(VOVworld) - « C'était formidable! Il n'y a rien de plus émouvant pour un écrivain que de voir jouer son oeuvre comme ça et c'était vraiment bien. C'était merveilleux pour moi. J'étais là. Je pleurais. C'était fantastique ! »... Susie Morgenstern, écrivaine française d’origine américaine, est l’auteur d’une centaine de livres qui ont déjà suscité un bel engouement auprès de milliers de jeunes lecteurs du monde entier. Et pourtant, elle n’est pas blasée. Oui, c’est vrai, l’émotion est palpable, chez elle. Il faut dire que les élèves francophones de Hanoi qui étaient à l’Espace ce jour-là lui avaient réservée une belle surprise en mettant en scène certains de ses textes.
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« Salah a des copains, des frères et sœurs, des camarades, de la famille en Algérie, mais pas d'amis. Il a le téléphone, mais personne à appeler. Il a un annuaire, mais tous ces noms d'inconnus rangés par villes et par ordre alphabétique lui donnent le vertige. Pourtant il meurt d'envie de décrocher le combiné, de faire tourner le cadran avec ses doigts, de dire « Allô ? » et d'entendre une voix lui répondre. Ce sera son premier coup de fil. Et peut-être son premier ami. Quand enfin il se jette à l'eau et compose un numéro pris au hasard dans l'annuaire, c'est une fille qui lui répond. Elle est en CM2 comme lui. [...] » C'était la voix claironnante de Nguyễn Đình Duy, élève de 6ème au collège Ly Thai To, qui est aujourd'hui narrateur d'un sketch adapté au roman « Les deux moitiés de l'amitié » de Susie Morgenstern. Et dans ce sketch, ce sont des siècles d'histoire, de culture et de religion qui défilent, avec en filigrane les différences entre juifs et musulmans, le tout vu sous un angle particulièrement rafaîchissant et optimiste.
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Nguyễn Đình Duy, élève de 6ème au collège Ly Thai To. Photo: VOV/Duc Quy
« C'est un roman très intéressant, qui m’a fasciné tout de suite », dit Nguyễn Đình Duy, « Salah qui est un garçon arabe a trouvé par une conversation téléphonique une amie qui s'appelle Sarah. Mais elle est juive. Ces deux enfants proviennent de deux peuples ennemis mais pour autant, ils ne se détestent pas. Ils ont décidé de devenir amis et n'ont rien dit à leurs parents et aux autres de leurs conversations. C'est formidable! Ce roman me permet aussi de comprendre de ce qui se passait il y a une vingtaine d'année, à une époque où personne n'avait encore de téléphone portable. »
Pour le lecteur comme pour l'auteur, ce texte véhicule l’espoir de voir naître une génération affranchie de ce conflit qui aura semé la mort et la désolation. Susie Morgenstern : « Je rêve dans mes livres. Je voudrais qu'il y ait cette amitié. Moi, je suis juive et je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas être proche. Donc, je fais dans mes livres ce qu'on ne peut pas faire dans la vie. Ça me rend triste. Je fais ça comme un rêve de paix et de bonheur entre les peuples. »
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Les élèves du lycée Hanoï-Amsterdam, eux, ont voulu aller plus loin en créant un autre sketch permettant de donner un nouvel éclairage sur cette amitié entre Victoire, Ernest et ses camarades dans « Lettres d’amour de 0 à 10 ». C’est Trần Nguyễn Ngọc Mai, une élève de 10ème, qui joue le rôle de Victoire: « Plus je lis, plus l'histoire me séduit. Ce livre réveille de vieux souvenirs et pose beaucoup de questions. Pourquoi on ne peut pas vivre comme Ernest? Pourquoi on ne peut pas devenir plus audacieux comme Victoire? Victoire, elle est toujours le symbole de toutes les filles de 10 ans d'hier et d'ajourd'hui. Tous les personnages suscitent beaucoup d’émotion. C'est pour ça que je continue à lire ce livre et à trouver des idées pour cette scène. »
Trần Nguyễn Ngọc Mai (à gauche) et Đặng Vũ Lam Phương (à droite),
élèves du lycée Hanoï-Amsterdam. Photo: VOV/Duc Quy
Đặng Vũ Lam Phương, un camarade de Mai : « C'est une scène que toute ma classe a inventée et qui est basée sur quelques événements, les plus intéressants du roman, selon nous. C'est la scène où tout le monde découvre que Victoire a gardé un bébé ».
Pour Susie Morgenstern, cete adaptation est un beau cadeau : « Ça m'a beaucoup amusé. C'est très librement adapté de mon livre. Ce que j’ai trouvé le plus extraordinaire, c’est le bébé parce que baucoup de jeunes ont joué cette scène en France, mais en prenant une poupée pour faire le bébé. C’est la première fois qu’il y a un vrai graçon qui fait le bébé, et vraiment, c’est très drôle ! »
Fantastique ces spectacles, non ? Qui dit mieux ?