(VOVworld) - Qu’est ce qu’il y a à Hoi An? Le vieux
quartier? Les nouilles de Quang, le riz au poulet? Oui, bien sûr, mais ce n’est
pas tout. Une fois à Hoi An, difficile de manquer Thanh Hà, le village des
potiers, à seulement 5 kilomètres de la vieille ville. En plein cœur de ce village, trône un parc en
terre cuite de plus de 6.000 m² construit par les habitants, sous la houlette
de Nguyễn Văn Nguyên, un jeune architecte, en compagnie duquel Duc Quy nous
propose de faire une petite balade.
Photo: jussyd30 |
Photo: Dan Moi |
Thanh Hà, par une journée ensoleillée: de petits chemins, de
petites maisons, des habitants souriants et surtout un parfum d’argile humide qui
flotte légèrement dans l’air… Voilà, en quelques mots, ce qui fait tout le
charme du village. Derrière les haies vives, des vases de toute taille sèchent sous
les rayons du soleil.
Oui, mais stop! Moi, je ne suis pas romancier, je suis
journaliste et en fait, je dois rencontrer aujourd’hui l’une des fiertés du
pays en la personne de Nguyễn Văn Nguyên, président de la société
d’architecture Nhà Viêt (Maison vietnamienne).
Nguyễn Văn Nguyên (à gauche) lors de la cérémonie d'inauguration du parc. Photo: Dan Tri
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Après avoir passé plus de 20 ans
à étudier et à travailler à Ho Chi Minh-ville, Nguyên a pris une décision
surprenante: revenir dans son village.
«Vous savez, quand on est né dans un village comme celui-ci,
où on pratique la poterie artisanale depuis plus de 500 ans, la terre cuite,
les fours qui fument… on ne peut pas s’en passer. Après avoir terminé mes
études à l’université, j’ai décidé d’y revenir pour réaliser mon vieux rêve.
J’espère pouvoir contribuer à faire connaître mon village, à préserver ce vieux
métier traditionnel tout en l’entraînant dans le courant de la société
moderne. On ne peut pas parler de la poterie de Thanh Hà sans parler de la
matière première, c'est-à-dire de cette terre qui vient de la rivière Thu Bồn.
Notre terre est cuite à 900 degrés Celcius, on l’appelle tout bêtement «terracotta» :
ça veut dire «terre cuite» en italien. Si l’émail est vraiment indispensable à
la céramique, alors notre poterie n’a besoin que de ce rouge naturel pour se
distinguer.»
Photo: Tapchikientruc.com.vn
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Le «terracotta» donc ? Eh bien, ici, dans le village, on a
l’impression que toute la «terra» est «cotta», à en juger en tout cas par cet
étrange parc vers lequel m’emmène Nguyên: une espèce de labyrinthe rougeoyant,
perdu au milieu des cocotiers. Nguyên, toujours:
«Pour les artisans potiers, la tournette, c’est la pièce
maîtresse. Toute leur vie quotidienne tourne autours de la tournette si je puis
dire. C’est pour cette raison que nous avons construit au cœur de l’ouvrage un
grand bassin en forme de tournette. Quant au musée, il prend la forme de deux
fours “úp” et “ngửa”. Si le four “úp” qui symbolise le Yin dans la culture orientale
est destinée à la conservation des archives du village, le four “ngửa” qui
correspond au Yang est consacrée à des expositions d’œuvres contemporaines et à
des activités de rencontres et d’échanges avec les amateurs de terre cuite, des
artistes et des visiteurs étrangers. Nous avons aussi mis en place des méthodes
traditionnelles dans la ventilation de l’ouvrage. Appliquer les méthodes de nos
ancêtres et respecter la culture villageoise, ce sont vraiment nos mots
d’ordre.»
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Si le four «ngửa» est donc dédié à la production locale
(statues, figurines, vases, bas-reliefs), le jardin situé juste en face nous
propose un tour du monde pour le moins surprenant.
Notre-Dame de Paris. Photo: khamphahue.com.vn
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Le Taj Mahal (Inde). Photo: Kenh14.vn
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La tour
de Pise (Italie). Photo: khamphahue.com.vn |
Les grandes pyramides (Égypte). Photo: khamphahue.com.vn |
Notre-Dame de Paris, la tour
de Pise (Italie), Big Ben (Londres), l’Opéra de Sydney, la Maison Blanche
(États-Unis), le Taj Mahal (Inde), les grandes pyramides (Égypte), le Colisée
(Rome), le Vatican, mais aussi le Temple de la Littérature, la citadelle
impériale de Huê, le sanctuaire de My Son, le vieux quartier de Hôi An… Tous
ces grands patrimoines mondiaux de l’humanité sont reproduits fidèlement à
échelle réduite et bien sûr en terre cuite. Incroyable! Mais pour pouvoir
inaugurer ce parc en avril 2015, ça a été toute une histoire… Nguyên encore:
«Créer un parc, ce n’est pas comme créer un centre
commercial. Ça n’apporte pas de profit. Du coup, j’ai eu du mal à trouver des
investisseurs. C’est ce qui fait qu’en définitive, j’ai décidé de mettre la
main à la pâte avec les artisans du village. Ça nous a pris trois années au
lieu de deux, mais tant pis: le jeu en valait la chandelle. Et puis ça fait de
sacrés souvenirs, tout ça. Avant la cérémonie de mise en chantier, les plus
âgés m’ont emmené au temple dédié
au fondateur du métier de poterie pour lui demander sa protection. Et puis
ensuite, chacun y a été de sa petite contribution: c’est vraiment une œuvre
collective, pensée comme un patrimoine à léguer aux générations futures.»
Le Temple de la Littérature |
Le vieux quartier de Hôi An. Photo: Kenh14.vn
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Parmi les visiteurs du jour, je reconnais Monsieur Hoàng Đạo Kính, un architecte de réputation nationale. Ce n’est pas la première fois
qu’il vient ici.
«C’est la deuxième fois que viens au village de Thanh Hà en
général et au parc de terre cuite en particulier. Ce n’est pas seulement un
ouvrage architectural, c’est aussi un ouvrage culturel qui témoigne de toute
une tradition artisanale. Monsieur Nguyên, je le connais depuis longtemps, depuis
l’époque il faisait les études à Ho Chi Minh-ville. Il est talentueux et
surtout il a le sens du pays natal. Il a créé un complexe parc-musée, oui, mais
il y a introduit l’art de l’installation de manière très judicieuse. Voilà
c’est ce qui fait l’originalité de l’ouvrage. C’est aussi un grand succès pour Nguyên.»
Photo: khamphahue.com.vn |
Le four “ngửa” qui
correspond au Yang est consacrée à des expositions d’œuvres contemporaines
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De nombreux prix d’architecture nationaux et internationaux
dont récemment le prix Ashui Awards 2017 ont été remis au parc de terre cuite
Thanh Hà et bien entendu à son créateur,
Nguyễn Văn Nguyên. Mais comme il l’a affirmé lui-même à maintes reprises,
l’émerveillement des visiteurs et la reconnaissance des villageois restent les
deux prix les plus prestigieux, pour lui.