(VOVWORLD) - Hier encore pauvre et isolé, le hameau Sung est aujourd'hui devenu l'un des sites touristiques les plus populaires du district de Dà Bac, situé dans la province de Hoà Binh. C'est grâce au tourisme communautaire que le hameau a pu se refaire une beauté tout en mettant en valeur la culture autochtone. Dinh Thi Hao, fondatrice de l'agence de voyage Da Bac, est la personne qui a initié ce modèle d'affaires dans le hameau.
Dinh Thi Hao en tenue Dao Tiên. Photo: VOV |
Le hameau Sung abrite quelque 400 personnes de l'ethnie Dao Tiên, où la nature sauvage et les pratiques traditionnelles sont encore préservées.
Si la brocatelle était autrefois le métier de prédilection des Dao Tiên, elle a progressivement disparu avec l'industrialisation. Toutefois, grâce à Dinh Thi Hao et à son agence de voyage, la brocatelle est devenue un atout pour le hameau Sung. En effet, des circuits ont été créés pour mettre en valeur la brocatelle, et les brodeuses ont été soutenues dans la commercialisation de leurs produits.
"Nous proposons des ateliers de tissage aux visiteurs. Ils peuvent expérimenter toutes les étapes de fabrication de brocatelle, de la teinture à la broderie en passant par le cirage et la couture. Ils peuvent ensuite garder le produit final comme souvenir. Le bénéfice tiré de cette activité nous permet de réinvestir. Il s'agit d'une belle initiative de Dinh Thi Hao et de son agence de voyage", explique Triêu Thi Tiên, une brodeuse.
En dehors de la brocatelle, les Dao Tiên sont très célèbres pour leurs remèdes phytothérapeutiques. Toutefois, sans l'aide de Dinh Thi Hao, les habitants n'auraient jamais rencontré leur clientèle.
"Selon la formule de nos ancêtres, nous utilisons des plantes médicinales pour guérir les maladies osseuses ou pour nous revitaliser. Si auparavant, nous ne l'utilisions qu'à des fins personnelles, aujourd'hui, grâce à l'agence de voyage de Hao, nous avons monté un commerce de bain aux herbes qui marche du feu de Dieu. Nombreux sont les visiteurs vietnamiens et étrangers qui se rendent chez nous pour prendre des bains thérapeutiques. Et comme les clients souhaitent souvent offrir du bouillon d'herbes en cadeau, nous avons préparé des bouteilles à emporter. Cela marche très bien. En janvier notamment, nous avons enregistré un bénéfice de 7 millions de dôngs vietnamiens, soit environ 300 dollars américains", raconte Ly Van Minh, propriétaire d'un spa de bain thérapeutique.
Dinh Thi Hao (tenue jaune) et des touristes. Photo: VOV |
L'entrepreneure ne s'arrête pas en si bon chemin. En effet, Hao a également aidé les Dao à rénover leurs maisons pour accueillir les touristes et à diversifier les services d'hébergement en leur apprenant à cuisiner. Elle a également formé des guides locaux et grâce à ses actions, le développement du tourisme communautaire dans la région a dépassé les attentes, permettant ainsi aux habitants de bénéficier de revenus décents. Ly Van Nghia, chef du hameau Sung, a remarqué que les habitants de la région s'intéressent aujourd'hui davantage à la préservation de leurs pratiques ancestrales et à la protection de l'environnement.
"En 2017, soit avant l'épanouissement du tourisme communautaire, 100% des foyers vivaient dans la précarité et le hameau était jonché d'ordures. Mais aujourd'hui, beaucoup de familles sont sorties de la pauvreté. Elles ont un revenu stable et tout le monde est conscient de la protection de l'environnement", constate-t-il.
Le bonheur des habitants et des autorités locales fait la fierté de Dinh Thi Hao. Originaire de la province de Hà Nam, la femme de 32 ans a vécu pendant une dizaine d'années dans la province de Hoà Binh. Après avoir terminé ses études à l'université de l'Agriculture en 2012, elle a travaillé en tant que gestionnaire de programme pour Action on Poverty, une ONG australienne qui travaille en faveur des communautés défavorisées. Elle a également dirigé deux projets dans le district de Dà Bac, consacrés à la création de moyens de subsistance pour les habitants et au développement du tourisme communautaire local. En 2017, avec l'aide d'Action on Poverty, Hao a fondé son agence de voyage, Dà Bac, qui deviendra ensuite partenaire de l'ONG australienne.
"Quand je suis arrivée pour la première fois à Dà Bac, ce district était vraiment très pauvre et difficilement accessible. Les habitants étaient essentiellement des Muong et des Dao qui vivaient autrefois dans le bassin de l’actuel réservoir hydraulique de la rivière Noire, et c’était à Dà Bac qu’elles avaient été relogées, et où elles devaient trouver un nouveau moyen de subsistance et repartir de zéro. À l'époque, ces communautés, qui ne pratiquaient que l'agriculture, ne connaissaient pas du tout le tourisme communautaire. J'ai ainsi dû leur expliquer et les convaincre de participer au projet", se souvient Hao.
Depuis sa création en 2017, l'agence de voyage de Dinh Thi Hao a accueilli plus de 10.000 visiteurs, dont 80% d'étrangers. Plus les visiteurs internationaux apprécient l'identité de Dà Bac, plus la culture et les pratiques traditionnelles sont valorisées et préservées, et plus les moyens de subsistance des habitants sont durables.