(VOVworld) - Le cai luong est un art musical du Sud accessible au grand public, mais pas forcément au jeune et encore moins au très jeune public. Pour séduire cette catégorie spécifique de spectateurs, les artistes du cai luong doivent faire preuve de beaucoup d’imagination. Une troupe saigonnaise a néanmoins réussi ce pari. Elle s’appelle Dong au Bach Long.
Photo: vntimes.com.vn |
La troupe Dong au Bach Long est en train de répéter “Le crapaud porte plainte contre le Ciel”, une pièce inspirée d’un vieux conte populaire vietnamien. Chaque répétition dure en général 3 heures, le temps d’une sieste sacrifiée au profit des jeunes spectateurs. Dans une salle de 25 mètres carrés, une vingtaine d’artistes chantent et dansent avec passion. Ils incarnent des rôles plutôt comiques dans des pièces exlusivement destinées au très jeune public. Depuis plus d’un an, la troupe Dong au Bach Long rapproche ce dernier de l’art du cai luong. « D’une part, je tiens à transmettre mon savoir, dit Bach Long, l’artiste fondateur. D’autre part, je veux qu’il y ait un public pour le cai luong en particulier et pour le théâtre classique en général. Le fait d’avoir des artistes qui héritent du savoir ancien n’est pas plus important que d’avoir un « public héréditaire ». Sans l’un ou l’autre, le cai luong ne pourra survivre. Les enfants d’aujourd’hui adorent les dessins animés, les spectacles de variétés, le hip hop… ils ne voient que ça. Si nous ne leur montrions pas ce que c’est que le cai luong, ils ne le connaîtraient jamais ».
Bach Long, l’artiste fondateur. Photo: vnexpress
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Chaque pièce présentée par sa troupe est un message d’humanité que le scénariste et metteur en scène Bach Long souhaite adresser aux enfants. Ainsi, « Le petit singe sauve son patron » est une pièce qui parle du rapport de cause à effet dans la vie ; « Le cheval blanc et la betterave géante » valorise les liens familiaux alors que « Le crapaud porte plainte contre le Ciel » apprend aux enfants à vivre avec économie. Lorsqu’il écrit ses pièces qui sont toutes inspirées par le répertoire classique, Bach Long tâche de réduire les détails purement historiques pour les remplacer par des éléments proches de la vie, afin d’instruire les enfants tout en les amusant.
Pour séduire le jeune public, les artistes doivent s’investir dans la chorégraphie, beaucoup plus que sur la scène classique. Toutes les figures chorégraphiques symboliques du théâtre traditionnel telles que les danses avec la lance, la pagaie, la cravache… sont utilisées, en plus de nombreuses scènes d’action. Certes, il est bien plus difficile que de s’exprimer uniquement par le chant, mais les artistes en sont conscients : s’il n’y a que du chant, les enfants se lasseront vite.
Avec l’aide financière du centre d’organisation des spectacles et des projections cinématographiques de Ho Chi Minh-ville, la troupe Dong au Bach Long donne 4 représentations par mois pour le jeune public au théâtre municipal et dans les arrondissements et districts de banlieue. « Au début, jouer des rôles comiques était très difficile pour moi, mais j’ai fait de mon mieux pour faire rire les enfants, indique l’artiste Phan Thi Phuong. Ce métier est pour nous une passion prédestinée, nous nous devons de le suivre jusqu’au bout, mais c’est vrai qu’il ne peut pas nous assurer une vie correcte ».
Nguyen Huu Luan, directeur du centre d’organisation des spectacles et des projections cinématographiques de Ho Chi Minh-ville, fait savoir : « Nous avons aidé plusieurs groupes et artistes d’arts traditionnels, dont la troupe Dong au Bach Long. Depuis plus d’un an, nous avons dépensé une somme considérable pour organiser des spectacles à l’Opéra de la ville mais aussi dans les arrondissements et districts de banlieue ».
Tous les spectacles sont gratuits. Grâce aux artistes passionnés et motivés de Dong au Bach Long, les enfants saigonnais peuvent se familiariser avec le cai luong et apprendre à apprécier cet art traditionnel reconnu à l’échelle planétaire.