(VOVWORLD) - Talibans et militants du groupe État islamique noient depuis
plusieurs jours Kaboul sous des attaques sanglantes en série, semant l'effroi
au plus haut niveau et mettant à mal la nouvelle stratégie de l’administration
de Donald Trump pour l’Afghanistan.
Photo d'illustration - Des talibans - Source AFP/TTXVN
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La capitale afghane a été ce lundi matin visée par une
troisième attaque terroriste en 8 jours: au moins 11 soldats ont trouvé la mort
dans l'Académie militaire d'Afghanistan. L’attaque a été revendiquée cette fois
par le groupe Etat islamique, après que le massacre de 103 personnes samedi l’a
été par les Talibans. Et quelques jours auparavant, quatre Américains avaient
été tués pendant l'assaut de l'hôtel Intercontinental. A ce stade, force est de
constater que l'EI et les talibans ont durci le ton et que le pouvoir en place
semble dans l’incapacité d’enrayer la violence.
Pourquoi cette
recrudescence de violence ?
Cette violence n’a pourtant rien d’inédit. Depuis longtemps,
l’Afghanistan est le théâtre d’un conflit persistant entre le gouvernement et
les Talibans. Mais il se trouve qu’ayant perdu ses bases en Irak et en Syrie,
l’EI essaie de s’y « refaire une santé », d’où cette recrudescence de
violence que les contre-offensives lancées par le pouvoir en place sont
impuissantes à contrer.
C’est en 2015 que les troupes de l’OTAN se sont retirées de
l’Afghanistan et depuis, la situation ne cesse de se détériorer. Les Talibans
ont réussi à reprendre de nombreux territoires contrôlés jusque-là par le
gouvernement afghan. Leur influence ne cesse de s'étendre. Témoins ces
attentats qu’ils lancent de manière quasi-quotidienne, désormais. Mais il y a
plus grave : leur capacité à tromper la vigilance des services de sécurité
a mis en lumière de graves failles au sein même de ces services et peut-être
aussi des complicités.
Pourquoi, alors, les forces afghanes entraînées par les
Américains n’arrivent-elles pas à assurer la sécurité du pays, même dans les
zones les plus protégées comme Kaboul ? De l’avis des observateurs, la
première raison réside dans le regroupement précipité de milices d’origines
diverses qui, pour certaines, combattaient encore il y a peu de temps dans des
camps opposés. Pendant ce temps, les Etats-Unis, en se concentrant sur leurs
offensives contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak, ont laissé un vide
sécuritaire en Afghanistan. Sur le plan intérieur, enfin, les principaux
responsables politiques afghans sont aujourd’hui concentrés sur l’enjeu de la
prochaine présidentielle, prévue pour 2019. La gouvernance du pays est quasi
paralysée par la rivalité entre le président Ashraf Ghani et le chef de
l’exécutif, Abdullah Abdullah. De plus, les insurgés ont beau jeu d’exploiter la
situation économique catastrophique du pays : les jeunes sortent en masse
de l’université sans trouver de travail, et si le pays se maintient la tête
hors de l’eau, encore que de plus en plus difficilement, c’est aux financements
américains qu’il le doit.
La stratégie de Donald
Trump est-elle vraiment efficace ?
Dans sa « nouvelle stratégie » amorcée en août
2017, le président américain a annoncé la poursuite de la mission en
Afghanistan et l'envoi de nouveaux soldats, affirmant qu'un retrait précipité
créerait un vide qui profiterait aux «terroristes». Donald Trump veut imposer
un rapport de force favorable à des négociations entre Kaboul et les Talibans.
Washington a d’ailleurs mis la pression sur le Pakistan qui abrite, d’après
lui, le réseau Haqqani, allié des talibans afghans.
Cependant, cette dernière vague d'attentats montre que cette
« nouvelle stratégie » vantée par la Maison-Blanche a déjà ses
limites et que le chaos n’a pas fini de régner en Afghanistan.