(VOVWORLD) - L’effet de serre est l'une des principales causes du réchauffement climatique. Il est le résultat de l'industrialisation et du trafic urbain, qui aboutissent à des émissions de dioxyde de carbone. Au Vietnam, le principal coupable a deux roues et un pot d’échappement: c’est la moto, l’un des moyens de locomotion les plus utilisés dans le pays, eu égard à son prix et à l’attrait qu’il exerce sur les jeunes... Seulement, le niveau de pollution devient alarmant, bien assez, en tout cas, pour faire l’objet de débats, de colloques ou d’autres réunions, comme la table ronde qui a été organisée le 29 août dernier à l'Institut français de Hanoi, et dont Anh Tuân nous propose un compte-rendu.
Photo Anh Tuan
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Selon les chiffres publiés par le ministère des Transports en 2019, la ville de Hanoi compte 5,7 millions de motos immatriculées, contre 8,1 millions pour Hô Chi Minh-ville. Cependant, les experts estiment que ces chiffres restent sous évalués: beaucoup de véhicules en circulation proviennent d'autres régions ou ne sont pas encore immatriculés.
Une réalité préoccupante…
Bien qu'en principe moins polluante que la voiture, la moto est à l’origine de 80 à 90% des gaz à effet de serre émis au Vietnam. Elle n’en demeure pas moins le moyen de locomotion numéro un du Vietnamien moyen. Il faut noter que 90% des véhicules en circulation dans le pays sont des motos. C’est ce qui ressort des propos de Vu Anh Tuân, maître de conférences à l’Université des Transports Hanoi.
«La moto, c’est le moyen de transport le plus adapté aux grandes villes», constate-t-il. «Cela étant, ce n’est certainement pas ce qui se fait de mieux en termes de sécurité et de gestion du trafic. Et que dire des gaz à effet de serre… Si vous prenez une moto et une voiture lancée à une vitesse équivalente, c’est la moto qui en produit le plus… Il faut dire que ça utilise des technologies plutôt obsolètes, une moto. Mais bon, que voulez-vous? Pour l’instant, il n’y a pas vraiment d’alternatives…»
«Des technologies obsolètes»… Effectivement. Rien qu’à Hanoi, 2,5 millions de motos sont des modèles qui datent d’avant les années 2000…
… mais pas une fatalité
En 1999, Taïwan comptait 11 millions de motos, soit une situation équivalente à celle que connaît notre pays aujourd’hui. Sur place, les autorités ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps, en mettant l’accent sur la sensibilisation, le développement de technologies plus propres et l'entretien des véhicules, comme nous l’explique Trinh Thi Bich Thuy, expert en environnement et en développement durable.
«La communauté internationale cite souvent Taïwan en exemple pour ses politiques de réductions d'émission de gaz à effet de serre: moins 40% entre 1999 et 2009. Il faut dire que sur place, des mesures simples, mais efficaces été prises: les motos jugées trop vieilles ont été retirées de la circulation, les transports en commun ont été développés… Mais surtout, il y a eu un vrai travail de sensibilisation auprès de la jeunesse en vue d’un changement radical des comportements», nous dit-il.
En 2000, la Thaïlande a elle aussi décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant un programme qui consistait à racheter de vieilles motos usées pour les remplacer par d’autres, plus conformes aux nouvelles normes environnementales.
«À cette époque, beaucoup de Thaïlandais considéraient la moto comme un outil de travail. Comme ces personnes n’avaient bien souvent pas les moyens de s’offrir de nouvelles motos, le gouvernement a eu l'idée de leur en donner, mais en exigeant en contrepartie que des contrôles fréquents soient exercés. Sur le long terme, c’est un très bon calcul, je pense», ajoute Trinh Thi Bich Thuy.
Certaines solutions technologiques ont également été trouvées, notamment en République de Corée ou au Japon, comme nous le confirme Do Hoài Nam, un jeune Hanoien.
«Il y a beaucoup de technologies qui aident à réduire la pollution comme par exemple l'injection électronique, ou encore l'injection automatique, qui sont des inventions japonaises. Personnellement, j'utilise une nouvelle technologie coréenne, qui consiste en une barre de céramique qu'on met dans le carburant et qui permet de réduire de 70% ses émissions des gaz», nous assure-t-il.
Bien évidemment, un Vietnam sans moto, ce n’est pas à l’ordre du jour. Un Vietnam avec de meilleures motos, par contre, ça reste tout à fait envisageable, surtout s’il y va du bien-être collectif.