(VOVWORLD) - Phan Thanh Liêm... Pour ceux qui s’intéressent aux marionnettes sur eau, ce nom n’est pas inconnu. Il faut dire que Phan Thanh Liêm ne manque ni d’énergie, ni d’imagination, lorsqu’il s’agit de transmettre son savoir-faire aux jeunes générations et de faire connaître ce qui reste l’un des fleurons de nos arts folkloriques au plus grand nombre.
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Phan Thanh Liêm monte son petit atelier-théâtre chez lui, dans une ruelle attenante à la rue Khâm Thiên, pas trop loin du vieux quartier de Hanoï. Lorsque j'arrive, deux enfants sont déjà là: Ngoc Linh, 9 ans, et Minh Hoang, 8 ans, qui suivent attentivement la fabrication des marionnettes.
- «Voilà, c'est Tễu, celui qui fait le narrateur. Il faut prendre du bois pour sculpter son corps et ses bras avant d'y appliquer une couche de peinture. Ce n’est qu’après qu’on ajoute le mécanisme qui permet de contrôler les mouvements. Ça prend à peu près une dizaine de jours…»
- «Mais elle est lourde, la marionnette...»
- «Oui, c’est vrai. Regarde, maintenant, je vais enchâsser ce morceau de caoutchouc à la base de chaque personnage. Voilà, c’est fait. Alors… Pour pouvoir maîtriser Tễu, vous devez écouter la musique pour le faire entrer sur scène au bon moment, puis donner du mouvement aux mains en suivant le rythme. Enfin, ça, c’est facile à dire, mais à faire, c’est une autre histoire!»
A entendre ce dialogue entre le vieux maître et ses tout jeunes apprentis, on pourrait se croire dans l’atelier de Gepetto, et effectivement, il y a de ça, magie comprise….
Photo: roinuocvietnam.com |
Le théâtre de Phan Thanh Liêm est en fait une version allégée du théâtre traditionnel de marionnettes sur eau.
«Avec ce petit théâtre ambulant, les spectacles de marionnettes sur eau peuvent être présentés dans les écoles, dans les maisons, dans les régions montagneuses et reculées et même à l’étranger. Et puis, ça me permet de transmettre mon savoir-faire à davantage de personnes, et notamment à des enfants», nous explique-t-il.
Nos deux petits marionnettistes amateurs, à moitié plongés dans l’eau et cachés derrière un rideau de bambou, apprennent à manipuler les poupées de bois et à maîtriser les poulies, les ficelles… Très vite, ils basculent dans un autre monde, un monde magique.
«J'aime beaucoup regarder les spectacles de marionnettes sur eau mais je n’aurais jamais cru que ça pouvait être si difficile à manipuler! C’est vraiment amusant, en tout cas», nous dit Ngoc Linh.
Même enthousiasme du côté de Minh Hoang:
«J'ai appris à manipuler les dragons qui nagent en crachant de l'eau», nous raconte-t-il. «Ce difficile mais je m’en sors plutôt bien. Moi, ce que je préfère, ce sont les combats de buffle, parce qu’il y a beaucoup d’éclaboussures!»
Il faut en moyenne deux ou trois heures d'entraînement avant que le spectacle commence. Thanh Liêm propose chaque semaine quatre ou cinq séances de ce type. Il se déplace volontiers, sûr de faire la joie des enfants, mais aussi celle de leurs parents.
«J'ai regardé tout ça avec des yeux d'enfant», nous dit l’un d’eux. «Je trouve ça bien parce que les enfants peuvent apprendre plein de choses, notamment sur les marionnettes sur eau.»
«Les enfants peuvent apprendre plein de choses», oui. A côté des oeuvres classiques racontant la vie quotidienne des paysans vietnamiens d’antan, Thanh Liêm tente aussi de créer de nouvelles pièces sur la circulation routière, sur la souveraineté maritime et insulaire, ou encore sur la protection de l’environnement.
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«Je viens d'inventer par exemple une pièce sur les rodéos auxquels se livrent certains jeunes à scooter et qui finissent en général par des accidents. C’est une façon comme une autre de sensibiliser les enfants aux dangers de la route.»
Photo: roinuocvietnam.com |
Phan Thanh Liêm est en passe de réussir son pari: redonner aux marionnettes sur eau une nouvelle vie.