(VOVWORLD) - Reflet est un spectacle mêlant danse contemporaine, hip-hop, roller et arts visuels signé Xuân Lê, un dandeur français d'origine vietnamienne qui vient d’être donné à DShiha Nang, à Hô Chi Minh-ville et à Huê avant de ravir le public hanoïen pour une dernière, qui a eu lieu ce mardi 4 juin au théâtre de la Jeunesse.
À l'entrée du théâtre de la Jeunesse. Photo: @IFV |
7 heures et demie… L’étroite ruelle qui mène au théâtre de la Jeunesse est déjà pleine. C’est un public très francophone qui se presse là, avec d’ailleurs un nombre impressionnant de jeunes venus tout droit du lycée Alexandre Yersin, le lycée français de Hanoï. Tous sont impatients de partir pour un voyage unique, initiatique et émotionnel, où le tangible dialogue avec l’immatériel… Ce voyage, c’est celui que leur proposent Xuân Lê et sa partenaire, la danseuse taïwanaise Shihya Peng.
20 heures. Les lumières s’éteignent, le brouhaha cesse et les regards se tournent vers la scène…
Dans un partage de sinuosités et une gestuelle subtile, Xuân Lê et Shihya Peng reflètent la rencontre avec autrui, et se livrent aussi à un face-à-face avec eux-mêmes. Un spectacle en mille-feuille où chacun peut se retrouver…
Xuân Lê (premier à gauche) et Shihya Peng (deuxième à droite) prennent la photo avec les spectatrices. Photo: @IFV |
«Reflet, je vois ça comme une méditation. C'est un peu un conte, en fait. Et après, c'est vrai que c'est un spectacle qui est assez libre d'interprétation, mais c'est vraiment sur la recherche d'équilibre avec soi-même : comment on se développe, et puis comment on arrive à rencontrer l'autre et à trouver un point d'équilibre avec l'autre… L'autre peut être tantôt quelqu'un de complètement différent, comme aussi une partie de soi-même», nous confie Xuân Lê.
Pour Shihya, Reflet est un miroir…
«Effectivement, quand je vois Xuân, parfois je me vois aussi. En fait, moi et Xuân, on n'a pas grandi dans la même culture, mais dans la même éducation, même si on a un tout petit peu une tête similaire, d’asiatique. Mais du coup, en fait, c'est comment on arrive à être, à s'écouter soi-même dans la vie, avec le corps, et aussi comment on peut être bienveillant avec nous-mêmes», nous dit-elle.
Photo: @IFV |
Le public, lui, semble comme hypnotisé. Il aura d’ailleurs du mal à sortir de son hébétude à la fin du spectacle, ce qui ne l’empêchera pas de saluer les deux artistes du soir par une salve d’applaudissements nourris: de quoi faire le bonheur de Sophie Maysonnave, la directrice de l’Institut Français du Vietnam, qui a organisé la venue de Xuân Lê au Vietnam.
«On est tombés amoureux du projet de Xuân Lê qui nous a paru pouvoir vraiment intéresser le Vietnam aussi, parce que c'est un retour sur ses origines, un retour aux sources et un travail sur l'identité, qui permet à la fois de valoriser le meilleur de la création française, mais aussi des techniques vietnamiennes. Je crois que ce spectacle ne nous ennuie pas parce que c'est toute une atmosphère, c'est pas seulement les danseurs sur scène, c'est toute une atmosphère et toute la pièce en fait qui danse», note-t-elle.
La soirée s’est conclue par une séance de questions-réponses avec les deux artistes. À travers un langage poétique porté par la fragilité des corps en interaction, Reflet apporte à chacun des sentiments différents.
Xuân Lê et Shihya Peng lors de la séance de questions-réponses. Photo: @IFV |
«En tant que spectatrice, j'ai vraiment été bouleversée, j'ai trouvé que c'était très beau, très poétique, avec un travail à la fois sur la danse mais aussi sur les lumières, et aussi sur les textures avec la fumée qui parfois ressemblait à de l'eau, ce que j'aurais jamais cru possible en fait»
«J'étais très surpris de ce spectacle de danse, qui comportait une performance, pour moi extraordinaire, en roller, et qui nous a fait vivre des moments vraiment très forts. Et ensuite, l'histoire de cette rencontre avec la danseuse, aussi, dans ce contexte très asiatique… J'ai trouvé ça vraiment envoûtant, en fait, comme spectacle. Donc, j'ai beaucoup apprécié. Par ailleurs, le moment de discussion avec les artistes permet aussi de mieux comprendre leur inspiration, la réalité derrière le spectacle, ce qu'ils ont voulu montrer… Ça vaut vraiment la peine de rester à la fin et de discuter avec eux, d'écouter toutes les inspirations qui les ont amenées à faire ce spectacle-là»
«J'ai été fascinée par la performance. C’est vraiment incroyable! Je ne sais pas quel autre mot peut exprimer mes émotions actuelles à part fascinée»
Xuân Lê a donc terminé sa tournée au Vietnam avec succès, devant un public conquis, qu’il aura su entraîner dans un univers minimaliste et sensorieloù la scénographie fait corps avec les danseurs.