(VOVworld) - Depuis une vingtaine d’années, le Vietnam compte plus 15 millions de diplômés, un cinquième de sa population. Mais tous ces jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail ne trouveront pas un travail à la hauteur de leurs espérances...
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Thu Ha vient tout juste de passer un entretien express pour un emploi de commerciale. Chemise blanche, jupe moderne, cette jeune fille de 23 ans n'ose pas encore croire au bonheur : elle vient, enfin, de décrocher un vrai rendez-vous d'embauche, après avoir tenté sa chance dans une dizaine d’entreprises.
"Il y a beaucoup de compétition. Moi, j’étais sûre, au départ, qu'avec mes compétences en langue française, je trouverais facilement un travail conforme à mes ambitions. Mais j’ai rapidement dû déchanter... C'est de plus en plus dur de pouvoir trouver un emploi convenable. Il faut un bon niveau de langue, en anglais, et même comme ça, rien n’est sûr... Il faut un diplôme professionnel si on veut vraiment décrocher un travail digne de ce nom", a fait savoir Thu Ha.
Thu Ha a beaucoup investi dans sa licence en langue étrangère à l'Université nationale de Hanoi. Mais voilà, le simple fait d'avoir étudié une langue ne suffit plus à impressionner les recruteurs. En 10 ans, le Vietnam a doublé son nombre d'universités. Celles-ci ont produit presque 1 million de nouveaux demandeurs d'emplois, l'an dernier, soit 20.000 de plus qu'en 2011. Pour Serge CAO, directeur des ressources humaines de la société Big C, ce n'est pas facile de s'y retrouver...: "Il y a 10 ans, c’était « vous parlez français ? Venez ! » Mais maintenant, ce n'est plus le cas, il vous faut plus que ça. On peut vous aider à vous orienter, voire vous aider à faire une formation professionnelle. Le français est un plus mais pas suffisant. Pour entrer dans l'entreprise, le dénominateur commun de tous les manageurs à Big C, c’est avoir le sens du service client, la discipline, la rigueur, la mobilité professionnelle et la volonté d'évoluer dans le travail."
Selon les instituts de recherche, le taux de chômage pour les jeunes diplômés s’élève à plus de 10%. De leur côté, les usines vietnamiennes manquent de main d'œuvre et proposent des salaires attrayants aux techniciens qualifiés. Mais ceux qui sortent de l'université s'imaginent plutôt dans un bureau. Ils s'engouffrent donc dans le secteur tertiaire, à l'image de Thu Ha. Malgré des mois de recherches infructueuses, ce futur candidat pour un poste de traducteur campe sur ses ambitions :
"Je veux intégrer une entreprise internationale ou étrangère," espère cette native de Hanoi. "Comme ça, il y aura des possibilités de carrière à l'étranger. J'ai beaucoup d'attentes pour mon travail. Peut-être que la chance n'est pas encore arrivée."
La réalité est bien trop rude pour ces jeunes diplômés. Pour Lien Huong, titulaire d’un licence d'économie, pas facile de trouver un emploi en adéquation avec ses études : "J’ai toujours voulu faire des études de médecine, mais j'ai changé d'avis après le bac, pensant faire le bon choix en partant en éco. Après un stage où je me suis retrouvé exploité et qui n’a pas débouché sur une embauche, je me retrouve chômeur depuis maintenant plusieurs mois."
Des attentes et surtout beaucoup de pression. La majorité de ces nouveaux diplômés sont aussi des enfants uniques, et ils portent les espoirs de réussite de toute une famille.