(VOVWORLD) - Le monde est en train de gagner la lutte contre l'inflation, mais les perspectives de croissance économique restent sombres, et les pays doivent faire preuve de prudence face aux risques croissants d'instabilité géopolitique. Tel est le constat établi par le Fonds monétaire international (FMI) dans son dernier rapport sur les perspectives de l'économie mondiale, publié le 22 octobre, à l’occasion de sa réunion d'automne avec la Banque mondiale, à Washington. Cet événement annuel rassemble jusqu’au 26 octobre les plus grands experts économiques et financiers du monde pour discuter des principaux enjeux de l'économie mondiale.
La lutte contre l'inflation avance…
Dans son discours d'ouverture de la semaine de réunions du FMI et de la Banque mondiale, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré que la lutte contre l'inflation avait abouti à des résultats positifs, au moins dans les grandes économies. Selon les données du FMI, aux États-Unis, la plus grande économie du monde, le taux d'inflation en septembre est descendu à 2,4 %, soit son plus bas niveau depuis février 2021. Dans la zone euro, l'inflation est même tombée à 1,8 % en septembre, ce qui est inférieur à l'objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne. De même, au Royaume-Uni, le taux d'inflation en septembre a également diminué, à 1,7 %. L'économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, nous livre son analyse.
«La lutte contre l'inflation est considérée comme gagnée. Après avoir culminé à 9,4 % au troisième trimestre 2022, nous nous dirigeons maintenant vers une inflation globale de 3,5 % d'ici la fin de l'année prochaine. Dans la plupart des pays, l'inflation tourne désormais autour du niveau cible des banques centrales. L'inflation baisse tandis que l'économie mondiale reste stable», commente-t-il.
Malgré cette embellie sur le terrain de l’inflation, les perspectives de croissance économique ne sont pas aussi prometteuses. Dans son rapport, le FMI a maintenu ses prévisions de croissance économique mondiale pour cette année à 3,2 % comme prévu en juillet, mais a abaissé ses prévisions pour l'année prochaine à 3,2 %, soit 0,1 point de moins que les prévisions précédentes, principalement en raison de la faiblesse des économies de la zone euro (seulement 0,8 % cette année et 1,2 % l'année prochaine) ainsi que de l'incertitude de l'économie chinoise. La croissance à moyen terme devrait baisser à une moyenne sur 5 ans de 3,1 %, bien inférieure à la tendance d'avant la pandémie de Covid-19. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, nous explique la signification de ces chiffres.
«La croissance à moyen terme devrait être faible, pas trop faible par rapport à la période pré-pandémique, mais pas assez bonne. Elle n'est pas suffisante pour que le monde élimine la pauvreté, ni pour créer les emplois dont il a besoin, ni pour fournir les recettes fiscales dont les gouvernements ont besoin pour rembourser d'importantes dettes tout en devant dépenser d'énormes sommes d'investissements, y compris dans le cadre de la transition verte», déplore-t-elle.
… mais des risques géopolitiques et les perturbations commerciales vont croissants
Se référant aux risques qui pèsent sur les perspectives de croissance économique mondiale, les économistes du FMI ont évoqué la possibilité d'une flambée des prix du pétrole et d'autres matières premières si le conflit au Moyen-Orient et en Ukraine s'étend. Selon Kristalina Georgieva, les avertissements lancés par le FMI depuis 2019 sur la perturbation du commerce mondial sont tout à fait fondés.
Outre les risques géopolitiques, les experts du FMI s’inquiètent d'une possible intensification des guerres commerciales alors que les grandes économies augmentent fortement les droits de douane à l'importation et à l'exportation comme mesures de rétorsion. D’après eux, si les États-Unis, la zone euro et la Chine s'imposaient mutuellement des droits de douane supplémentaires de 10 % et que les États-Unis augmentaient leurs droits de douane de 10 % sur le reste du monde, le FMI pourrait revoir à la baisse ses prévisions de croissance mondiale de 0,8 % l'année prochaine et de 1,3 % en 2026. Ce risque est d’autant plus plausible compte tenu des tensions commerciales entre l'Union européenne et la Chine liées aux véhicules électriques chinois, et aux tarifs de rétorsion réciproques. Pendant ce temps, aux États-Unis, les candidats à l’élection présidentielle, Kamala Harris et Donald Trump, ont tous deux annoncé qu'ils mettraient en œuvre de nombreux changements dans la politique économique américaine.
Sur ce dernier point, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a tenté de rassurer en insistant sur le pragmatisme des administrations américaines, qu’elles soient démocrates ou républicaines. D’après elle, celui ou celle qui deviendra président(e) des États-Unis ne pourra pas ignorer l'état actuel de l'économie mondiale en poursuivant des politiques unilatérales.