoir de supervision plus important aux ministères concernés. C’est en tout cas l’avis de Trần Tiến Cường, de l’Institut central de recherche sur la gestion économique : « Auparavant, nous nous intéressions aux entreprises en tant qu’objet de gestion. Aujourd’hui, il est temps de nous intéresser davantage au rôle des gestionnaires d’Etat, avec l’Etat en tant que propriétaire. La gestion des entreprises ne doit pas être administrative, afin de garantir une gestion unifiée, professionnelle, spécialisée et une supervision efficace. »
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Trần Tiến Cường, de l’Institut central de recherche sur la gestion économique |
Il y a cette réalité au Vietnam que les entreprises publiques s’étendent en largeur en investissant massivement dans des filières qui ne sont pas leur principal champ d’activités. Le plan de restructuration que le Premier Ministre vient de ratifier exige qu’elles mettent fin à cette pratique avant 2015.