Ouverts de cœur et d’esprit…

(VOVWORLD) -  Pas facile, lorsqu’on a un enfant handicapé, de lui imaginer un avenir… Michelle Beard est une enseignante américaine qui vit au Vietnam depuis une dizaine d’années avec son mari Michael et son fils Evan, trisomique. Elle a lancé Imago work, un projet de formation professionnelle à destination de jeunes handicapés mentaux. Son but? Créer une communauté où des personnes comme Evan auraient une place…     
 Ouverts de cœur et d’esprit… - ảnh 1Evan Beard apprend à préparer le café. (Photo : Imago Work)

Evan Beard travaille à Simple Coffee

Simple Coffee, c’est cette enseigne thaïlandaise, désormais présente un peu partout dans le monde, qui s’est fixée pour mission d’employer des handicapés. À Hanoï, une première succursale a ouvert en 2018, grâce, notamment, aux efforts de Michelle Beard, qui espérait que son fils pourrait ainsi accéder au monde du travail.   

Autant le dire tout de suite, ses efforts ont été récompensés. Aujourd’hui, Evan est à Simple Coffee comme un poisson dans l’eau: il s’est parfaitement intégré à l’équipe, ce qui a tout naturellement amené sa mère à se demander s’il existait d’autres endroits de ce type.

«J’aimerais qu’il y ait davantage de personnes dans la situation d’Evan qui puissent travailler… Il suffit de bien les former, mais il faut aussi qu’il y ait des employeurs suffisamment ouverts de cœur et d’esprit!», nous dit-elle.

 Ouverts de cœur et d’esprit… - ảnh 2Evan et sa mère Michelle Beard ( Photo : Imago Work)

Ouverte de cœur et d’esprit, Michelle Beard l’est pour dix, et elle possède en outre un solide sens de l’initiative… Aussi n’a-t-elle pas tardé à lancer Imago work, un projet de formation professionnelle destiné aux jeunes en situation de handicap.

C’est surtout pour travailler dans des établissements comme des cafés ou des restaurants que sont formés les jeunes d’Imago work. Ils apprennent à nettoyer un comptoir, à laver des tasses, à préparer le café… Des gestes simples, mais qui pour eux, sont synonymes d’autonomie.   

«On procède étape par étape», nous explique Michelle Beard. «Chaque tâche à accomplir est apprise séparément, de façon à ce que les jeunes ne se sentent pas dépassés. Mais il faut aussi - et ça aussi, c’est très important! - leur donner le sentiment qu’ils sont parfaitement autonomes dans l’accomplissement de telle ou telle tâche. Ca met du temps à se mettre en place, mais quand les résultats sont là, c’est vraiment très gratifiant, aussi bien pour eux que pour nous» 

C’est une certaine Lê Thi Bich Vân, qui est chargée de la formation de tous ces jeunes. Pour elle, le principal problème réside dans la manière dont ils gèrent, ou non, leurs émotions…     

«Certains, quand ils arrivent ici, sont complètement dominés par leurs émotions», constate-t-elle. «Ils ne savent absolument pas les gérer et ils ont tout à apprendre, dans ce domaine-là. Quand c’est comme ça, il faut essayer de leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas garder ça pour eux. Au bout d’un certain temps, effectivement, ils s’en rendent compte et sont capables de demander par eux-mêmes à prendre une pause, à souffler cinq minutes… C’est une vraie victoire, ça!»

 Ouverts de cœur et d’esprit… - ảnh 3
Les étudiants handicapés mentaux d'Imago Work (photo:  Imago Work)
                          

Imago work n'existe que depuis 2019, et pour l’instant, il n’y a eu que des cours d’été. Mais Michelle Beard voudrait bien étendre ses activités à toute l’année scolaire: les progrès qu’elle a constatés chez tous les jeunes qu’elle a reçus en formation l’y poussent, mais aussi le regard que la communauté porte sur son action…    

«Il nous est arrivé de travailler dans des lieux ouverts au public», se souvient-elle. «Pas facile, au début, parce que les gens nous regardent un peu comme des bêtes curieuses… Mais bon, avec un peu de pédagogie, on arrive à faire comprendre ce qu’on est, ce qu’on cherche à faire, et là, les regards changent». 

Ce qui est magique, avec des projets comme Imago work, c’est que l’on donne au moins autant qu’on reçoit. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Lê Thi Bich Vân.

«C’est une relation très forte, qui se construit avec tous ces jeunes. Et le fait de les aider à se bâtir un avenir est vraiment quelque chose  de très motivant, qui oblige à se découvrir soi-même», nous confie-t-elle. 

Actuellement, Imago work cherche à établir de nouveaux partenariats avec des entreprises telles que l'hôtel Intercontinental Hanoi, le restaurant Koto et  la boulangerie Joma.  

L’idée est toujours la même, toujours aussi généreuse…  

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