(VOVWORLD) - Si vous avez l’occasion de parcourir le Vietnam, vous remarquerez que généralement, les bornes frontières se trouvent aux postes-frontières ou dans la jungle. Cependant, dans la province septentrionale de Lai Châu, il en est une qui trône dans la cour d’une maison. Bien que la maison soit privée, la borne et la cour appartiennent, elles, à la Nation. Les autochtones, qui sont des Dao, défendent ce site sacré auquel ils tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.
 La borne 67. Photo: VOV |
Cette borne unique en son genre se trouve à Hùng Pèng, un village Dao situé dans le district de Phong Thô, à la frontière avec la Chine. La frontière naturelle entre les deux pays, qui traverse la région, est un grand ruisseau nommé Pa Nâm Cum. Des bornes sont plantées des deux côtés de ce ruisseau et portent le même chiffre: 67. Le lieutenant-colonel Nguyên Hoàng Xuyên, du poste-frontière de Ma Lù Thàng, raconte que celle du côté vietnamien a été implantée en 2001.
«À l'époque, c’était la jungle sauvage ici. Du côté chinois, il y avait un village d’une dizaine de toits, tandis que chez nous, il n'y avait rien. Les Chinois n’avaient pas encore construit de barrière, et les gens passaient librement d'un côté à l'autre. Le village de Hùng Pèng n’existait pas encore», fait-il savoir.
Ce n’est qu’en 2005 que le village de Hùng Pèng a vu le jour, lorsque les garde-frontières et les autorités locales ont fait venir 27 ménages Dao dans cet endroit devenu stratégique. Tân Vân Phu faisait partie de ces premiers villageois.
«Quand nous sommes arrivés, la borne frontière était déjà là. Personne ne s’en occupait, et elle n’était pas aussi belle qu’aujourd’hui. Les garde-frontières, qui nous ont toujours accompagnés dans notre installation ici, nous ont dit que c’était notre terre et qu’il fallait la protéger à tout prix», se souvient-il.
 Vue de haut sur le village de Hùng Pèng. Photo: VOV |
La borne 67 a donc été consolidée et embellie. Aujourd'hui, elle trône fièrement dans la cour de la maison de Tèo Van Du. Les habitants ont adopté un code villageois prévoyant la création d'un groupe chargé de protéger ce trésor exceptionnel, comme l'indique Ly Dâu Phùng, secrétaire de l'antenne villageoise du Parti et chef du village.
«Sur la base du volontariat et à tour de rôle, les familles du village se succèdent pour nettoyer et entretenir les buissons autour de la borne. Depuis quelques années, nous n’avons observé aucune traversée illégale de la frontière. Nous pouvons donc nous concentrer sur nos travaux quotidiens pour développer l’économie», partage-t-il.
Avec les 27 premiers ménages au début, Hùng Pèng en compte aujourd'hui 36, soit près de 250 habitants. Leurs conditions de vie s'améliorent d'année en année, et les villageois sont parfaitement conscients de leur devoir de défendre la souveraineté nationale. Lors des fêtes et des anniversaires, ils viennent se recueillir devant la borne et y brûlent des bâtonnets d'encens à la mémoire des soldats et des habitants qui se sont sacrifiés pour la Patrie…