(VOVWORLD) - Nguyên Bao Trung, Trung Bao si vous préférez…
Ce nom n’est pas inconnu des amateurs de beatbox. Titré en solo lors du World
Beatbox Camp 2017, ce jeune artiste hanoïen né en 1997 n’en finit pas de nous
faire rêver. Sillonnant la planète de concerts en concerts, il collabore avec
d’autres artistes vietnamiens ou étrangers d’origine vietnamienne. Le but?
Allier beatbox et arts traditionnels en créant des oeuvres aussi originales
qu’époustouflantes.
Photo: Facebook/TRUNG BAO
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Avant de brosser un rapide portrait de
l’invité du jour, je tiens d’abord à expliquer ce qu’est, à proprement parler,
le «beatbox». «Human beatbox» de son nom complet, ce qui se traduit par «boîte
à rythmes humaine», le beatbox consiste à imiter avec sa bouche une boîte à
rythmes, des scratchs ou d’autres instruments, mais le plus souvent des percussions.
Le beatbox serait apparu au cours des années 1970 dans le Bronx, à New York,
avec l’émergence du mouvement hip-hop. Il s’est développé
à partir des années 1980 aux États-Unis avec ses stars chez les
rappeurs, telles que Doug E. Fresh, Biz Markie, puis surtout Rahzel, du groupe
de rap The Roots, qui a une influence déterminante sur les jeunes «beatboxers»,
et notamment sur Trung Bao.
«Tout a commencé avec une vidéo de Rahzel que
mon frère m’a montré. C’était en 2011, je crois, quand j’étais encore un gamin
de 13 ans. Rahzel, c’est vraiment un beatboxer qui imite des instruments à la
perfection. Il réinvente la notion même de rythme. Pour moi, ça a été le coup
de foudre! Alors, j’ai regardé les vidéos postées en ligne, et c’est comme ça
que j’ai appris à utiliser les différentes parties de la bouche pour créer des
sons. C’est pas facile au début, bien évidemment, mais à force de patience,
j’ai réussi à maîtriser quelques techniques de base comme
laisser percuter les lèvres l’une contre l’autre ou bien claquer la
langue contre le palais... Et voilà, je n’ai jamais arrêté depuis.», nous raconte-il.
Photo: Facebook/TRUNG BAO |
Trung Bao cherche non seulement à imiter
parfaitement les sons de certains instruments mais aussi à en créer d’autres.
Il fait preuve d’une créativité étonnante et n’hésite pas à créer ses propres
techniques.
«J’ai nommé ma première technique «base
canon». Pour la réaliser, il faut utiliser toutes les organes qui font partie
de la bouche: les joues, les lèvres, les dents, la langue, mais aussi la
voix. Ça donne un son très électronique. En ce qui concerne ma dernière
technique, j’ai pensé à créer un nouveau son sur la base de la lettre ‘đ’ de la
langue vietnamienne. Mes amis beatboxers ont été agréablement surpris en
écoutant ce son typiquement vietnamien. C’est un peu ma signature, ce son-là.»,
nous explique-t-il.
Photo: Facebook/TRUNG BAO |
Trung Bao a vu ses efforts récompensés: Top 8
du Shout Out 2015, vice-champion d’American Beatbox Championship 2016, Top
8 d’Asian Beatbox Championship 2016, Top 4 du Grand Beatbox Battle
2018 et donc Champion du monde en solo lors du World Beatbox Camp 2017... Cet
illusionniste sonore qui est aussi maintenant étudiant en art visuel au Pacific
Northwest College of Art (Etats-Unis) n’en a pas fini de nous en mettre plein
la vue et les oreilles.
Photo: Duc Quy/VOV
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Désireux de dépasser les limites du monde musical
traditionnel vietnamien, ce jeune beatboxer de 21 ans s’est associé avec
des artistes talentueux tels que le jeune chanteur multi-instrumentiste
Ngô Hông Quang et le quintette à cordes de l’Académie nationale de musique du
Vietnam. Cette association inhabituelle et audacieuse a proposé il y a quelques
semaines à Hanoï et à Hô Chi Minh-ville deux concerts inoubliables
intitulés «Nam Nhi», littéralement «Homme».
Photo: Duc Quy/VOV |
«Avec le beatbox de Trung Bao, la musique
traditionnelle vietnamienne entre dans une nouvelle dimension, plus moderne,
plus rythmique. Ça la rend aussi plus accessible. », estime Ngô Hông Quang.
«Au départ, ni Quang ni moi n’aurions pu imaginer
que la musique traditionnelle et le beatbox allaient faire si bon ménage! Mais
on a voulu quand même tenter l’expérience, et ça a marché», acquiesce Trung
Bao. «Concernant mes projets, je vais participer en octobre prochain en France à
un concert baptisé «Overseas» du guitariste, compositeur et producteur
mondialement connu Nguyên Lê. Par ailleurs, j’ai pensé aussi à sortir un album
à 100% beatbox et une vidéo alliant l’art visuel et le beatbox, en 2018 ou bien
en 2019 au plus tard».
Photo: Grand Beatbox Battle
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Actuellement, à côté de ses projets
personnels, Trung Bao ne cesse de faire la navette entre les États-Unis et le
Vietnam afin de «former une réelle communauté autour du beatbox au Vietnam» et
de donner au beatbox ses lettres de noblesse.