(VOVworld) - Si la musique moderne a de plus en plus recours aux moyens automatisés de production sonore, comme les synthétiseurs, les sampleurs, les ordinateurs, l’acoustique, au contraire, se base sur l'emploi d'instruments de musique “classiques”. Mais attention, le mot “classique” peut prêter à confusion, et en l’occurrence, la musique dite “acoustique” n’a rien de nostalgique. Au contraire, elle décoiffe, elle défrise : aucune de ces vieilles perruques poudrées du 18ème siècle n’y résisterait !  Vous aurez tous connu Gangnam style, un air qu’on ne présente plus, tant il a fait fureur dans le monde entier, et que l’on entend encore aujourd’hui, dans les bars ou les discothèques...  

Mais attention ! Les vrais adeptes sauront bien évidemment reconnaître la version acoustique qui était sortie six mois après, que l’on doit à deux jeunes filles sud-coréennes. En réalité, une version « acoustique » ne constitue pas une déformation de l’original. Il s’agit simplement de redonner une seconde jeunesse à une musique, qu’elle en ait besoin ou non.    

Le morceau « La fleur de l’impermanence » du compositeur Trinh Cong Son est souvent reproduit à  Zbar Cafe qui donne sur la rue Nam Cao où se retrouvent beaucoup de jeunes artistes amateurs, qui ont même formé un groupe baptisé « unplugged » - « débranché », en français - qui est le vocabulaire habituellement utilisé pour qualifier ceux qui pratiquent ce type de musique.   

Au « Zbar », on écoute toutes sortes de musiques, depuis des chansons étrangères très classiques telles que « Can  you feel the love tonight ? », « Nothing gonna change my love for you », jusqu’à des chansons beaucoup plus récentes comme « A bad day », ou encore des fleurons du répertoire vietnamiens incluant des oeuvres de Trinh Cong Son ou de Giang Son…

La salle, petite, il est vrai, est souvent archi-comble dès 8 heures du soir. Ce soir, c’est un chanteur accompagné d’une petite percussion et d’une guitare qui est sur scène. Rien de très spectaculaire, donc, mais la musique acoustique s’accommode plutôt bien de cet aspect intimiste : le son ne doit pas être trop dilué. Ici, l’usage est de ne pas fumer et de ne pas bavarder pour respecter le travail de l’artiste qui se produit sur scène. Ha Manh Tuan appartient au groupe Z. Il donne aussi des cours de formation de guitare acoustique pour les amateurs. Il confie :

« En tout, nous avons deux percussionnistes, deux guitaristes et deux chanteurs qui travaillent en rotation, ce qui ne fait jamais qu’un seul trio par soir. La musique acoustique, ça suppose une ambiance plutôt calme. D’ailleurs, vous voyez, le public ne s’y trompe pas. Tous les soirs, il y a de nouvelles demandes à satisfaire... Mais vu l’affluence qu’il y a ici, ça veut dire que ça marche bien. »         

Au Vietnam, la musique acoustique a la faveur des artistes, notamment des jeunes, pour lesquels c’est le moyen privilégié d’entrer en contact direct avec le public lorsqu’ils montent sur scène. Certains se sont d’ailleurs taillés des succès mémorables. On se souviendra notamment de « La guitare des étudiants » de My Tam qui a fait vibrer toute une génération, ou encore de la version guitaristique de « Je te berce » de Trinh Cong Son, avec la belle voix de Hong Nhung.

« Même si l’électronique se développe, l’acoustique occupe toujours une position privilégiée dans le paysage musical, nous dit Ha Manh Tuan. Ça va droit au cœur du public ! C’est pour ça qu’aujourd’hui, les jeunes sont à la recherche de ce genre de sensations. Pour beaucoup de garçons, il s’agit d’ailleurs de pouvoir interpréter une chanson pour leur belle ! C’est très romantique, vous voyez ! »        

Récemment, les adeptes de l’acoustique se sont emparés d’un morceau intitulé « Peu de soleil, peu de pluie » du jeune compositeur Hoang Ton, aussitôt après sa sortie, avec un succès qui ne s’est jamais démenti, ce qui montre bien que décidément, rien ne vaudra jamais l’émotion suscitée par un être humain qui s’exprime avec toute sa fragilité