(VOVWORLD) - On l’a tous fait au moins une fois… Se promener en pleine nature, ramasser des feuilles et des fleurs pour les faire sécher ensuite entre les pages d’un cahier… Le résultat est un herbier, et en général, on ne sort pas de l’école primaire sans en avoir réalisé au moins un… Pour Hiên Vu, par contre, les choses sont un peu différentes. Outre que ce n’est plus une petite fille et qu’elle ne va plus à l’école depuis belle lurette, les herbiers sont pour elle bien plus qu’un passe-temps...
Photo: Hoa la co |
«Fleurs, feuilles et herbes»… Le petit atelier dans lequel j’ai rendez-vous porte bien son nom... Niché dans une petite ruelle attenante à la rue Giai Phong, dans l’arrondissement de Hai Bà Trung, il offre un subtil compromis entre herboristerie et papeterie.
Une fois sur place, je suis accueilli par un groupe de jeunes gens qui ont en commun l’amour de l’artisanat. Ils travaillent tous autour d’une grande table où l’on trouve pêle-mêle des fleurs, des feuilles et des herbes déjà séchées et aplaties, mais aussi de petits carnets de couleur ivoire, des morceaux de tissu, de la maroufle, des ciseaux, des pinceaux… Devant mon air étonné, Thanh Mai, l’une des jeunes filles qui sont là, m’apporte un début d’explication.
Hiên Vu a réussi à remplacer l’aquarelle industrielle par un liquide naturel fait à base de différents types d’argiles. Photo: Hoa la co |
«Je suis venue ici pour rencontrer d’autres personnes qui sont férues d’artisanat, comme moi. Mais j’avais aussi envie de faire un carnet pour l’offrir à une amie… Pas facile, je dois dire: c’est très fragile, les feuilles séchées!», me dit-elle.
Je vois ça d’ici… Un travail de précision, qui exige autant de délicatesse et de minutie que de sens esthétique… Typiquement un travail de fille, diront certains, pour qui les hommes ne sont que des brutes primaires, tout juste bons à exécuter des travaux de force en ahanant… Eh bien non, Mesdames! Sachez qu’un homme peut aussi faire preuve de patience, de sensibilité et de finesse (Tu vois, chérie, depuis le temps que je te le dis!...). La preuve avec Viêt Hung qui en est à son premier carnet et qui d’ores et déjà, tient la dragée haute à ces demoiselles…
«C’est la première fois, c’est vrai, et apparemment je m’en tire plutôt bien. La partie délicate, c’est quand il faut décorer la couverture avec les fleurs et des feuilles aplaties, mais pour ça, on peut compter sur l’aide de Hiên. Ce que j’aime, dans des ateliers de ce genre, c’est qu’on peut y faire des choses personnalisées originales», me confie-t-il.
«On peut compter sur l’aide de Hiên»… Hiên par ci, Hiên par là… À force d’entendre ce prénom, je finis par comprendre qu’il s’agit de cette jeune femme sympathique et entreprenante qui n’est autre que la maîtresse des lieux, et que je soumets donc à un interrogatoire en bonne et due forme… D’après ce que je comprends, c’est quand elle était étudiante en biotechnologie que lui est venue cette idée.
«À cette époque, j’allais souvent me balader en forêt ou dans des parcs… C’est comme ça que j’ai commencé à herboriser, mais surtout pour le côté esthétique... Et puis un beau jour, j’ai voulu faire un cadeau un peu original à une amie qui fêtait son anniversaire et c’est comme ça que j’en suis venue à décorer la couverture d’un petit carnet avec des feuilles et des fleurs séchées… Elle a beaucoup aimé, et moi, forcément, ça m’a donné des ailes», me raconte-t-elle.
Photo: Hoa la co |
Force est de constater que les produits que propose Hiên Vu sont porteurs d’émotions. Chaque carnet est un objet unique…
«Mes idées de décoration me viennent essentiellement des paysages naturels du Nord-Ouest: les jungles tropicales, les montagnes, les rizières en terrasse.... Chaque fois que je vais là-bas, je trouve des matériaux intéressants. C’est comme ça, par exemple, que j’ai réussi à remplacer l’aquarelle industrielle par un liquide naturel fait à base de différents types d’argiles», m’explique-t-elle.
Depuis trois ans maintenant, Hiên Vu ouvre les portes de son atelier au public: une manière, pour elle, de partager son enthousiasme pour le règne du végétal.
Hiên Vu (gauche) et des apprenants. Photo: Hoa la co |
«J’ai toujours eu à cœur de partager ma passion avec le, plus grand nombre. On peut venir ici pour apprendre à travailler les matières premières et à créer des carnets. Mais parfois, il arrive que les gens apportent des idées originales et là, je suis toujours preneuse», me dit-elle.
Chaque mois, Hiên Vu vend environ 200 carnets de sa fabrication, aussi bien au Vietnam qu’à l’étranger. Elle n’hésite pas, pour cela, à recourir à des plateformes de commerce en ligne, et apparemment son carnet de commande (elle doit bien en avoir un, tout de même!) ne désemplit pas.