(VOVWORLD) - À l'heure où la maîtrise de l'anglais
est devenue quasiment indispensable, son enseignement, lui, n’est pas encore à
la hauteur des attentes. Les coûts restent encore assez élevés et au Vietnam,
en tout cas, la langue de Shakespeare n’est pas accessible à tous. Mais heureusement,
le philanthropisme linguistique, ça existe!
Photo Anh Tuan
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Il est 20 heures. Nous sommes au
troisième étage de la faculté de commerce extérieur. Malgré l’heure tardive,
quelques bruits se font entendre. Si on tend bien l’oreille, on peut
reconnaître qu’il s’agit d’un cours d’anglais. Rien que de très normal,
jusque-là, si ce n’est que ce cours est presque gratuit. C’est un certain Nguyên
Tu Sanh, né en 1990, qui en est à l’origine.
«Après avoir eu mon diplôme à l'Université, j'ai ouvert des
classes d'anglais chez moi», nous
raconte-t-il. «Très vite j'ai constaté
que beaucoup de mes élèves, dont la plupart étaient des jeunes, avaient des
problèmes avec les frais de scolarité. Ils me demandaient souvent de leur
faire crédit, ou même de leur accorder des réductions… Moi-même, je suis issu
d'une famille rurale, alors je peux parfaitement comprendre… Je suis passé
par-là, moi aussi. Il y a quelques années, je rêvais de suivre des cours
d’anglais et j’ai dû y renoncer, faute de moyens. C’est comme ça que m’est
venue l’idée de ce projet PEC (Perfect English Classes).»
Lancé en 2014, le
projet de Nguyên Tu Sanh a rapidement pris de
l’ampleur. Aujourd’hui, Nguyên Tu Sanh propose 71 cours de base et 70 cours de
prononciation. Pour ce qui est des frais, ils sont on ne peut plus modiques:
370 mille dôngs pour un cursus de 6 mois, à raison de 3 séances de 2 heures par
semaine. Cette petite somme de l'argent sert surtout aux indispensables
photocopies de documents ou encore aux frais de location de classes.
«Au départ, quand Sanh m’a invitée à participer à son projet, il m'a
bien précisé que c’était du bénévolat. Moi, c’est cet aspect philanthropique
qui m’a attiré. Il n’est question que de transmettre des connaissances, et ça,
je trouve que c’est beau. Mais c’est vrai aussi que quand j’ai rejoint Sanh,
ses classes étaient noires de monde du fait de la gratuité totale et qu’il
fallait quand même que les étudiants acceptent de verser une petite somme, même
symbolique, pour que ça puisse continuer à fonctionner», nous explique Hoang
Anh Phuong, une enseignante du projet PEC.
Nguyên Tu Sanh et ses collègues
utilisent des méthodes modernes dans l'enseignement de l'anglais. Finis les
exercices de grammaire ou de conjugaison à n’en plus finir ! Place à la
musique et aux activités communautaires, comme en témoigne Vu Thi Hanh, une de
ses élèves.
«Moi, j’avais appris l’anglais au lycée, mais je détestais ça. Et
puis un beau jour, j’ai découvert ces cours en regardant une vidéo où c’était
très vivant, où il y avait de la musique… Alors je me suis lancée et
maintenant, je suis devenue accroc…», nous
confie-t-elle.
Pour Hoang Huy Dai, un autre élève,
ces cours sont tout simplement les seuls à être accessibles.
«Je suis issu d'une famille pauvre de sept frères et sœurs.
J'habite une région montagneuse et chez moi, je suis le seul à pouvoir suivre des
études universitaires. Avant de venir à Hanoi, je n’avais aucunes notions
d’anglais. Mais j’ai rapidement compris que c’était absolument indispensable
dans notre monde moderne. Alors j’ai cherché des cours mais vu mes moyens… Heureusement
que je suis tombé sur PEC!»
Nguyên Tu
Sanh a décidé d'ouvrir des classes similaires pour le chinois et sans doute
pour d’autres langues. Son rêve? Pouvoir enseigner les langues étrangères à
tout le monde, même aux enfants handicapés.