(VOVworld) - Les Etats-Unis et Cuba vont normaliser leurs relations, mettant ainsi fin à plus d’un demi siècle d’affrontement larvé. La bonne nouvelle, annoncée mercredi par les dirigeants des deux pays, a été immédiatement saluée par la communauté internationale.
Photo: VTC
Ce 17 décembre 2014 restera marqué d’une pierre blanche dans l’histoire tourmentée des relations américano-cubaine. Qui l’eût cru? En annonçant simultanément le rétablissement des relations diplomatiques et par là-même l’ouverture d’un processus de normalisation des relations bilatérales, le président cubain Raul Castro et son homologue américain Barack Obama ont accompli un geste historique.
Premiers pas vers une normalisation des relations bilatérales
Mercredi, trois agents de renseignement cubains détenus aux Etats-Unis ont été rapatriés. En échange, Cuba a libéré un Américain, Alan Gross, retenu depuis 2009, et un agent de renseignement qui travaillait pour Washington, capturé il y a 20 ans. Mieux encore, les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils envisageaient l’ouverture d’une ambassade à La Havane. Le président Barack Obama a par ailleurs indiqué qu’il allait demander au Congrès de lever l’embargo commercial qui pèse encore contre Cuba et qu’il avait ordonné à John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, de lancer des discussions en vue d’une normalisation des relations bilatérales.
Une décision saluée par l’opinion publique
Cette normalisation des relations entre Washington et La Havane semble faire l’unanimité, aussi bien dans les milieux politiques ou économiques, qu’au sein de la population, tant américaine que cubaine. Nombreux sont ceux qui estiment que Barack Obama a fait preuve de lucidité en tendant la main à Cuba, et que cette décision sert aussi bien les intérêts des deux pays concernés que ceux du monde entier. De leur côté, les dirigeants cubains ont tenu à affirmer que leur pays ne constituerait jamais une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis. Cuba est prêt à établir des relations basées sur l’égalité, le respect réciproque, le droit international et la charte de l’ONU, ont-ils précisé.
La communauté internationale applaudit elle-aussi cette normalisation des relations Etats-Unis-Cuba. Ban Ki-moon, qui en est donc le secrétaire général, a affirmé que l’ONU s’emploierait à aider les deux pays à développer leurs nouvelles relations. Le pape François a lui aussi félicité les Etats-Unis et Cuba pour leur rapprochement historique. De son côté, Mateo Estreme, le représentant adjoint du marché commun de l’Amérique du Sud (couramment appelé Mercosur) auprès de l’ONU, a rappelé que l’embargo américain avait causé de lourdes pertes au peuple cubain, n’hésitant pas à le qualifier de «politique obsolète».
Une politique obsolète
Les relations entre les Etats-Unis et Cuba ont été «gelées» en 1959, au moment de la révolution cubaine. Washington a imposé des sanctions et un embargo à Cuba lorsque le régime de Fulgencio Batista a été renversé et il les a maintenus.
Selon les estimations, le coût de cet embargo s’élèverait à 1.112 milliards de dollars pour Cuba. C’est le tourisme, deuxième secteur important de l’économie cubaine en termes de recettes en devises étrangères, qui est le grand perdant. Cela étant, l’embargo américain contre Cuba aura certes causé des pertes à Cuba, mais aussi à d’autres pays. De nombreuses banques étrangères effectuant des transactions avec Cuba ont ainsi subi des sanctions américaines. Autant dire que cette politique visant à maintenir Cuba dans l’isolement était loin de faire l’unanimité…
Dans son discours télévisé de ce mercredi, le chef de la Maison Blanche a reconnu que les sanctions et l’embargo imposés à Cuba depuis plus de 50 ans étaient obsolètes et qu’un réajustement de politique à l’égard de La Havane serait de nature à permettre à la région de se stabiliser et donc de se développer durablement. L’annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et La Havane montre en tout cas la détermination des deux gouvernements à aller de l’avant, même si beaucoup reste à faire et que le chemin reste semé d’embûches en tous genres. Barack Obama aura ainsi besoin de l’approbation d’un Congrès qui lui est en principe hostile pour lever l’embargo contre Cuba. Il n’en demeure pas moins que l’annonce de la normalisation des relations bilatérales constitue un tournant décisif qui correspond à la tendance du temps et qui répond aux souhaits des 2 peuples./.