Quang Ngai: des jeunes entreprenants

(VOVWORLD) - Les minorités ethniques véhiculent souvent une image archaïsante, qui leur colle à la peau… Sauf qu’aujourd’hui, la jeune génération s’emploie à faire mentir cette réputation. Dans la province de Quang Ngai (Centre), beaucoup de jeunes recourent ainsi à la technologie pour donner de la valeur ajoutée aux produits phytosanitaires et artisanaux de leurs ethnies respectives…

Très prisé en médecine traditionnelle, le champignon chenille est connu depuis des siècles pour ses capacités antivirales. Il accroît l’énergie, permet de combattre le diabète et a même des vertus aphrodisiaques, dit-on… Ses propriétés sont si attrayantes que la demande a bondi, faisant grimper les prix...

S’il peut pousser de façon plus ou moins anarchique, le champignon chenille peut aussi être cultivé sur un substrat artificiel à base de céréales.

À l’instar de beaucoup d’habitants de la cité de Trà Xuân, Ao Thi Nhu Y, 30 ans, s’est lancée dans la production des champignons chenilles. L’année dernière, cette biologiste de formation originaire de l’ethnie Cor a mis sur le marché son tout premier lot de champignons chenilles sous le label Nui Cà Dam. Avec l’aide de son mari, qui a travaillé pendant plusieurs années pour des laboratoires sud-coréens, Ao Thi Nhu Y a pu installer une chaîne de production fermée répondant aux normes d’hygiène alimentaire.  

Quang Ngai: des jeunes entreprenants - ảnh 1En 2022, Ao Thi Nhu Y et son époux ont mis sur le marché son tout premier lot de champignons chenilles sous le label Nui Cà Dam | Photo: VOV
«Aujourd’hui, les agriculteurs ne pratiquent presque plus la riziculture sur brûlis. Il y a donc beaucoup de rizières fertiles qui sont abandonnées. J’en profite pour cultiver le champignon chenille», nous dit-elle. 

Autre femme courageuse: Pham Thi Y Hoà, originaire de l’ethnie H’rê. Pham Thi Y Hoà a suivi une formation en médecine et en pédagogie. Mais il y a cinq ans, elle a décidé de revenir dans son village, Teng, pour y lancer un commerce de brocatelles, sans rapport, donc avec sa formation.   

Quang Ngai: des jeunes entreprenants - ảnh 2Pham Thi Y Hoà se passionne pour la brocatelle depuis son enfance | Photo: VOV

Pham Thi Y Hoà crée elle-même des collections de mode en mettant en avant la beauté de la brocatelle de son village, qui a été reconnue en 2019 comme patrimoine immatériel national. Les tenues qu’elle commercialise sur les réseaux sociaux se vendent comme de petits pains. Mieux encore: beaucoup de créateurs de mode viennent chez elle pour passer commande. En octobre 2021, les brocatelles du village de Teng ont même été présentées au Salon international EXPO 2020 à Dubai, aux Émirats arabes unis : consécration suprême!

«Je veux construire une maison sur pilotis pour exposer les brocatelles des H’rê. J’y proposerai aux visiteurs des ateliers de tissage, mais aussi de fabrication d’objets artisanaux de mon ethnie», nous confie Pham Thi Y Hoà. 

En avril dernier, la province de Quang Ngai a pris l’initiative de créer un club de jeunes entrepreneurs issus des ethnies minoritaires. Le club en question regroupe une trentaine de membres venant de cinq districts montagneux. Pour Trân Van Mân, le président de la commission des Affaires ethniques de Quang Ngai, il s’agit de stimuler un certain esprit d’entreprise.

«Ce club vise à favoriser la création d’un écosystème entrepreneurial à Quang Ngai. Il fédère les jeunes entrepreneurs et ceux qui veulent lancer leur propre commerce. Nous leur dispensons des ateliers de formation et les présentons aux investisseurs», nous explique-t-il.   

Créatifs, courageux et maîtrisant les nouvelles technologies, les jeunes de Quang Ngai peuvent et veulent faire mieux que leurs ancêtres. À partir de produits traditionnels, ils savent créer une gamme de produits plus sophistiqués et adaptés au besoin d’une plus vaste clientèle. Ils font des émules et permettent à beaucoup d’avoir un emploi stable et de sortir de la pauvreté.

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