(VOVWORLD) - Phuoc Tich est un village de potiers situé au bord de la rivière Ô Lâu, à 40km au nord de Huê. Il y a 500 ans, il était le principal centre de production et de commercialisation des produits en terre cuite de tout le Centre du Vietnam. Au Musée des anciennes céramiques de la rivière des Parfums, à Huê, sont d’ailleurs conservés plus de 5000 produits de Phuoc Tich, datant des 17
e et 18
e siècles, qui témoignent de la diversité et de la qualité exceptionnelle des céramiques du terroir.
 Le potier Luong Thanh Hiên (droite). Photo: VOV |
À l'instar d’autres villages de potiers du Nord et du Centre septentrional, Phuoc Tich dispose de deux atouts majeurs pour développer ce métier: sa position au bord d’une rivière qui facilite les échanges avec l’extérieur, et l’abondance des matières premières que sont le bois et l’argile.
Selon les annales locales, au 15e siècle, des potiers venus de la province centrale de Nghê An se sont installés à Phuoc Tich où ils ont créé le tout premier village de potiers de la région. Les produits de Phuoc Tich ont rapidement trouvé des clients grâce à leur solidité, leur beauté et leur finesse. Et c’est ainsi que des vases, des récipients d’eau, des bouilloires, des pots, des mortiers et bien d’autres produits du village ont suivi les commerçants à travers le pays. Sous les règnes du roi Minh Mang (1791-1841) et du roi Khai Dinh (1885-1925), les potiers de Phuoc Tich fournissaient notamment, chaque mois à la cour, 30 marmites destinées à la cuisson du riz pour le roi, fait savoir Nguyên Ba Trung, l’un des quatre potiers de Phuoc Tich reconnus comme maîtres d’art.
«Tout ce que nous voulons, c’est de redonner ses lettres de noblesse au métier de potier. Les jeunes d’aujourd’hui préfèrent d’autres professions et nous les personnes âgées ne pouvons qu’essayer de les sensibiliser au savoir-faire traditionnel. Pour que ce métier puisse renaître de ses cendres, il faut de la main d’œuvre et des débouchés susceptibles de créer des revenus décents pour les artisans», constate-t-il.
De plusieurs dizaines de fours durant son âge d’or, il n’en reste à Phuoc Tich aujourd’hui qu’un seul, qui appartient à un certain Luong Thanh Hiên. Les artisans du village ont dû introduire d’autres techniques et diversifié leurs gammes de produits afin de répondre aux demandes du marché. Pour perpétuer le métier, Luong Thanh Hiên a également décidé d’ouvrir les portes de son atelier aux touristes, leur offrant la possibilité, le temps d’une journée, de se mettre dans la peau d’un potier.
«Nous continuons de fabriquer des produits traditionnels, mais aussi des produits nouveaux et contemporains à la demande des clients qui les apprécient énormément», indique-t-il.
 Des touristes étrangers au village de Phuoc Tich. Photo: VOV |
Le comité populaire de la province de Thua Thiên-Huê a approuvé un plan de conservation, de restauration et de valorisation des valeurs architecturales de Phuoc Tich. À ses valeurs architecturales s’ajoute le métier traditionnel de potier, qui pourrait faire de ce village ancien une destination de choix des touristes. De concert avec les autorités locales, les villageois ont d’ailleurs pris l’initiative d’appeler aux investissements privés pour diversifier les services touristiques et faire inscrire Phuoc Tich dans les circuits des villages d’artisanat proposés par les agences de voyage. Nguyên Van Phuc, directeur du service du Tourisme de Thua Thiên-Huê, nous en dit plus.
«Le métier de potier de Phuoc Tich fait partie du patrimoine culturel local qui mérite d’être préservé durablement, d’autant plus que son développement pourrait créer des richesses considérables. La population, les autorités locales ainsi que certaines entreprises ont d’ailleurs choisi de miser sur la formule métier traditionnel-tourisme, qui sont deux éléments finalement parfaitement complémentaires», explique-t-il.
Phuoc Tich est l’un des quatre villages anciens du Vietnam à avoir été classés au titre de vestige national grâce à ses maisons anciennes, ses lieux de culte traditionnels ainsi que ses sites de culture Champa.