(VOVworld)-Une petite lueur d’espoir dans la crise en Syrie, qui dure depuis 19 mois, déjà. Le gouvernement du président Bachar al-Assad a accepté un cessez-le-feu durant l’Aid al-Adha - la « fête du sacrifice » - qui se déroule de ce vendredi à dimanche. Pour la communauté internationale, cette trêve est évidemment bienvenue, d’abord parce qu’elle va rendre possible l’acheminement de l’aide humanitaire, et ensuite parce qu’elle va renvoyer les partie belligérantes dos à dos et leur permettre ainsi d’envisager de mettre un terme à la violence et d’instaurer enfin un vrai dialogue, comme le stipulent d’ailleurs les résolutions 2042 et 2043 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Un espoir, donc, mais un espoir ténu...
Le médiateur international Lakhdar Brahimi (g) et le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, le 20 octobre 2012 à Damas (Photo : afp.com)
|
A la veille de l’Aid al-Adha, qui est donc l’une des plus grandes fêtes musulmanes, l’émissaire de la Ligue Arabe et de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a annoncé mercredi un cessez-le-feu de quatre jours, à compter de ce vendredi, accepté par les deux parties belligérantes. Il faut d’abord souligner que ce cessez-le-feu résulte des efforts inlassables de l’émissaire de la Ligue Arabe et de l’ONU pour la Syrie. En tant qu’ambassadeur de la paix, Lakhdar Brahimi ne ménage pas sa peine. Il ne cesse de parcourir toute la région pour rencontrer chacun des protagonistes de ce conflit et tenter d’imposer ainsi une issue politique.
Aussitôt après l’annonce de ce cessez-le-feu provisoire, le Conseil de Sécurité de l’ONU a publié une déclaration pour saluer cette trêve et appeler les parties concernées à l’observer strictement. Il semblerait même que les Nations Unies aient envisagé le déploiement de forces de maintien de la paix en Syrie pour l’application de ce cessez-le-feu. L’information doit néanmoins être prise avec prudence, un tel déploiement ne pouvant de toute façon se faire qu’avec l’aval des 15 membres du Conseil de Sécurité.
L'émissaire international Lakhdar Brahimi tente d'obtenir un cessez-le-feu des deux camps, alors que les combats de mardi ont coûté la vie à 164 personnes à Alep. (Photo : AFP)
|
Les voyants sont au vert, donc, en tout cas en apparence. En fait, il est permis de se demander si cette trêve sera vraiment respectée. L’instauration d’un véritable cessez-le-feu supposerait en effet que les parties belligérantes acceptent toutes de s’en remettre aux médiateurs internationaux. Or, c’est justement sur ce point que le bât blesse. Pas plus tard que mercredi, les islamistes du Front Al-Nusra ont refusé l’accord de cessez-le-feu, en déclarant qu’il ne saurait y avoir de trêve avec un régime criminel ayant fait couler le sang des musulmans. Mercredi toujours, ce même Front Al-Nusra s’est coordonné avec l’armée syrienne libre pour attaquer la base militaire de Wadi Deif dans la province d’Idlib, au nord-ouest du pays. Et dans le reste du pays, l’heure était toujours à la violence et aux affrontements, que ce soit autour de Damas, à Alep, la principale ville du nord-ouest du pays, à Maaret al Numan, au nord, actuellement sous le contrôle de l’opposition, ou encore dans les provinces d’Idlib, au nord-ouest et de Darra, au sud.
Face à cette situation, l’opinion internationale se montre évidemment sceptique quant à la pérennité de cette trêve. Déjà au mois d’avril, l’émissaire de la Ligue Arabe et de l’ONU pour la Syrie d’alors, Kofi Annan, avait tenté d’obtenir un cessez-le-feu qui n’avait pas duré 24 heures. Cette fois encore, plusieurs éléments pourraient mettre à mal cette trêve. Selon le chef d’état-major général de l’armée russe, les forces de l’opposition syriennes disposent en effet de missiles sol-air et de de missiles Stinger américains. Plus problématique encore, le gouvernement turc a autorisé l’armée américaine à déployer quelque 70 bombes B61 dans le pays, en cas de conflit régional. Par ailleurs, de plus en plus de soldats étrangers pénètrent en Syrie pour prêter main forte à l’opposition, obligeant le gouvernement de Damas à prendre des mesures de répression fortes. L’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a d’ailleurs fait remarquer que l’envoi d’armes venant de l’étranger ne faisait qu’aggraver le conflit qui a tué d’ores et déjà 34 000 personnes.
La pression étrangère sur l’administration du président Bachar al-Assad n’a toujours pas baissé. Ces dernières semaines, sur la frontière turco-syrienne, qui est longue de 900 km, Ankara a renforcé le deploiement des forces militaires pour faire pression sur Damas. L’OTAN élabore actuellement un projet de protection de la Turquie qui est l’un de ses membres. Autant dire que la moindre étincelle est désormais susceptible de mettre le feu aux poudres. Et puis force est de reconnaître que depuis longtemps, les Occidentaux rêvent d’en découdre avec le président Bachar al-Assad.
Vue la situation actuelle, ce cessez-le-feu, déjà provisoire, semble bien précaire. De l’avis des observateurs, l’accord obtenu de la part de l’opposition n’est peut-être qu’un geste destiné à rassurer l’émissaire de la Ligue Arabe et de l’ONU. Quant à une vraie trêve, c’est une autre histoire !