Ukraine: la paix n’est pas encore à l’ordre du jour

(VOVworld) - Voilà plus d’un mois que le cessez-le-feu est entré en vigueur en Ukraine. Qu’en est-il aujourd’hui? Force est de reconnaître que la tension a baissé d’un cran. Séparatistes et forces gouvernementales s’observent du coin de l’œil, mais on sent bien qu’il suffirait de très peu de choses pour remettre le feu aux poudres, et ce ne sont certainement pas les escarmouches qui se multiplient ça et là qui vont arranger la situation, ni les dernières démarches entreprises par les autorités de Kiev, d’ailleurs.

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Photo: Reuters

Le cessez-le-feu a été décrété le 5 septembre, à Minsk. Il a même été renforcé par un accord signé le 19 septembre, portant sur la création d’une zone démilitarisée. Pour autant, les escarmouches ne cessent de se multiplier, chacune des deux parties en présence en rejetant la responsabilité sur l’autre. Il suffit d’ailleurs de songer au nombre de morts et de blessés qui ont été recensés par l’OTAN au cours de ce mois pour constater que la paix n’est pas encore à l’ordre du jour: sur les 3.660 personnes qui ont été tuées depuis le début du conflit, 330 l’ont été après la conclusion du cessez-le-feu.

La communauté internationale au chevet de l’accord de paix

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a récemment eu un entretien avec son homologue russe Serguei Lavrov sur la situation dans l’est de l’Ukraine. En ce qui concerne la Russie, elle se défend de toute atteinte au cessez-le-feu et se pose en ambassadrice de la paix. Moscou entend bien d’ailleurs œuvrer avec l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, l’OSCE, pour veiller au respect des accords conclus et pour mettre en place des unités de contrôle à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Quant à l’Allemagne, elle examine actuellement la possibilité d’envoyer des troupes à l’est de l’Ukraine pour superviser l’application du cessez-le-feu. Parallèlement, les aides humanitaires se multiplient sur le terrain.    

Des enjeux politiques  

Malgré le ballet diplomatique auquel il leur est donné d’assister, de nombreux analystes s’accordent à estimer que ce cessez-le-feu reste des plus précaires et qu’il ne sert en fait que les intérêts politiques des autorités de Kiev et des Occidentaux.  

À l’approche des élections législatives en Ukraine, le président Petro Porochenko a en effet tout intérêt à se présenter comme l’homme de la paix. Quant aux pays de l’Union Européenne, ils voient dans ce cessez-le-feu un moyen de ménager la susceptibilité de Moscou, qui, ne l’oublions pas, reste leur premier fournisseur de gaz naturel, ce qui n’est pas négligeable à l’approche de l’hiver.

Mais en ce qui concerne les partis politiques ukrainiens, ils se montrent pour le moins sceptiques quant à l’efficacité de ce cessez-le-feu. «Je n’y crois pas», a ainsi déclaré Ioulia Timochenko, l’ancienne Première Ministre.

Risque d’escalade

Dans un tel contexte, organiser des élections législatives sereines et transparentes relève de la gageure, notamment dans l’est du pays. Kiev a beau claironner que le scrutin aura bel et bien lieu à Donestk et à Lugansk, les forces de l’opposition ont d’ores-et-déjà annoncé qu’elles allaient le boycotter et organiser leurs propres élections, le 2 novembre. Petro Porochenko a bien sûr réagi en appelant la Russie et le monde entier à tenir ces élections du 2 novembre et leurs résultats pour nuls et non avenus.

Pour ne rien s’arranger, lors d’une session extraordinaire organisée mardi, avec 236 voix pour, l’Assemblée Nationale ukrainienne a adopté un projet de résolution portant sur un nouveau tracé de frontière de certains districts de la province de Lugansk. L’opposition s’est aussitôt empressée de dénoncer un «ajustement territorial» en précisant que les districts concernés étaient de toutes façons sous son contrôle et en menaçant de libérer tout le territoire de Lugansk, les armes à la main, le cas échéant.

Pour l’instant, il s’agit donc de renouer le dialogue pour éviter que le pire ne se produise de nouveau, à moins qu’il ne soit déjà trop tard et que la reprise des affrontements ne soit inévitable, avec tout ce que cela suppose de ruine, de mort et de désolation.   

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