(VOVworld) - La chute libre du rouble et le risque de récession auquel elle doit faire face sont, pour la Russie, dûs aux sanctions qui lui ont été imposées par l’Occident dans le cadre du conflit ukrainien. Reste à savoir maintenant si cette probable récession économique russe est susceptible d’affecter l’économie mondiale, comme certains le craignent.
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Avant 2014, la Russie avait tout d’une économie forte. Mais depuis le mois de juin, date à laquelle le prix du baril de brut a été divisé par deux suite aux sanctions occidentales et au refus de l’OPEP de réduire sa production, l’économie russe est en perte de vitesse. Eu égard à l’interdiction d’importer des produits alimentaires, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 8% ces derniers mois. Quant à la chute du rouble, elle entraine une augmentation des dettes en dollar américain pour les banques et les entreprises. L’inflation, enfin, a atteint 10% en 2014 et pourrait encore augmenter en 2015.
Des dégâts colatéraux
La Russie n’est pas le seul pays à connaître un ralentissement économique, ou plus exactement, la crise qu’elle traverse entraine des dégâts colatéraux, et d’abord en Asie Centrale et en Europe de l’Est. Plusieurs pays de ces régions ont dû ainsi défendre la valeur de leur monnaie suite au retrait des capitaux russes. Mais dans la mesure où de nombreux emprunts ont été contractés par des entreprises russes, le réseau bancaire de l’Union Européenne ne semble pas épargné. Dans l’immédiat, ce sont la Biélorussie et le Kazakhstan qui sont les plus affectés, étant donnés les relations économiques et politiques qu’ils entretiennent avec la Russie, avec laquelle ils ont d’ailleurs signé un accord sur la création d’une union économique Asie-Europe. Comme l’a fait remarquer la banque européenne pour la reconstruction et le développement, 40% des exportations biélorusses sont destinées à la Russie. Autant dire que le sort des deux pays est lié, au moins économiquement.
Mais cette récession économique russe exerce également des impacts en Asie Centrale, où les recettes en devises étrangères dépendent surtout de l’argent envoyé de Russie par ceux qui y travaillent, ce qui est notamment le cas en Arménie, en Ouzbékistan, en Géorgie et en Moldavie.
Mais en tant que bailleur de fonds de la Russie, l’Union Européenne subit elle-aussi le contrecoup des sanctions qu’elle a imposées à Moscou. Un mois seulement après l’entrée en vigueur de ces sanctions, les exportations de l’Union en Russie avaient baissé de 19%, soit une perte de 2 milliards de dollars.
Des impacts sur l’ordre mondial
L’un des grands faits marquants de l’après seconde guerre mondiale est la création du conseil de sécurité de l’ONU et du Fonds Monétaire International dont le rôle est de garantir la stabilité politique, financière et monétaire mondiale. Dans les années 1990, la Russie a adhéré au Fonds Monétaire International. Elle est par ailleurs l’un des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi membre du G8 et du G20, à ceci près que le G8 l’a suspendue et que le G20 l’a réduite au statut d’observateur lors de son récent sommet en Australie… L’ordre mondial est en train de changer et la Russie, isolée en raison de la crise ukrainienne, perd de son influence.
Mais cette crise est loin d’être réglée et à cette heure, rien ne permet d’affirmer qu’elle le sera si la Russie est à genoux. Il est à craindre, en revanche, que le redressement économique auquel le monde entier aspire s’en trouve compromis./.