(VOVWORLD) - On recense environ 200 pagodes dans la province de Soc Trang, située dans le delta du Mékong. Parmi celles-ci, 92 ont des origines khmères, se distinguant par une architecture unique propre à l'ethnie khmère. Parmi les plus célèbres, on trouve la pagode des chauves-souris, Kh’leang, Som Rong, Tà Mon, Chén Kiêu, et Prey Chop.
Sanctuaire principal à la pagode Kh’Leang. Photo: Ngoc Anh |
Dans cette région, deux pagodes sont classées comme vestiges artistiques nationaux: Kh’Leang et la pagode des chauves-souris. Cette dernière constitue une destination particulièrement insolite.
Connu sous le nom de Seraytecho Mahatup en khmer ou Ma Tôc en vietnamien, ce sanctuaire vieux de 400 ans abrite de nombreux arbres fruitiers juste derrière son édifice principal, offrant refuge à des milliers de chauves-souris. Bien que d'autres endroits paisibles et luxuriants existent dans la région, ces mammifères volants ont élu domicile exclusivement dans cette pagode. Il est notable qu'ils ne se nourrissent pas des fruits présents sur le site. Une autre particularité fascinante est qu'ils évitent systématiquement de voler au-dessus de la travée principale de la pagode, préférant la contourner avec précaution.
La pagode Kh’Leang, quant à elle, est un exemple d'architecture khmère traditionnelle datant de 500 ans. On y retrouve une fusion harmonieuse de motifs décoratifs des Hoa, la communauté chinoise installée au Vietnam, et des Kinh, la majorité ethnique du pays. Dans cet édifice sacré, la coexistence des trois cultures semble tout à fait naturelle.
À l'intérieur du sanctuaire principal, les visiteurs peuvent admirer des motifs décoratifs typiques des Kinh sur la clôture de l'autel. Les colonnes sont finement gravées de représentations de carpes et de dragons, ainsi que de caractères chinois.
Thach Thi Loan, guide de la salle d'exposition culturelle khmère de Soc Trang, partage son expertise.
«Kh’Leang est une référence architecturale emblématique de la culture khmère. Les motifs gravés sont d'une grande sophistication et parfaitement symétriques. Deux maisons sur pilotis sont présentes, l'une restant authentique tandis que l'autre fait l'objet d'une restauration. Le sanctuaire principal présente une architecture magnifique, caractérisée par la présence de l'oiseau mythique Krud, de la déesse Knorr, ainsi que de créatures mi-humaines mi-oiseaux», a-t-elle indiqué.
Statue du Bouddha couché à la pagode Som Rong. Photo: Ngoc Anh |
Soc Trang abrite également une pagode aussi majestueuse qu'un palais, nommée Som Rong, qui renferme deux pierres mythiques, résistant inébranlablement à l'eau. Ramenées du Cambodge en 2018 par le vénérable gérant Lý Duc, ces pierres sont posées de manière solennelle sous l'autel dédié au Bouddha dans la salle de prière Sala.
Au cœur de la pagode se dresse une imposante statue du Bouddha couché. Mesurant 63 mètres de long et 22,5 mètres de haut, cette statue monumentale pèse 490 tonnes. Sa grandeur a valu à Som Rong le surnom de "pagode du Bouddha couché" par les habitants locaux. Trân Van An, un visiteur originaire de la province de Thanh Hoa, exprime son émerveillement.
«Je n'ai jamais vu une statue de Bouddha d'une telle grandeur. Elle trône majestueusement sur un vaste espace en plein air. Cette pagode est vraiment originale et impressionnante. Elle me fascine autant que le temple Angkor Wat au Cambodge», a-t-il indiqué.
Sanctuaire principal à la pagode Tà Mon. Photo: Ngoc Anh |
La pagode Serey Tamon, également connue sous le nom de Tà Mon en vietnamien, est située dans le hameau Dào Viên, rattaché au district Trân Dê. Parmi les joyaux de Soc Trang, elle se distingue par son éclat doré scintillant, caractéristique de l'architecture khmère traditionnelle, lorsqu'on l'observe depuis une hauteur. Le sanctuaire principal, resplendissant comme un palais royal, est richement orné de sculptures représentant des objets rituels et des animaux.
La pagode Chen Kiêu, également appelée Sro Lôn, attire particulièrement les amateurs de photographie. Nichée dans la commune de Dai Tâm, elle se distingue par sa décoration singulière composée de milliers de morceaux de vaisselle. Ces matériaux spéciaux ont été habilement disposés par les constructeurs et artisans sur les murs et les tours, créant ainsi des œuvres d'art impressionnantes.
Chen Kiêu séduit également les passionnés d'histoire en quête de découvertes patrimoniales liées à Công tu Bac Liêu. Sous son véritable nom Trân Trinh Huy (1900-1973), cet homme fortuné du début du 20e siècle, est resté célèbre pour ses aventures extravagantes. Les visiteurs peuvent y admirer un canapé, un salon, un lit d'été, un lit d'hiver, et même une armoire incrustée de nacre.
Sanctuaire principal à la pagode Chen Kiêu. Photo: Ngoc Anh |
Ngô Huu Loi, un touriste originaire de la province de Binh Duong, ne cache pas son admiration.
«C'est la troisième fois que je visite cette pagode. À chaque visite, je fais l'expérience de quelque chose de nouveau. Dans la province de Soc Trang, on trouve un grand nombre de pagodes khmères qui préservent encore leur architecture typique. Parmi elles, on peut citer la pagode des chauves-souris, Kh’Leang et Som Rong. Explorer ces pagodes offre une immersion enrichissante dans les coutumes et la culture des Khmers», a-t-il partagé.
Située dans la cité Vinh Châu, la pagode Prey Chop attire chaque année des milliers de visiteurs. Tang Hum, conseiller du comité d’administration de la pagode, partage son enthousiasme.
«Cette pagode présente une architecture khmère emblématique. Elle est devenue une destination prisée pour les voyageurs en quête d'expériences spirituelles, surtout lors des festivals tels que Sel Dolta, la célébration du début de l'été, et le rituel d'offrande de l'habit au Bouddha. Les visiteurs affluent de différentes provinces et grandes villes du sud, notamment Hô Chi Minh-ville, Trà Vinh, et Cà Mau, ainsi que de l'étranger», a-t-il souligné.
Avec un total de 92 monuments, Soc Trang se positionne comme la deuxième province du Vietnam comptant le plus grand nombre de pagodes khmères, juste derrière Trà Vinh qui en possède 143. Ces pagodes jouent un rôle essentiel en offrant aux habitants locaux des lieux à la fois religieux et festifs, tout en témoignant du talent exceptionnel des architectes khmers.