(VOVWORLD) - Emprunter un humain et son histoire à la place d’un livre, c’est le concept de la «Human Library» - «La bibliothèque humaine» en français. Cette bibliothèque d’un genre nouveau qui suscite un engouement à travers le monde entier est revenue le week-end dernier à Hanoï.
Photo: Human Library Vietnam |
Samedi, 8h30, à l’Ecole polytechnique de Hanoï. Les rencontres ne débutent que dans 30 minutes, mais d’ores et déjà, la file d’attente s’allonge devant l’amphithéâtre 301 du bâtiment D9, laissant présager du caractère exceptionnel de l’événement, tenu durant la période la plus favorable pour les étudiants: les vacances d’été.
Tous sont venus participer à «Human Library» - littéralement «La bibliothèque humaine» - un concept né au Danemark au début des années 2000 à l’initiative de l’association Stop the Violence, afin de lutter contre toutes formes de violences et de discriminations en Europe. L’événement fait tout de suite grand bruit sur le Vieux Continent avant de s’exporter avec le même succès en Amérique du Nord puis en Asie. Le Vietnam ne fait pas exception.
Lê Anh Thư, étudiante de l’Oberlin College aux Etats-Unis. tuoitre.vn |
Lê Anh Thư, étudiante de l’Oberlin College aux Etats-Unis, en collaboration avec le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales et le centre de soutien communautaire et de développement d’initiatives (SCDI), a acquis les droits d’auteur de ce programme et l’a ramené dans son pays natal:
«Après avoir organisé avec succès la première édition de ‘la bibliothèque humaine’ à Hanoï et à Ho Chi Minh-ville en 2016, nous avons décidé de la faire revenir cette année. En effet, pourquoi appelle-t-on cela ‘la bibliothèque humaine’? Parce qu’à son arrivée, le visiteur est accueilli par des bibliothécaires qui l’orientent vers des catégories de livres humains. Après avoir choisi sa catégorie, il est amené jusqu'aux livres humains, des individus ayant une ou des histoires à raconter sur leur vécu personnel. Pendant la conversation qui dure 30 minutes au maximum, le livre humain raconte et répond à toutes les questions, même les plus personnelles. Après la session, le ‘lecteur’ doit retourner à l'accueil de la bibliothèque. Il peut alors soit partir, soit lire un autre livre».
Photo: Human Library Vietnam |
Comme dans n’importe quelle autre bibliothèque, des histoires variées sont racontées. Ici, ces histoires traitent de toutes sortes de tabous, de préjugés et de stéréotypes sur la communauté LGBT, les travailleurs du sexe, les autistes et sur bien d’autres populations. L’un des «livres humains» s’intitule «Transsexuels» dont Trang Linh est la représentante:
«Avant de participer à cette session, je pensais que je me fatiguerais vite en racontant la même histoire à beaucoup de personnes à la suite. En fait, je me sens fatiguée, mais un peu seulement. Je suis heureuse de répondre à des questions singulières concernant mon parcours et mes souvenirs, mais aussi de ressentir les émotions des visiteurs et de partager avec eux. A travers des événements intéressants comme celui-ci, les gens auront une vision plus humaine et plus ouverte sur notre communauté, je crois.»
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Après avoir consulté un «livre», les visiteurs ont le choix soit de partir, soit de lire un autre livre. Mais souvent, ils préfèrent rester et se plonger dans d’autres histoires. Ainsi, en 48h, 800 personnes se sont rendues dans cette bibliothèque. Lan Anh, l’une d’entre elles, partage :
«Ce sont toutes des histoires réelles impossibles à raconter au quotidien. On peut mieux comprendre les motivations et les difficultés rencontrées par ces personnes. Des larmes ont coulé. Moi aussi, je me suis sentie émue face à eux. L’avantage de ce concept, c’est que les visiteurs peuvent mieux ressentir le vécu des livres humains grâce à l’intonation de la voix, les gestes, les expressions faciales et la lueur des yeux. Bref, le monde est vraiment magnifique, mais on ne peut pas choisir qui nous sommes. Et nous, nous devons écouter ceux qui sont victimes de préjugés et de stéréotypes pour une société plus égale et civilisée.»
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«Ne jugez pas un livre à sa couverture» et donc maintenant «Ne jugez pas un humain selon son apparence».