(VOVworld) - Le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections législatives le 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité absolue au Parlement. Les électeurs turcs ont voté pour la stabilité. Mais les défis à relever sont importants.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan
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Gratifiée de 49,4 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour gouverner seule. Le Parti républicain du peuple n’a obtenu que 23%. Le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) a réussi, d'extrême justesse, à conserver des sièges en récoltant 10,4%.
Pourquoi l’AKP a-t-il gagné ?
Ces résultats contredisent les prédictions des analystes, commentateurs et instituts de sondages qui avaient tous estimé que l'AKP n'obtiendrait pas de meilleur score qu'au mois de juin dernier. Rappelons que ce parti a perdu la majorité parlementaire en juin dernier. La surprise a donc été de taille. La stratégie de l'AKP, visant notamment à jouer sur la fibre nationaliste en déclarant « la guerre au terrorisme », a manifestement fonctionné. La recherche de la stabilité, dans un contexte de tensions internes et de crise régionale, semble être la principale raison de la victoire de l'AKP qui, grâce à son score, n'aura pas besoin de former un gouvernement de coalition. Selon les observateurs, les Turcs estiment que l'AKP est plus à même de régler la crise que les autres partis. D'autant plus que, dans l'histoire de la Turquie, il n'y a pas d'exemple de coalition réussie. Autre argument qui expliquerait la victoire de l'AKP : Le sursaut de l'économie turque en 2015, meilleur que prévu.
Les défis sont de taille
Malgré une très nette victoire, de nombreux défis attendent désormais le président Erdogan. N'ayant pas obtenu la majorité des deux tiers, il ne pourra pas modifier la Constitution à sa guise, à moins de passer par la voie référendaire. En plus de faire face aux nombreuses critiques contre sa politique de plus en plus autoritaire, M. Erdogan devra essayer de mettre fin à l'extrême polarisation de la société. Par ailleurs, le conflit opposant les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au pouvoir turc (près de 40.000 morts depuis 1984) a repris dans le Sud-Est, enterrant le fragile processus de paix engagé il y a trois ans. A cela s'ajoute l'intégration des 2 millions de réfugiés syriens et la récente décision du gouvernement turc de participer à l’alliance internationale contre l’Etat islamique dirigée par les Etats-Unis. Décision qui pourra faire de la Turquie une prochaine cible des terroristes. Bref, le prochain exécutif turc aura fort à faire.