(VOVWORLD) - C’est la réponse du berger à la bergère…En sommant quatre médias américains implantés sur
son territoire de dresser la liste de leurs employés, de leurs biens
immobiliers et de leurs opérations financières, la Chine n’a fait que rendre la
pareille aux États-Unis. Mais ce nouvel épisode de tension vient s’ajouter à
d’autres, et il est désormais clair que les deux premières puissances mondiales
se livrent à un duel à fleurets mouchetés.
Les activités de l’Agence américaine AP sont contrôlées strictement en
Chine. Photo : AP
|
C’est Zhao Lijian, le
porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui l’a annoncé. Associated Press, United Press International, Columbia
Broadcasting System et National
Public Radio sont donc tenus de déclarer aux autorités chinoises les noms
de leurs employés, mais aussi leurs biens immobiliers et leurs opérations
financières. Ces mesures sont en fait des contre-mesures prises en réponse aux
pressions exercées par les États-Unis à l’encontre de grands groupes
médiatiques chinois, a expliqué Zhao
Lijian.
Pour bien comprendre le
déroulement de ces évènements récents, il faut remonter au 22 juin dernier, date
à laquelle Washington a modifié le statut de quatre médias d’État chinois,
accusés d’être des organes de propagande de Pékin et dont les bureaux aux
États-Unis sont désormais considérés comme des missions diplomatiques
étrangères. Ces quatre organes de presse, à savoir la chaîne de télévision CCTV, le Quotidien du Peuple, le Global
Times et le China News Service, ont
eux aussi été sommés de dresser la liste des membres de leur personnel et de
leurs biens immobiliers…
Une bataille par médias interposés...
Tout a commencé le 18 février
dernier, et pour le coup, ce sont les États-Unis qui ont déclenché les
hostilités en classant cinq autres médias publics chinois, parmi lesquels
l’agence Chine nouvelle, dans la
liste des missions diplomatiques étrangères. Le 13 mars dernier,
Washington enfonçait le clou en exigeant de ces cinq groupes médiatiques qu’ils
fassent passer le nombre de leurs correspondants sur le sol américain de 160 à
100. Cinq jours plus tard, le 18 mars donc, Pékin répliquait en expulsant 13
journalistes américains du New York Times,
du Washington Post et du Wall Street Journal, et en demandant aux
filiales de ces grands groupes, auxquels il faut ajouter le magazine Time et la radio Voice of America, de faire des déclarations sur leurs employés,
leur situation financière, leurs biens immobiliers et leurs activités en Chine…
Le troisième acte de cette guerre larvée aura lieu au début du mois de mai,
avec, de part et d’autres, des restrictions de visas à l’encontre des
journalistes.
... mais pas que…
La Chine et les États-Unis n’en
sont pas à leur première querelle, loin s’en faut. La guerre commerciale qu’ils
ont déclenchée en 2019 semble pour l’instant reléguée au second plan. La
pandémie de Covid-19 à laquelle la planète est confrontée les a en revanche
remis dos-à-dos. Le président américain accuse en effet la Chine d’avoir
cherché à dissimuler l’apparition du virus en 2019 à Wuhan, puis d’en avoir
minimisé l’ampleur, facilitant ainsi sa propagation dans le monde entier. Faux,
rétorquent les Chinois, qui assurent avoir averti l’Organisation mondiale de la
Santé dès que possible, ainsi d’ailleurs qu’un certain nombre de pays, dont…
les États-Unis.
Mais ce n’est pas tout. Les États-Unis
ont également lancé une offensive technologique contre la Chine, et plus
particulièrement contre Huawei, son
géant des télécommunications, à l’encontre duquel ils ont décidé de prendre un
certain nombre de mesures restrictives, allant jusqu’à interdire à tout fabricant
de semi-conducteurs étranger de lui vendre quoi que ce soit. Le 30 juin, la Federal Communications Commission a même
officiellement désigné Huawei comme
un danger pour la sécurité nationale des États-Unis. De ce fait, les entreprises
de télécommunications américaines ne peuvent plus utiliser de subventions du
gouvernement pour acheter des équipements à Huawei.
Plus récemment, Washington
a mis fin au statut spécial de Hong Kong, pour protester contre la loi sur la
sécurité nationale que la Chine a fait entrer en vigueur dans l’ancienne
colonie britannique. Les États-Unis ont également décidé d'imposer des
restrictions de visas aux responsables chinois jugés responsables d'atteinte
aux libertés à Hong Kong. De son côté, Pékin aurait demandé aux entreprises
publiques chinoises de suspendre leurs achats de soja et de porc aux États-Unis…
C’est œil pour
œil, dent pour dent… Mais jusqu’à quand et surtout jusqu’à quel point ?