(VOVWORLD) - Malgré les dissensions internes sur l’hypothèse d’un Brexit sans accord, le Royaume-Uni négocie tous azimuts pour se tisser un réseau commercial aussi étendu que possible. A six semaines de la date fixée pour sa sortie de l’Union européenne, 13 accords ont déjà été signés, et ce n’est certainement pas fini puisque des pourparlers sont en cours avec une trentaine de pays. De quoi conforter le Premier ministre Boris Johnson quant à la faisabilité d’un divorce avec Bruxelles le 31 octobre.
Photo: AVI
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Une préparation discrète…
Lorsque le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne, les deux parties continueront de commercer et resteront partenaires. Ce qui changera, ce sont certaines clauses commerciales, qui devront être révisées. A cela s’ajoutent bien sûr les accords commerciaux signés en tant que membre de l’Union européenne, dont les Britanniques ne seront plus tenus de respecter les termes.
Actuellement, l’enjeu porte sur une quarantaine d’accords de libre-échange passés avec 70 pays. Afin d’assurer la continuité de son commerce extérieur post-Brexit, le Royaume-Uni a commencé, il y a deux ans déjà, à envoyer des négociateurs un peu partout. C’est grâce à ces derniers que Londres a pu, jusqu’à présent, signer 13 conventions sur la poursuite d’échanges commerciaux avec 38 pays, lesquels ne remplaceront certainement pas l’Union européenne, mais importeront quand même beaucoup du Royaume-Uni. Parmi eux, l’Irlande, la Suisse, la République de Corée, certains pays d’Afrique et d’Amérique latine. Seize autres accords similaires seront signés suite à la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne et parmi les signataires, il y aura l’ASEAN.
… mais efficace
La dernière convention commerciale en date que Londres vient de parapher, concerne le Mozambique et les cinq pays membres de l’Union douanière d’Afrique australe, à savoir l'Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, la Namibie et Eswatini. Cet accord permettra aux entreprises de part et d’autre de continuer à commercer après le Brexit sans voir s’ériger aucune barrière susceptible d’entraver leurs échanges. Le fait n’a rien d’anodin si l’on songe que l’an dernier, la valeur des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et ces six pays a atteint 9,7 milliards de livres sterling.
Récemment, Londres a enregistré des avancées notables dans ses négociations avec Washington, son allié numéro 1 et son marché le plus rentable. En effet, chaque année, le Royaume-Uni exporte aux États-Unis pour 112 milliards de livres et importe pour 70 milliards de livres. Pendant ce temps, son déficit commercial vis-à-vis de l’Union européenne est compris entre 60 et 100 milliards de livres par an. A en croire le président américain Donald Trump, le statut de membre de l’Union européenne du Royaume-Uni compromet les relations commerciales américano-britanniques. Autrement dit, une fois libéré des chaînes européennes, le Royaume-Uni pourra négocier tous les accords qu’il voudra. Le Premier ministre britannique Boris Johnson partage cette conviction. Il espère signer un accord ambitieux avec les États-Unis qui permettra de majorer de 50% au moins la valeur du commerce bilatéral en 4 ans.
Après les États-Unis, la Chine est l’autre grand marché incontournable. Londres et Pékin se sont entendus sur les principes d’un accord qui sera signé suite au Brexit. Compte tenu du fait que l’excédent commercial que la Chine réalise chaque année au Royaume-Uni représente plus de 50% du volume total du commerce extérieur britannique, il est fort à parier que Pékin ne sera pas trop exigeant quant aux termes précis du futur accord.
La Russie a aussi fait part de son souhait de signer un nouvel accord commercial avec le Royaume-Uni. Que le Brexit se fasse avec ou sans accord, Moscou et Londres continueront de commercer conformément aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, a déclaré le représentant commercial russe au Royaume-Uni, Boris Abramov.
Le sens de l’anticipation dont ont fait preuve les gouvernements britanniques qui se sont succédé depuis deux ans devrait permettre de limiter les chocs que pourrait provoquer le Brexit sur l’économie du pays et de le protéger des aléas politiques qui sont en quelque sorte des dommages collatéraux de ce processus.