(VOVWORLD) - Nguyên Nam Son, 29 ans, a transformé sa passion pour l’origami en art, et arrondit ses fins de mois grâce à l’originalité et à la virtuosité de ses créations. Avec une feuille de papier et plusieurs dizaines d’heures de pliage, il fait naître des dragons, des monstres et même Bouddha...
Une oeuvre de Nguyên Nam Son |
Nguyên Nam Son a cinq ans d'expérience en tant qu'agent d'assurance, mais il a plus de huit ans d'expérience en tant qu’origamiste. Pas question de couper ou de coller! Il pratique l’origami traditionel qui permet donc, à partir d’un simple bout de papier, de réaliser toutes sortes de figures, par le seul truchement du pliage.
«J’ai commencé à plier des origamis en classe de terminale, après avoir lu la bande dessinée japonais intitulée Chevalier en papier. Au début, c’était juste un moyen de passer le temps, un hobby dans lequel j’étais vraiment à l’aise. Mais petit à petit, l’origami est devenu une part importante de ma vie, une habitude presque quotidienne. Chaque soir, après une longue journée de cours et de travail et avant de me coucher, j’y consacrais environ 30 minutes à une heure», nous confie-t-il.
D'autres oeuvres |
Aujourd’hui, ce passe-temps s’est transformé en passion artistique. Mais cela n’a pas toujours été évident… En effet, d’une simple feuille de papier à une œuvre d’art, il faut beaucoup de talent mais aussi de temps et parfois…d’échec.
«De l'étape de conceptualisation au pliage, en passant par la conception du dessin, cela me prend environ deux à quatre semaines en moyenne. Plus le modèle est difficile, plus la complexité est élevée, et je dois donc y consacrer plus de temps. J’imagine la conception du pliage dans ma tête mais certaines formes demandent beaucoup de calculs mathématiques, j’utilise donc des logiciels d'architecture 3D pour visualiser le modèle avant de me lancer dans le pliage. Et il s’agit bien sûr exclusivement d’un travail manuel, donc aucun modèle n'est réussi dès la première fois. Je dois ainsi répéter le processus jusqu’à obtenir un résultat parfait», partage Son.
Une oeuvre que Son vient d'achever |
Le jeune homme en a fait du chemin et des progrès depuis ses première tentatives. Fort de talent et de créativité, il a également fait preuve d’inventivité en utilisant du papier do, une sorte de papier traditionnel fait à partir de l’écorce d’un arbre tropical. Une découverte innovante et pionnière, plébicistée par la communauté vietnamienne d’origami.
«En 2012, alors que je venais d’apprendre l'origami, je n'utilisais que du papier kraft. Ce type de papier est très fin et facile à déchirer, notamment lors du pliage de modèle complexes. Je souhaitais me lancer dans des nouveaux défis avec des modèles originaux remplis de différentes couches. Cela demandait donc du papier de qualité et durable. À l’époque, il n’y avait qu’un seul choix, le papier japonais pour origami dont le prix est très élevé. Cela m’a énormément motivé à trouver un matériau alternatif. J’ai ainsi essayé tous les types de papier vendus rue Hàng Ma jusqu'à ce que je tombe sur le papier do. Ce type de papier est fait à base de fibres de l’arbre du même nom, secret de sa ténacité. Mais malgré cela, je trouvais que le papier dó était encore trop doux à mon goût. J’ai alors essayé d’y appliquer de la colle au lait pour renforcer sa durabilité. La qualité finale de ce papier fait-maison n’a rien à envier au papier spécialisé du Japon. Depuis, je propose ce type de papier aux autres origamistes et je dois avouer qu’il fait l’unanimité», se réjouit Son.
Fruit de la collaboration entre Son et Kanpai Wines |
Son publie également ses créations originales sur ses réseaux sociaux. Sa patience et son travail minutieux en valaient sans nul doute la chandelle. En effet, il reçoit de nombreux échos favorables, non seulement auprès d’amateurs d’origami mais aussi d’entreprises, prêtes à collaborer avec le jeune origamistes et ses modèles singuliers et hors du commun. Le jeune homme a par exemple travaillé avec la société Kanpai Wines pour la promotion d’un produit vinicole, le tsuchi no koe cabernet sauvignon, dont la bouteille est marquée par l’image d’une licorne en origami.
Son (au milieu) avec des apprenants et leurs parents |
Pour Son, l’origami est plus qu’une passion, il s’agit d’une belle définition d’exercice des savoir-faires
«Je souhaite faire connaître l’art de l’origami au plus grand nombre. Actuellement, je propose des classes d'origami pour les enfants de 10 à 15 ans au Musée des femmes, au 36 rue Ly Thuong Kiêt ainsi que dans plusieurs autres ateliers. L'origami n'est pas seulement un hobby mais aussi une science logique et un exercice méticuleux qui requiert une grande habileté ainsi qu’une grande capacité de concentration», partage Son.
Nguyên Nam Son et plusieurs collègues origamistes, de concert avec une Maison d’édition française, sont d’ailleurs en chemin pour publier un livre sur les œuvres d’origami au Vietnam.