(VOVworld) - «Est-ce-que je suis vraiment fait pour ce métier ?»… Cette question-là, elle nous taraude tous un jour ou un autre. Il est souvent bien difficile d’y répondre. C’est pourtant ce que tente de faire «Chuyen cua nghe» - «Histoire de métiers», en français.
Lai Hong Vy
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J’ai pu enfin pu me procurer «Chuyen cua nghe» après avoir bien fouillé chaque librairie de la rue Dinh Le. Il faut dire que le livre en question était presque en rupture de stock. Et pourtant, ce n’est pas vraiment ce qu’on a coutume d’appeler un «best-seller». Il s’agit tout simplement d’un recueil de récits, dans lequel des gens comme vous et moi nous parlent de leurs métiers. Lai Hong Vy, une des auteurs, fondatrice du projet "Chuyen cua nghe":
« Etudiante, je travaillais comme volontaire pour une ONG australienne. L’ONG en question m’a proposé de devenir coordinatrice pour la communication à la fin de mes études. Je me souviens encore du jour où j’ai reçu la lettre de proposition, j’étais en train de rédiger mon mémoire et j’en ai pleuré de joie. C’était une offre de rêve ! je pensais qu’avant de pouvoir travailler pour cette ONG-là, il m’aurait fallu un CV beaucoup plus imposant… Mais au bout d’un an, je me suis rendue compte que je faisais fausse route. Je n’avais plus aucun plaisir. Je me demandais souvent pourquoi, et puis j’ai fini par comprendre que j’avais perdu tout contact avec la réalité. Mon travail consistait surtout en des échanges en ligne. Ma journée commençait à 7h et terminait à 19h. Je ne parlais à personne à part de mes collègues. Je n’avais même pas de temps de parler à ma soeur. Et j’ai eu peur, peur de ne plus pouvoir créer. »
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Photo: toatau.com |
Laissant de côté son travail, Hong Vy est retournée à ses anciens loisirs: écrire et photographier les gens qu’elle rencontre dans sa vie quotidienne.
«Chuyen cua Nghe» a débuté par pure curiosité. Je suis vraiment curieuse de ce que font les autres. Je peux observer pendant des heures un serveur, regarder sa façon de dire bonjour, de verser de l’eau ou de porter un plateau. Au début je pensais rédiger de petites histoires et les poster sur facebook, mais très vite, je me suis lancée dans un véritable projet pour participer au concours Media connect. Et aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, mon projet a attiré l’attention du public. »
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Photo: Chuyen cua nghe |
Les personnages de «Chuyen cua nghe» sont des gens normaux, «normaux» dans le sens où on peut les croiser facilement dans la rue : un marchand, un coiffeur, un chauffeur... rien de très spécial. Mais ils ont tous un point commun: ils sont accaparés par leur métier. Ba Cu Nang, par exemple, qui se fait appeler «Madame Châtaignes d’eau». A 79 ans, elle vit seule et vend des châtaignes d’eau pour gagner sa vie. Chaque jour, elle va au marché dès le petit matin pour en acheter cinq kilogrammes, pas plus : n’ayant pas de frigo, elle ne veut pas jeter les fruits pourris ni les vendre.
« Au début, je pensais choisir des gens qui exercent un métier assez particulier, qui sont connus… mais je n’ai trouvé personne qui réponde à ces critères-là. Alors j’ai décidé de me recentrer sur les personnages que je côtoie dans la vie quotidienne et de me mettre vraiment à leur écoute.
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Photo: Chuyen cua nghe |
Avec «Chuyen cua nghe», j’ai voulu miser sur l’authenticité des récits. Du coup, j’ai dû faire plusieurs allers-retours pour rencontrer les gens et les écouter. Je n’ai retenu que ceux qui étaient optimistes, qui gardaient foi en l’existence en dépit de toutes les difficultés. »
S’il faut donner un nom à ce que je fais maintenant, je préfère m’appeler «raconteuse», nous dit Hong Vy. Raconter pour inspirer. Dans cet esprit, la dernière page de «Chuyen cua nghe» est blanche, pour que chaque lecteur puisse y inscrire sa propre histoire...