C’était en 1813. L’expression, tout comme son auteur présumé, a depuis largement passé le cap de la postérité: on en use et en abuse, notamment à la veille de ces rencontres sportives où la France paraît promise à une défaite piteuse, ce qui, dans bien des cas, finit quand même par se produire…
«Impossible n’est pas vietnamien»… Ainsi transposée, l’expression pourrait tout à fait servir de devise à celles et ceux des membres de la diaspora qui s’évertuent à préserver la pratique du vietnamien par la lecture dans des contrées où il est difficile, sinon impossible, de se procurer les ouvrages ad hoc.
Des livres de Tiêm Mot. Photo: Tiêm Mot |
- «Moi, je suis ici, au Royaume-Uni, pour mes études. J’aime bien lire et tant qu’à faire, des livres en vietnamien! J’ai de la chance parce que je suis tombée tout à fait par hasard sur Tiêm Mot: c’est une librairie en ligne où on peut trouver beaucoup de choses»
- «J’ai découvert Tiêm Mot sur la page Facebook de l’association des étudiants vietnamiens en Allemagne. Je suis rapidement devenu un client fidèle»
«Je réside aux États-Unis depuis longtemps. Pas facile, ici, de trouver des livres en vietnamien… Mais grâce à Tiêm Mot, je peux lire des histoires en vietnamien à mon enfant, et ça, c’est formidable»
Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis… Partout des Vietnamiens expatriés, partout le même désir de rester connecté avec sa culture et donc sa langue…
Tiêm Mot, donc… Créée il y a seulement six mois dans un petit appartement douillet d’Espoo, en Finlande, cette librairie en ligne a rapidement fait le tour du monde vietnamophone, et ça tombe bien car des vietnamophones, il y en a partout… France, Allemagne, Belgique, Suède, Norvège, Danemark, Canada… Le plaisir de lire en vietnamien a s’est propagé aux cinq continents… Un succès planétaire, donc, derrière lequel se cache une certaine Nguyên Quynh Hanh, 30 ans aujourd’hui, ancienne hôtesse de l’air, et expatriée, donc, en Finlande.
Nguyên Quynh Hanh, fondatrice de Tiêm Mot, et son enfant lisent des ouvrages en vietnamien. Photo: Tiêm Mot |
«Ouvrir une librairie, c’était un vieux rêve qui s’est transformé en réalité!», nous confie-t-elle. «Ici, en Finlande, il est extrêmement difficile, voire impossible, de se procurer des ouvrages en vietnamien. Et avec la crise sanitaire, impossible de retourner au Vietnam… C’est comme ça que m’est venue l’idée de cette librairie en ligne. L’idée de départ, c’était d’aider les mères de famille, comme moi, qui veulent que leurs enfants puissent lire en vietnamien. J’ai alors pris contact avec des maisons d’éditions comme Tri Viêt, Nha Nam, Kim Dông, Dinh Ty…»
Chaque mois, Tiêm Mot vend en moyenne plus de 1.000 ouvrages via ses pages Facebook. Les clients peuvent consulter les avis des lecteurs et choisir en toute connaissance de cause. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges, comme nous le fait remarquer Nguyên Quynh Hanh.
«C’est un public vraiment très varié. Il y a des parents qui cherchent des livres pour leurs enfants, des étudiants, des personnes âgées... Il y a également des gens qui achètent des livres bilingues sur le Vietnam pour les offrir à des amis», nous explique-t-elle.
La librairie est en plein essor. Beaucoup de jeunes expatriés ont décidé de se joindre au projet. En Suède, par exemple, la représentante de Tiêm Mot est une jeune femme dynamique répondant au nom de Nguyên Ngoc Linh.
«Pour le dernier Noël, j’ai trouvé les livres sur le site de Tiêm Mot, que j’ai offerts à mes neveux et nièces. Ils adorent… Moi, je rédige toujours un commentaire après avoir lu un livre: ça crée une sorte de réseau de lecteurs, comme ça»
Un réseau… Tiêm Mot est une librairie ordinaire en ceci qu’on y vend des livres, comme le ferait un site de vente en ligne du type Amazon ou autres… Mais c’est aussi un forum, ouvert à tout un lectorat vietnamophone…
Nguyên Quynh Trang, elle, travaille en Allemagne. Elle y est la représentante de Tiêm Mot.
«Ça marche très bien. Il y a des gens qui m’envoient des livres par paquets… Chaque semaine, je poste des mini fiches de lectures sur le site, et aussitôt, dans la demie heure qui suit, j’ai des réservations», nous raconte-t-elle.
La lecture permet de découvrir des mots nouveaux, d’enrichir son vocabulaire et son savoir... Pour qui vit loin de chez soi, c’est aussi le moyen d’entretenir un lien avec sa culture d’origine, et ça, Tiêm Mot l’a parfaitement compris.