(VOVWORLD) - Nguyen Truong Quy est connu comme
le loup blanc dans les milieux littéraires et artistiques de Hanoï. Il faut
dire qu’il est l’auteur d’une sorte d’encyclopédie en plusieurs volumes, qui
traite de tous les aspects de la capitale à l’ère du renouveau: un travail
colossal, qui d’ores et déjà, fait autorité.
Les livres dans la collection sur Hanoi de Nguyen Truong Quy
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Pour Nguyen Truong Quy, il ne
s’agissait pas de publier un énième ouvrage sur l’histoire de Hanoï. Non, il
s’agissait plutôt de proposer une sorte de «chronique sociale», où l’humour et
l’esprit critique auraient toute leur place, mais surtout de célébrer la ville,
«sa» ville, en lui offrant ainsi une véritable déclaration d’amour. Le premier livre, c’est «Tu nhien nhu nguoi Hanoi»*.
"C’est un livre dans lequel j’essaie de cerner les évolutions
auxquelles on a assisté ces dernières années en termes de mœurs et de coutumes.
Quand j’étais jeune, j’ai beaucoup lu de livres sur Hanoï: Vu Bang, Nguyen
Tuan, To Hoai… A cette époque-là, il y avait une certaine douceur de vivre, qui
transparaît dans tous ces écrits. Mais aujourd’hui, les choses ont beaucoup
changé, et c’est ça qui m’intéresse», nous dit Nguyen Truong Quy.
Nguyen Truong Quy
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Ce premier ouvrage, publié en
2004, a été suivi d’un autre, quatre an plus tard, intitulé «An pho kho thay
ngon», ce qui signifie à peu près «Difficile de manger du pho»… Là, il s’agit
évidemment des mœurs culinaires des habitants de la capitale, qui, eux aussi,
ont passablement évolué, c’est vrai, Cela étant, qu’on se rassure, le pho a et
aura toujours la cote! Ou alors, c’est qu’Hanoï n’est plus Hanoï!... Eh bien si
justement, car figurez-vous que, traduit en français, le troisième opus de
Nguyen Truong Quy - 2010 - s’intitule… je vous le donne en mille… «Hanoï, c’est
Hanoï». Ouf, nous voilà pleinement rassurés! Il s’agit en l’occurrence de faire
le point du processus d’urbanisation, tel qu’il est vécu aujourd’hui, et des bouleversements
qu’il aura provoqué ici ou là. Retour à une tonalité plus «vie quotidienne»
pour le quatrième ouvrage, le dernier à ce jour, en date de 2012, qui est intitulé «Xe may tieu ngao» - «des courses de moto»,
en français - et qui prend l’aspect d’une sorte de balade tous azimuts à
travers les rues de la capitale.
A cela, il faut ajouter la
participation de Nguyen Truong Quy à la traduction de «Roc Hanoi et Rumba Cuu
Long» de Jason Gibbs, qui nous décrit Hanoï, dans le regard d’un architecte.
Rien d’étonnant à ce que Nguyen Truong Quy se soit intéressé à ce projet: il
est lui-même diplômé de l’Université d’architecture de Hanoï.
«J’aime bien
m’exprimer en prose, c’est très agréable
»
, reconnait-il bien volontiers.
«
Pour un architecte qui aime la littérature comme moi, Hanoï est un
merveilleux terrain de jeu, que je peux considérer à la fois d’un point de vue
professionnel, celui de l’architecte, mais aussi du point de vue de l’homme de
lettre que je suis un peu, à ma manière.»
Oui c’est vrai! Quy est un
prosateur, mais un prosateur qui n’a aucune nostalgie et qui ne se complaît pas
dans les splendeurs d’un passé de toutes façons révolu. Lorsqu’il parle du pho,
c'est-à-dire de l’un des fleurons de notre gastronomie, il lui arrive certes
d’évoquer quelques marmitons illustres, car il y en eut, mais simplement pour
leur rendre hommage. Dans ses livres, le passé n’est là que pour mettre en
valeur le présent et exalter un possible futur. Et c’est tant mieux, car après
tout, Hanoï passe, et à juste titre, pour être une ville en pleine mutation…
Dang Hong Quan, peintre de son état, est de ceux qui savent pouvoir
compter sur Nguyen Truong Quy lorsqu’il s’agit de découvrir et surtout
redécouvrir la capitale.
"Vous voulez une information
sur Hanoï? C’est bien simple: il suffit de demander à Nguyen Truong Quy.
C’est une véritable encyclopédie vivante", nous confie-t-il. "Quand je me suis mis à travailler sur le livre que je projetais, j’ai
pris contact avec lui, et là, je dois dire qu’il m’a été particulièrement
précieux. Il m’a fait découvrir des aspects de Hanoï que je n’aurais jamais
soupçonnés auparavant… Et il fait tout ça avec beaucoup de dévouement. Il n’est
jamais avare de son temps."
Nguyen Truong Quy et Dang Hong Quan à la conférence de presse pour
présenter leur ouvrage commun
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Nguyen Truong Quy a commencé ses recherches sur Hanoï en 2002, l’année où
il a reçu son diplôme d’architecte. Il lui aura fallu deux ans pour publier un
premier ouvrage. Et depuis… Et depuis, l’écrivain a pris le pas sur
l’architecte!
"Honnêtement, je pense que je
ne suis pas vraiment architecte", nous explique-t-il. "La littérature, c’est
vraiment ce que j’aime depuis toujours. Alors, oui, bien sûr, j’ai suivi des
études d’architecture, mais à dire vrai, c’était pour faire plaisir à mes
parents, c’est tout. La littérature, c’est mon premier amour, un premier amour
que j’ai retrouvé en 2002 et auquel j’ai bien l’intention de rester fidèle. Là
où par contre, mon côté architecte m’est utile, c’est dans une capacité à
observer les choses avec une certaine forme d’objectivité, et mettre à jour
certaines contradictions. Et Hanoï n’en manque pas, de contradictions !
Prenez tous les gens qui mangent sur les trottoirs, par exemple. Eh bien en
principe, les autorités y sont opposées…"
Nguyen Truong Quy prépare actuellement le prochain tome de sa grande saga hanoienne. Cette fois, il a décidé de nous emmener à la rencontre de celles et
ceux qui peuplent les petites ruelles, et sans lesquels effectivement, Hanoï ne
serait pas…
Mais non, tant qu’il existera des gens comme Nguyen Truong Quy pour en
célébrer les charmes, Hanoï sera toujours Hanoï, qu’on se le dise!
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*«Décontracté comme un hanoien…»