Photo: Institut français de Hanoi

S’il y a une part de chance dans la réussite de Do Phuong Nhi, elle doit résider dans le fait de naître au sein d’une famille de musiciens. Violonistes tous les deux, ses parents ont rapidement reconnu son talent musical.

«Quand j’avais trois ans, j’ai essayé d’imiter ma mère au violon. Mais le son était si mauvais que je me suis mis à pleurer. Mes parents ont tout de suite ressenti quelque chose de particulier en moi.»

Ses premiers cours de violon lui ont été donnés par Ngo Van Thanh, qui était aussi le professeur de ses parents. Il n’était pas facile pour la jeune enfant de cumuler l’école et la pratique intensive du violon.  «C’était vraiment pénible au début, confie Phuong Nhi. J’étais aussi jalouse de mes amis qui pouvaient se relaxer chez eux le soir, tandis que moi, je devais m’entraîner sans cesse. Mais plus je jouais, plus je récoltais les fruits de mes sacrifices, notamment les applaudissements à l’issue de mes représentations en public. Rien ne peut être comparé à ce sentiment-là.»

Phuong Nhi s’est fait connaître en tant que musicienne à l’âge de onze ans pour son interprétation du concerto en mi mineur de Felix Mendelssohn, accompagnée par l’orchestre symphonique national du Vietnam. « J’ai joué dans une petite fête à laquelle participaient le chef d’orchestre Tetsuji Honna et le violoncelliste Ngo Hong Quan, raconte Phuong Nhi. Les deux hommes ont discuté et ont décidé de m’inviter à me produire avec l’orchestre symphonique du Vietnam. J’ai ouvert la soirée. Je me sentais transcendée par la joie et l’excitation, si bien que je n’ai ressenti aucune pression.»

Depuis, Phuong Nhi a eu l’opportunité de jouer avec l’Orchestre symphonique national lors des prestigieux concerts de Toyoto en 2011 et 2013, toujours dirigés par Tetsuji Honna. La jeune violoniste a également été invitée par des orchestres norvégiens comme Forvarets Musikk, Romerike symphony orchestra ou encore Trondheim Solistene. En mai dernier, elle a joué le concerto en sol mineur de Max Bruch avec l’orchestre symphonique américain Fort Collins.

«Chaque orchestre a son propre style, dit Phuong Nhi. Avant tout, je dois être parfaite. Parfois, j’ai deux ou trois répétitions avec l’orchestre. Mais il arrive aussi que je ne puisse le rencontrer qu’une seule fois pour préparer le concert. Donc, l’important, c’est de bien se préparer.»

Phuong Nhi possède un répertoire musical très varié. Aucun style ne l’effraie. Elle passe de Bach, Brahms aux plus grands concertos classiques en passant par les pièces des virtuoses Paganini, Kreiler et César Franck. Lors de son récital à l’institut français de Hanoi le 13 juillet dernier, Phuong Nhi a présenté au public un programme varié, allant de la sonate n^o1 en sol mineur pour violon de Jean-Sébastien Bach, au caprice n^o19 de Niccolo Paganini en passant par le Tambourin chinois de Fritz Kreisler.

 «J’ai beaucoup aimé son style, très professionnel et plein d’émotion.», nous dit Luu Danh Duc.

«Je l’avais écoutée quand elle était plus jeune. Phuong Nhi a fait de remarquables progrès depuis.» indique Bui Cong Thanh.

 En 2015, Do Phuong Nhi avait décroché le premier prix du concours Sparre Olsen pour les jeunes talents.

“J’avais pris ce concours-là comme un défi. J’étais ravie d’avoir décroché le premier prix, mais je m’étais dit qu’il ne fallait pas en être trop fière, sinon je n’aurai plus eu aucune motivation pour me perfectionner.”

Titulaire d’une bourse de l’organisation norvégienne Playing for a future, Do Phuong Nhi poursuit actuellement ses études universitaires à l’Institut de musique Barratt-Due d’Oslo. Dans un avenir proche, la jeune violoniste souhaite achever ses études. Une carrière de soliste? Phuong Nhi n’y pense pas trop pour l’instant, car «je suis contente tant que je peux jouer au violon. Peu importe le reste.»