(VOVWORLD) - C’est ce
vendredi 27 avril que doit se tenir à Panmunjeom, dans
la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, une rencontre
entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim
Jong-un. Ce face-à-face très attendu peut-il
ouvrir la voie à une paix permanente et à la dénucléarisation en péninsule
coréenne ? Tous les espoirs sont permis.
Photo d'illustration
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Ce sera le troisième sommet
intercoréen après ceux de 2000 et 2007. Les deux sommets précédents
s’étaient tenus à Pyongyang, la capitale nord-coréenne. Celui-ci aura donc
lieu à la Maison de la Paix, dans la partie sud de Panmunjeom. A noter qu’un
dîner officiel a même été programmé.
Quelles
différences avec les sommets précédents ?
En 2000, les dirigeants sud-coréen Kim
Dae-jung et nord-coréen Kim Jong-il s’étaient donc rencontrés à Pyongyang, pour
ce qui restera dans l’Histoire comme étant le tout premier sommet intercoréen
depuis la partition. A l’époque, l’économie nord-coréenne étant en crise, Kim
Jong-il cherchait à obtenir des aides extérieures. Les deux parties avaient
alors signé une déclaration commune, s'engageant à progresser sur le chemin
d'une paix durable et d'une réunification possible. Cette esquisse de
rapprochement aura notamment abouti à la création d’un site touristique au mont
Kumgang et de la zone industrielle commune de Kaesong. Mais le dialogue allait
être suspendu un an plus tard, en 2001, eu égard aux mesures de sécurité prises
par Séoul à la suite des attentats du 11 septembre aux États-Unis.
Il aura fallu attendre octobre 2007,
c’est-à-dire 7 ans plus tard, pour qu’un autre président sud-coréen, Roh
Moo-hyun, soit reçu par Kim Jong-il pour un second sommet intercoréen, toujours
à Pyongyang. Un accord sur le développement de la zone industrielle de Kaesong a
alors été conclu par les deux dirigeants, qui avaient l’un et l’autre insisté
sur la nécessité de parvenir à un traité de paix définitif. Il faut savoir en
effet que les deux Corées sont aujourd’hui techniquement en guerre, le conflit
fratricide de 1950-1953 ayant été stoppé par un armistice, et non par un accord
de paix. Si tentatives de rapprochement il y a bel et bien eu, celles-ci se
seront principalement soldées par la mise en place d’une zone de pêche commune
dans les eaux disputées et par l’organisation de ces fameux sommets
intercoréens.
Pour ce troisième sommet, la situation
est presque la même. La République populaire démocratique de Corée rencontre
des difficultés chroniques, dues principalement aux sanctions que lui a
infligées la communauté internationale. Par contre, Séoul pourrait cette fois
proposer de jouer les intermédiaires entre Pyongyang et Washington.
Entre doute et espoir
Il est prévu
qu’une déclaration officielle sera
publiée à l’issue du sommet de vendredi et qu’elle se substituera à l’armistice
de 1953. Difficile, cependant, d’imaginer que les deux dirigeants, aussi grande
soit leur bonne volonté, parviennent à s’entendre sur le calendrier de la
dénucléarisation. La déclaration du 27 avril pourrait donc prendre la forme
d’un accord incarnant la volonté ferme des deux dirigeants d’établir la paix et
d'améliorer les liens intercoréens.
Les observateurs
accueillent avec prudence cette rencontre. À
quoi Kim Jong-un le stratège joue-t-il? S'agit- il d'un virage stratégique
ou d'une simple manœuvre tactique ? Il a certes annoncé que son pays
mettrait fin à ses essais nucléaires et à ses tirs de missiles balistiques
intercontinentaux, mais il faut se rappeler que Pyongyang avait fait de même avant la tenue
des précédents sommets.
De plus, la
République populaire démocratique de Corée pourrait mettre de nombreuses
conditions au gel de son programme nucléaire, et se voir opposer un refus de
Washington. En effet, Pyongyang suggère une dénucléarisation par étapes. Les Etats-Unis,
quant à eux, exigent un démantèlement de son programme nucléaire complet,
vérifiable et irréversible.
Cela étant, même si
le scepticisme demeure, la communauté internationale veut croire que les deux
dirigeants sauront donner une chance à la paix en péninsule coréenne.