(VOVWORLD) - En prélude à la campagne de Diên Biên Phu de 1954, le Comité central du Parti communiste vietnamien a décidé d’ouvrir une route historique, la 13A. Considérée comme une artère principale pour le transport d’armes, de munitions et d’alimentation, cette route a été construite au prix d’innombrables efforts de la part du génie militaire, mais aussi de très nombreux civils.
Un segment du col de Lung Lô. Photo: VOV |
La route 13A débute au quai Hiên, dans la province de Tuyên Quang. Elle traverse le quai Âu Lâu et le col de Lung Lô, dans la province de Yên Bai jusqu’au carrefour de Co Noi, dans la province de Son La, où elle rejoint la route 41 de l’époque, qui est devenue aujourd’hui la nationale 6. La longueur totale de la 13A est de 120 kilomètres, 120 kilomètres qu’il aura fallu tracer à travers des montagnes élevées, des gouffres profonds et trois cours d’eau importants, à savoir la rivière Chay, le fleuve Rouge et la rivière Noire. Le tronçon passant par le col de Lung Lô aura été le plus dur à réaliser, coincé entre une montagne haute et un abîme.
Vivant à Thuong Bang La, la commune abritant ce fameux col, Hà Van Hô a 80 ans cette année. Il nous raconte qu’au début de 1953, alors qu’elles construisaient la route 13A, plusieurs personnes ont passé la nuit chez ses parents.
«Les travailleurs civils de Thuong Bang La et 300 autres ont participé à la construction de la route. Ils étaient répartis en trois équipes, la première étant chargée de donner l’alerte aux travailleurs en cas de survol d’avions ennemis, la seconde ayant pour mission de secourir les véhicules engloutis dans la boue et la troisième assurant le secours des blessés et le transport d’armes et de munitions», se rappelle-t-il.
Au total, 124.000 soldats du génie militaire et travailleurs civils ont utilisé des dizaines de milliers de perches de bambous et de troncs de bois offerts par la population locale pour construire la route traversant le col de Lung Lô: un véritable exploit qu’ils ont accompli en 200 jours et nuits. Par cette route, des dizaines de milliers de véhicules ont transporté des armes, des munitions et de l’alimentation depuis Thuong Bang La jusqu’à Diên Biên Phu. Et ce, sous des bombardements incessants: au moins 12.000 tonnes de bombes, parfois jusqu’à 200 bombes par jour. Durant toute la campagne, on recensait chaque jour entre 16 et 18 attaques aériennes françaises contre cette zone. Hà Van Hô n’a rien oublié de ces jours historiques…
«La route traverse un marais que même les buffles ne pouvaient pas passer. C’est du côté du village de Tham. Les habitants ont apporté des troncs d’arbres, certaines familles ayant donné du bois qu’elles avaient préparé pour construire leur maison… Ils ont donné tout ça pour que les travailleurs civils puissent constituer une sorte de nivellement rudimentaire sur laquelle ils ont mis une couche de terre. Quant aux avions, ils étaient légion. Ils nous attaquaient tous les jours, entre le hameau de Da et le sommet du col de Lung Lô», raconte-t-il.
Photo: VOV |
Le 27 avril 2011, le col de Lung Lô a été officiellement reconnu par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme comme étant un site historique de niveau national.
Au sommet du col, une stèle commémorative a été érigée. Les habitants et les touristes de passage y font halte pour brûler des bâtonnets d’encens à la mémoire des héros de la guerre. C’est le cas de Lê Thi Nhu Quynh, institutrice à la maternelle de Thuong Bang La.
«Chaque année, à l’occasion de l’anniversaire de l’Armée populaire vietnamienne, le 22 décembre, notre école organise une excursion au col de Lung Lô pour sensibiliser les instituteurs et les enfants à la tradition révolutionnaire de la région. Pendant les jours fériés, les cadres et les instituteurs ont également l’habitude de venir faire des travaux de nettoyage au site commémoratif situé au sommet du col», partage-t-elle.
Aujourd’hui, la route traversant le col de Lung Lô a été modernisée. Plusieurs nouveaux tronçons ont été ajoutés et les pentes sont devenues beaucoup moins raides. Cela étant, ce col légendaire demeure un axe de communication crucial pour les échanges entre la commune de Thuong Bang La et les autres localités du Nord-Ouest, contribuant au développement socioéconomique de la région.