(VOVWORLD) - Le 19 novembre 2024 marque le millième jour du conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022. Si la fin du conflit reste incertaine, certains signes laissent entrevoir un espoir de solution diplomatique.
Des habitants se réfugient alors que les sirènes d'alerte aérienne retentissent à Kiev, en Ukraine, lors des bombardements du 26 février 2022. Photo: Reuters |
Le 24 février 2022, l’armée russe lance l’ouverture d’une "opération militaire spéciale" sur le territoire ukrainien. Ce conflit, le plus violent en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a des répercussions majeures sur la sécurité, la géopolitique et l’économie, bien au-delà des frontières européennes.
Des espoirs naissants et incertains…
Trois ans après le début des hostilités, les perspectives de résolution militaire restent floues. En dépit des lourdes pertes humaines et des coûts immenses des deux côtés, la Russie et l’Ukraine semblent figées dans une impasse. Politiquement, les deux pays restent campés sur des positions intransigeantes, rejetant toute concession.
Donald Trump prend la parole lors d'un gala de l'America First Policy Institute dans sa propriété de Mar-a-Lago, le jeudi 14 novembre 2024, à Palm Beach, en Floride. Photo: Reuters |
Pourtant, des signes de déblocage apparaissent, notamment après l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, marquée par la victoire de Donald Trump. Le président élu, dont les positions sur le conflit ukrainien sont très éloignées de celles de l’administration Biden, a à plusieurs reprises critiqué l’augmentation du soutien militaire à l’Ukraine. En campagne, il a promis de "mettre fin au conflit en 24 heures" après son arrivée à la Maison-Blanche. Le 14 novembre, il a réaffirmé cet engagement, soulignant que le conflit devait absolument cesser.
Les démarches récentes de Donald Trump ont provoqué des remous au sein des alliés occidentaux, jusque-là fermement alignés sur une position dure contre Moscou. Le 15 novembre, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a pris l’initiative de discuter avec Vladimir Poutine. Ce fut la première fois depuis plus de deux ans qu’un dirigeant d’une grande puissance occidentale échangeait avec le président russe, une démarche qui a étonné même certains alliés de l’Allemagne. Olaf Scholz a justifié son action en expliquant que l’Europe ne pouvait se tenir à l’écart des discussions futures entre les États-Unis et la Russie sur l’Ukraine.
"À mon avis, il ne serait pas judicieux que des discussions entre le président américain et le président russe se tiennent sans qu'un leader européen majeur n'engage également ses propres échanges. Certains en Allemagne pourraient penser que c’est une bonne chose, mais ce n’est pas mon avis", a-t-il dit.
Le président russe Vladimir Poutine (à gauche) et le chancelier allemand Olaf Scholz. Photo: Getty Images |
Bien que certains critiquent Olaf Scholz pour avoir donné un avantage à la Russie dans les négociations, des observateurs estiment que l’Ukraine commence à revoir sa position. Le jour suivant l’appel entre Olaf Scholz et Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a annoncé à la radio nationale qu'il était désormais impératif de mettre fin au conflit d’ici 2025 par voie diplomatique. Cette déclaration marque un tournant significatif dans la position de Kiev, qui, jusqu’alors, refusait toute négociation tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir.
… dans un contexte potentiellement explosif
Malgré les maigres espoirs d’une reprise des pourparlers diplomatiques, le risque d’escalade du conflit demeure élevé. La récente annonce de l’envoi de soldats nord-coréens en Russie, ainsi que la levée des restrictions par l’administration Biden autorisant l’Ukraine à utiliser des armes à longue portée fournies par les États-Unis, alimente la crainte d'une intensification des hostilités. Les dirigeants russes ont averti que de telles mesures équivaudraient à une implication directe de l’OTAN, forçant ainsi la Russie à réagir de manière proportionnée.
Le président Vladimir Poutine a en effet approuvé ce mardi une mise à jour de la doctrine nucléaire, indiquant que la Russie pourrait envisager d’utiliser des armes nucléaires en cas d'attaque soutenue par des missiles conventionnels provenant d’une puissance nucléaire.
La doctrine actualisée souligne par ailleurs qu’une agression contre la Fédération de Russie, y compris le Bélarus, par un État membre d'une coalition serait considérée comme une agression par l’ensemble de cette coalition.
Un incendie s'est déclenché à Kiev, en Ukraine, après une attaque de missile russe le 2 janvier 2024. Photo: Reuters |
Toutefois, les experts estiment que bien que le risque d’escalade reste élevé des deux côtés, les pays occidentaux sont conscients des lignes rouges à ne pas franchir et ne sont pas prêts à permettre à l’Ukraine de prendre des risques excessifs. Ainsi, l’utilisation des armes occidentales pour frapper sur le territoire russe reste plutôt une décision politique qu’une véritable offensive militaire.
"D’ici février, le conflit aura duré trois ans. Il y a une forme de fatigue face à ces hostilités, et tant aux États-Unis qu’en Europe, on attend des actions diplomatiques. Si cela doit se faire, il faudra d'abord mettre l’Ukraine dans une position de force sur le plan militaire et tactique. Cela signifie continuer à soutenir militairement l’Ukraine, en préparation de toute future négociation", commente Ian Kelly, ancien ambassadeur des États-Unis en Géorgie et actuellement professeur à l’Université Northwestern.
Le véritable enjeu, selon les observateurs, réside dans la manière dont la Russie réagira à l’intensification du soutien militaire occidental à l’Ukraine, dans les derniers mois de la présidence de Joe Biden. Si la Russie répond vigoureusement à ces actions, il sera plus difficile de relancer les pourparlers pour trouver une solution diplomatique une fois que Donald Trump prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, bien qu’il soit un partisan d’une fin rapide du conflit.