(VOVworld) - Trois ans après la publication de son deuxième ouvrage « Xach balo len va di - Dung chet o chau Phi» - « Prends ton sac à dos et va t'en - Ne meurs pas en Afrique », également trois ans après avoir été au centre de discussions acerbes autour de l’ « authenticité » de ses voyages pour le moins originaux, Nguyen Thi Khanh Huyen, alias Huyen Chip, est de retour au Vietnam pour présenter au public un troisième livre, intitulé « Giac mo My - duong den Stanford » - « Le rêve américain - un parcours à Stanford ».
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Huyen Chip. Photo: nguoiduatin |
Ce dimanche après-midi, jour de la publication du dernier livre de Huyen Chip, l’auditorium de l’Institut français de Hanoi n’a plus aucune place libre. La plupart des spectateurs sont très jeunes; on voit même de petits enfants qui sont venus avec leurs parents. Une chose est certaine: Huyen Chip ne laisse personne indifférent.
Il y a quatre ans, cette jeune fille née en 1990 est devenue un véritable « phénomène » avec la sortie d'un premier ouvrage intitulé « Xach balo len va di : Chau A la nha - Dung khoc » - « Prends ton sac à dos et va t'en: l’Asie est en toi, ne pleure pas ». Cette histoire d’une jeune fille qui traverse 25 pays avec seulement 700 dollars américains en poche a donné des ailes à de nombreux jeunes vietnamiens qui ont voulu, eux aussi, partir à l'aventure, pour des périples riches en expériences. « Prends ton sac à dos et va-t’en »... Tout un programme...
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Huyen Chip à Cuba. Photos extraites du livre "Giac mo My - duong den Stanford"
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Mais un programme qui apparemment en a laissé plus d'un sceptique. "Peut-on vraiment traverser 25 pays avec seulement 700 dollars américains en poche?", "Comment a-t-elle pu obtenir des visas?", "A-t-elle voyagé illégalement?"... Autant de questions qui ont commencé à ternir la réputation d'Huyen Chip. C'est qu'on ne met pas ses pas dans ceux d'Ella Maillart, Nicolas Bouvier, Jack Kerouac - la grande trilogie des écrivains-voyageurs - sans faire des envieux!...
"Ca a été vraiment une période difficile pour moi, pour moi et pour ma famille, en fait... C'est toujours facile de se réfugier derrière son écran d'ordinateur pour attaquer quelqu'un sur Internet... Seulement, il y a des mots qui blessent, et dans certains cas, les blessures sont plus profondes qu'il n'y parait..."
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Huyen Chip élue « l’assistante de cours la plus amicale »
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En octobre 2013, alors qu'elle était encore au coeur de toutes ces discussions parfois véhémentes, Huyen Chip a commencé à préparer, en silence, son retour sur les bancs d’école. Ayant convaincu le jury de l’université de Stanford avec un essai sur les iniquités d'une société mysogine, elle est arrivée à la Silicon Valley, avec en tête l’idée d’une deuxième chance, d'un nouveau départ. Mais c’était à l’université de Stanford, là où l'élite côtoie l'élite, où les meilleurs rivalisent avec les meilleurs...
"Les gens que j'ai rencontrés à Stanford avaient tous un point commun: ils avaient un but qu'ils poursuivaient depuis leur plus jeune âge. Je me rappelle de l'un d'entre eux qui était passionné par les fusées et qui avait appris lui-même à en fabriquer. Il a gagné plusieurs compétitions et a pu participer à des projets de la NASA, et notamment à six lancements de fusées. Un autre avait commencé à jouer aux échecs à l'âge de cinq ans avant de devenir champion du monde à treize ans... Et au fond, je pense que c'est ça, qui fait la différence, en tout cas pour le jury de Stanford: ce mélange de passion et de détermination absolue... C'est vrai pour moi, d'ailleurs: c'est le vécu de mes aventures qui a emporté l'adhésion du jury, pas ma petite notoriété, qui d'ailleurs, ne dépasse pas les frontières du Vietnam!..."
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Rencontre avec Adam Johnson, écrivain américain qui a remporté le prix Pulitzer du roman 2013 pour « The Orphan Master's Son ».
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Dans son livre « Giac mo My - duong den Stanford » - « Le rêve américain - un parcours à Stanford », Huyen Chip décrit ses expériences d’étudiante à Stanford. Stanford, c'est vraiment le summum de tout ce qui peut se faire en milieu universitaire: des professeurs parmi les meilleurs, des cours parfois ardus mais toujours passionnants, des opportunités à ramasser à la pelle... Oui, mais il y a le revers de la médaille... C'est en effet à Stanford qu'est né le fameux « duck syndrome » - « le syndrome du canard »... Après deux ans passés à Stanford, Huyen Chip a réalisé que ses camarades, aussi intelligents et brillants fussent-ils, étaient en permanence en proie à une pression de plus en plus infernale...
"A Stanford, on travaille en moyenne soixante heures par semaine... Il n’y pas de rencontre anodine là-bas. Les gens se parlent seulement lors des repas, ou lorsqu'ils travaillent ensemble. Dans cet environnement où le temps est si chichement compté, on n'a personne pour parler quand on se sent stressé. Chacun est seul face à lui-même et personne ne fait attention à l'autre... C'est vrai qu'à Stanford, les étudiants ressemblent un peu à des canards, qui sont si beaux, si paisibles sur l’eau, mais qui doivent nager énormément pour ne pas couler."
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…entourée de ses fans. Photo: Phuong Nguyen/VOV |
Eh bien il faut croire qu'Huyen Chip a les pattes solides car non seulement elle n'a pas coulé, mais elle a même réussi à devenir l'assistante de cours. Son domaine de spécialisation? L'intelligence artificielle. Son prochain livre? Un livre destiné à présenter la culture vietnamienne.
Eternelle voyageuse, jeune femme aux semelles de vent, pour reprendre l'expression de Verlaine, Huyen Chip n'a pas fini de tracer sa route...