(VOVworld)- L’école normale supérieure de Hanoi abrite un centre consacré à l’étude des enfants souffrant de différentes malformations. C’est l’unique centre, au Vietnam, à se lancer dans ce type d’études. Aussi attire-t-il de nombreux parents, désireux de mieux comprendre les difficultés que rencontrent leurs enfants.
Le Minh Duc, 5 ans, est malentendant congénital.
La maîtresse Dung, 22 ans, lui apprend, avec beaucoup de patience, à reconnaître ceux qui l’entourent.
Chaque petite réaction de Duc est vécue comme une petite victoire, pour l’enfant comme pour la maîtresse. Il faut dire qu’elles sont rares, ces réactions, et surtout difficiles à obtenir.
Dans la salle à côté, Minh Dang est assis, en silence, dans un coin. C’est l’archétype de l’enfant autiste. Il ne participe pas aux activités de groupe spontanément et reste totalement indifférent aux autres. Les maîtresses cherchent à le rendre plus actif
Minh Dang a déjà 6 ans. Il est grand, mais présente des retards de développement. Au début de la thérapie, il ne prononçait que quelques mots simples, du type « bonjour » ou « merci ». Au bout d’un an, il peut répondre à des questions simples, avec le sourire aux lèvres. Il réussit même à dire « merci », les bras croisés, comme le veut la tradition. Les progrès sont là, donc, à la plus grande satisfaction de ses maîtresses et de ses parents.
Actuellement, le centre accueille une douzaine d’enfants souffant de maux divers : autisme, hyperactivité, surdité… Selon Nguyen Ha Ly, qui travaille au centre, chaque enfant autiste vit dans un monde qui lui est propre, et il faut trouver des clefs pour entrer en communication avec lui. C’est un monde souvent incompréhensible, imprévisible, où les bruits, la lumière, le toucher peuvent vite devenir des agressions et être vides de sens, souligne-t-elle.
« Ici, il faut savoir rester calme et patient, insiste Nguyen Ha Ly. C’est ce qui nous permet d’entrer en contact avec ces enfants. Chaque enfant suit ce qu’on appelle un « itinéraire » dont les étapes peuvent nous aider à surveiller de près son développement. »
Le centre, qui a vu le jour en 1995, est simplement équipé, sur 3 niveaux. Au rez-de-chaussée, c’est la réception, la salle d’attente pour les parents et leurs enfants. Au premier étage, il y a 4 petites salles réservées aux enfants. Les murs sont peints de couleurs légères et douces - rose, beige, jaune clair, bleu ciel. Le deuxième étage, enfin, est l’espace de consultation. C’est là que les maîtresse rencontrent les enfants.
Tout est fait pour créer un environnement favorable à l’épanouissement des enfants. Les maîtresses sont toutes diplômées de l’école normale de Hanoi.
« Après deux mois, mon enfant a pu commencer à distinguer les véhicules. Quand il rentre à la maison, il est maintenant capable de nous raconter ce qu’il a vécu. Les maîtresses sont très dévouées. Mon enfant me dit souvent qu’il aime beaucoup mademoiselle Thu. Je suis très heureuse de constater ses progrès, de jour en jour. » nous fait savoir Madame Mai, mère d’un hyperactif.
Le centre a également mis au point une échelle d’évaluation, dans l’optique de pouvoir déceler au plus tôt les cas d’autisme ou d’hyperactivité.
« C’est un domaine très particulier, indique Docteur Nguyen Thi Hoang Yen, directrice du centre. Nous consultons des documents spécifiques que nous traduisons ensuite pour les étudiants. Mais nous coopérons aussi avec des experts internationaux pour pouvoir nous mettre à jour. Actuellement, nous avons une échelle d’évaluation pour déceler les troubles chez l’enfant. C’est une échelle qui a été créée par des chercheurs japonais. Le Japon est d’ailleurs un pays très avancé pour le traitement de tous ces troubles. »
Pour ce qui est des ressources humaines, l’école normale supérieure a créé une faculté d’éducation spécialisée en 2001, où Madame Hoang Yen enseigne également.
« Pour la première année, ça a été très difficile. Il y a très peu d’étudiants que ça intéresse. Il faut dire que c’est compliqué et qu’on obtient pas forcément de résultats importants tout de suite. Il faut être partient et attendre que les choses évoluent un peu. En tout cas, ceux qui étudient ici se montrent très travailleurs et très impliqués. » nous dit-elle.
Une séance de thérapie pour les enfants coûte 150 mille dong et dure une heure ou une heure et demie. Toujours selon Hoang Yen, le principal problème, pour les parents, reste de savoir déceler suffisamment tôt les troubles qui apparaissent chez leurs enfants. Pour un enfant autiste, par exemple, les signes les plus évidents sont un manque d’attention aux autres ou un comportement obsesionnel… Normalement, le signal d’alarme doit être déclenché, à ce moment-là, et des centres comme celui de l’école normale supérieure sont alors providentiels.