La crise nucléaire iranienne va crescendo. Il est fort probable qu’aucune solution efficace ne puisse être trouvée dans un avenir proche. Le gouvernement iranien et les Occidentaux, en premier lieu les Etats-Unis, sont en confrontation permanente sur divers plans : diplomatique, économique, politique, voire militaire.
Lundi, le ministre iranien de la Défense a affirmé que son pays avait toutes les capacités nécessaires pour construire des drones, ces fameux avions sans pilote destinés à faire face à toute guerre éventuelle. Toujours selon la même source, Téhéran est tout à fait à même de développer et de maintenir les résultats accomplis, y compris dans les situations les plus difficiles, voire en cas d’embargos complets. Dimanche, le commandant de la marine iranienne avait déclaré que son armée était en train de construire un deuxième contre-torpilleur moderne. Tous ces actes dissuasifs sont intervenus alors que l’armée iranienne venait de commencer ses manoeuvres militaires pour une durée de 10 jours, à partir de samedi dernier, dans le détroit d’Ormouz, manoeuvres qui font craindre une possible fermeture, par l’Iran, de la voie de transport pétrolier la plus stratégique du monde, en cas de conflits militaires avec l’Occident. Ces derniers temps, Israël et son allié américain ont multiplié les polémiques avec la République islamique. L’un et l’autre l’ont accusée de poursuivre son objectif de posséder l’arme nucléaire, sans pour autant pouvoir en avancer les preuves concrètes. En tous cas, Israéliens et Américains ont déclaré ne pas écarter la possibilité d’une attaque militaire si les négociations diplomatiques sur le programme nucléaire iranien venaient à échouer. Téhéran a répliqué en faisant valoir que Washington et Tel Aviv possèdent chacun de leur côté des armes de destruction massive, dont des ogives nucléaires. Et face aux pressions internationales croissantes, la République islamique a averti qu’elle s’en prendrait à Israël et aux intérêts mondiaux si Tel Aviv l’attaquait. Elle a aussi menacé de viser les 32 bases militaires américaines au Moyen-Orient et de fermer le détroit d’Ormouz, en cas d’offensives lancées par Israël ou par les Etats-Unis.
Avec tout ce qui se passe actuellement, il paraît impossible d’arriver à la conclusion que tout ceci n’est qu’affirmations gratuites. Une éventuelle fermeture du détroit d’Ormouz représente un énorme risque d’instabilité pour le monde entier. Vue sa position géostratégique, ce détroit est l’une des voies maritimes les plus importantes au monde, elle représente un tiers des transactions d’hydrocarbures à l’échelle mondiale. 40% de la quantité du pétrole brut du monde passe par cette région. Sa fermeture serait donc initiateur non seulement d’un véritable chaos sur le marché du pétrole, mais aussi d’autres conséquences extrêmement graves.
La tension entre l’Iran et l’Occident s’est exacerbée lorsqu’au milieu de ce mois, Téhéran a affirmé avoir abattu un drone de reconnaissance américain, un RQ-170, dans l’est du pays, infligeant une lourde perte à l’armée américaine. Les officiels du Pentagone craignent que des avions similaires ne voient le jour, ailleurs que sur le territoire américain. Le conflit s’est aggravé quand Téhéran a déclaré avoir porté plainte auprès du Secrétaire général des Nations Unies, à l’Organisation de coopération islamique et au Mouvement des non-alignés concernant la violation, par l’aviation américaine, de son espace aérien. Dimanche dernier, l’Iran a aussi réfuté les accusations américaines selon lesquelles le pays abriterait un membre du réseau d’Al Qaïda, un certain Yasin al-Suri, personnage dont les Etats-Unis ont promis 10 millions de dollars à quiconque fournirait les informations susceptibles de conduire à son arrestation. Au même moment, les pays occidentaux intensifient leurs pressions diverses sur la République islamique. Après avoir ajouté les 10 transporteurs maltais ayant des liens avec la compagnie de transport maritime iranien à la liste des compagnies soumises à leur embargo, les Etats-Unis se sont mis à discuter avec l’Union Européenne et les autres alliés sur les nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran. Un embargo pétrolier de la part de l’Union Européenne était aussi envisagé.
Les observateurs estiment qu’il n’est pas du tout simple de trouver une issue à cette crise. La question nucléaire n’est qu’un prétexte. La raison fondamentale réside dans la position géostratégique de l’Iran. Les Occidentaux convoitent la position occupée par ce pays islamique au Moyen-Orient, en particulier pour cette fameuse voie de transport via le détroit d’Ormouz. C’est justement cela qui est à l’origine de l’escalade de la tension entre les deux parties. On ignore pour le moment jusqu’où elle pourra monter./.