(VOVWORLD) - Cent lettres manuscrites réalisées en un siècle viennent
d’être exposées à la bibliothèque A Letter Home, rue Tan Ap, dans
l’arrondissement de Ba Dinh, à Hanoï. « Retour à l’âge naïf » - ainsi
s’intitulait l’exposition en question - a pu avoir lieu grâce à Nguyen Thi Da
Thuong, une collectionneuse de vieilles publications qui souhaitait présenter
aux lecteurs ce qu’elle considère comme l’un des plus beaux moyens de
communication qui soient.
Photo: Thu Thuy/songmoi.vn
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«Les lettres manuscrites permettent de réduire les
conflits. Quand on écrit quelque chose sur un papier avant de l’envoyer, ça
ralentit le rythme des choses, même la colère en sort atténuée», nous dit
Nguyen Thi Da Thuong. Passionnée de lettres, cette femme a écrit des articles
de presse, créé un réseau d’échange de vieux livres et ouvert une librairie.
Son travail l’a conduit à la rencontre d’intellectuels, de collectionneurs et
d’autres férus du livre. Elle a remarqué que le fait de prendre des notes et
d’échanger des lettres était une façon de conserver des souvenirs. Mais force
est de constater que dans certaines familles, on garde encore l’habitude de
s’écrire des lettres manuscrites, ce qui l’a beaucoup émue.
«Il m’est arrivé, en recherchant de documents pour mon
travail, de trouver des lettres très précieuses. J’ai aussi rencontré des
intellectuels qui m’ont dit que dans leurs familles, on s’écrivait manuellement
depuis au moins trois générations. Après plusieurs années, j’ai pu collecter un
certain nombre de lettres manuscrites d’une beauté inouïe que j’ai décidé de
partager avec les autres à Hanoï. C’est ainsi qu’est née l’exposition «Retour à
l’âge naïf».
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L’exposition présentait cent lettres, la plus ancienne
remontant à 1905 et la plus récente, à 2015. Certaines ont appartenu à de
grands intellectuels, comme cette lettre envoyée par l’écrivain Tran Dan au
poète Duong Tuong, cette autre envoyée par la poétesse Mong Tuyet à un ami, ou
encore cette missive signée Vuong Hong Sen, chercheur en culture… Mais il y en
avait aussi qui appartenaient à des gens ordinaires. Les visiteurs étaient
invités à s’imprégner de cette atmosphère particulière constituée de papiers de
toutes sortes, dont la plupart avaient été endommagés par le temps et les
termites et dont l’odeur rappelle le passé lointain, quand on devait patienter
des semaines et des mois avant de recevoir des nouvelles d’un être cher.
«J’ai l’impression de revenir au passé, nous confie Thuy
Nguyen, une lectrice hanoienne. Chaque lettre est comme un film, une histoire
racontée par un personnage inconnu. Quelques auteurs ont trouvé une façon très
intéressante de faire passer leurs messages».
A l’ère du numérique, les lettres manuscrites sont reléguées
au rang des souvenirs, des souvenirs qui, une fois mis en avant, fascinent les
jeunes qui ont été nombreux à venir voir « Retour à l’âge naïf ».
C’est le cas de Phuong Trinh, qui a étudié et vécu plusieurs années en France.
«Ce sont les lettres d’amour qui m’ont le plus impressionnée,
nous dit-elle. Ces histoires d’amour entre des gens vivant loin l’un de l’autre
me touchent énormément. Aujourd’hui, les courriels et les conversations en
ligne facilitent beaucoup les choses, mais je trouve qu’avec les lettres
manuscrites, on se sent plus proches l’un de l’autre et les sentiments sont
aussi plus authentiques».
A travers cette première exposition de lettres manuscrites,
Nguyen Thi Da Thuong espérait donner une idée aux jeunes de la façon dont les
générations précédentes chérissaient les lettres. L’écriture de lettres était
en effet un travail sophistiqué. Les perfectionnistes voulaient disposer de
papier spécial, de tampon ou de dessin qui leur étaient propre… Par-dessus
tout, Da Thuong souhaite encourager les gens à recommencer à écrire des lettres
de leurs propres mains. Ça donne plus de sérénité lorsque chaque pensée est
écrite avec soin, et le destinataire sera forcément plus ému, dit-elle.