(VOVWORLD) - Donner un coup de pouce aux startups pour un co-développement, c’est le choix qu’ont fait plusieurs grands groupes. Mais si leurs mariages avec les jeunes créateurs d’entreprise se multiplient à un rythme rapide au Vietnam, cette collaboration n’aboutit pas toujours, faute d’avoir su nouer des liens de confiance entre les parties.
Le centre d’application des progrès scientifico-technologiques (SIHUB). Photo:saigondautu.com.vn |
Un centre d’application des progrès scientifico-technologiques (SIHUB) a été crée à Hô Chi Minh-ville. Son objectif ? Mettre en relation les porteurs de projets et les géants nationaux et créer entre les deux parties des liens de confiance. La société de technologie Sao Bac Dau (la Grande Casserole en français) a investi dans 5 startups. Son directeur, Trân Tuân Anh, estime que pour se développer durablement, une jeune entreprise doit impérativement suivre 3 règles clés : disposer de technologies récentes, se doter d’un management compétent et avoir accès à une solide chaîne de production et de distribution. Selon lui, les startups vietnamiennes ne répondraient qu’à un ou deux de ces facteurs et auraient de surcroît une confiance limitée dans les possibilités de partenariat. Leur appréhension vis-à-vis des grands groupes s’apparente un peu à l’histoire du rat qui a peur d’être avalé par un lion, explique Trân Tuân Anh :
"Les grands groupes peuvent être des clients, des investisseurs, des partenaires ou des distributeurs pour les jeunes entreprises. Malheureusement, les jeunes créateurs d’entreprise ont souvent peur d’être rachetés par les grandes entreprises. Or, nous, nous voulons juste profiter des innovations des startups pour réaliser notre propre transformation numérique et nous adapter à un monde qui change à toute vitesse”.
S’il est avéré que pour se développer, les startups ont besoin d’un réseau performant dont les grands groupes sont partie intégrante, la relation entre les deux partenaires est jugée difficile. De nombreux dirigeants de grands groupes estiment en effet que les créateurs de startup sont souvent utopistes. Nguyên Viêt Duc, directeur général de la société de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation du Vietnam a constaté un défaut commun à de nombreux jeunes créateurs, celui de ne s’intéresser qu’à leur propre passion, sans être capables de convaincre les investisseurs de la faisabilité de leur projet, faute d’une étude approfondie de marché, d’un examen de la compétitivité de l’entreprise ou des risques encourus par l’investisseur. Cependant, l’industrie 4.0 avec son lot de possibilités d’affaires et d’interactivités économiques ouvre de belles perspectives aux entrepreneurs audacieux. Une startup d’aujourd’hui peut devenir un investisseur demain. C’est le cas de Hoàng Minh Tri, fondateur et dirigeant de la société AiPac dont le siège se trouve à San Jose, dans la Silicon Valley, aux États-Unis. Aujourd’hui, il investit dans plusieurs jeunes sociétés.
“Le principal atout des startups vietnamiennes dans le domaine informatique tient au fait qu’elles possèdent d’excellents programmeurs et qu’elles connaissent bien le marché vietnamien. C’est quelque chose de très intéressant pour les investisseurs étrangers qui souhaitent pouvoir pénétrer ce marché le plus rapidement possible. Pour les startups vietnamiennes, c’est aussi une opportunité, puisqu’elles pourront collaborer avec les grandes sociétés dans la mise au point de nouvelles technologies ”, dit-il.
Si le nombre de startups augmente sensiblement au Vietnam, la majorité d’entre elles n’arriverait pas à dépasser le cap des deux ans faute d’une stratégie adaptée ou d’un manque de financement. L’accompagnement des grands groupes semblerait être un levier indispensable à leur réussite.