(VOVWORLD) - Le chapeau conique – incarnation du charme des femmes vietnamiennes –, le lotus – fleur emblématique du pays –. Et si l’on associait ces deux symboles culturels ? Nguyên Thanh Thao, un jeune peintre originaire de Huê, a réussi à renouveler un produit local traditionnel grâce aux feuilles de lotus.
Nguyên Thanh Thao a débuté sa carrière par la peinture. Mais il a rapidement changé de direction grâce à ses clients, qui cherchaient « un produit touristique typiquement local » à offrir à leurs proches. Thao a donc commencé sa réflexion : quel nouveau matériau serait susceptible de créer des souvenirs plus originaux ? En 2017, il a opté pour les feuilles de figuier des pagodes, avec lesquelles il souhaitait créer des motifs artistiques inédits, mais en vain.
Des chapeaux coniques en feuille de lotus |
Un jour, lors d’une balade en barque sur le lac Tinh Tâm, Thao a découvert les caractéristiques des feuilles de lotus : résistantes, épaisses et surtout emblématiques de Huê, sa ville natale.
Nguyên Thanh Thao |
«Au départ, je voulais peindre sur des feuilles de lotus, mais il semblait que c’était trop banal. Puis en cherchant mieux, j’ai réalisé que cette variété était idéale pour confectionner des chapeaux coniques, un accessoire typique des femmes de Huê», raconte-t-il.
Mais pour utiliser les feuilles de lotus dans ce but, Thao a dû imaginer au préalable une dizaine d’étapes de traitement. Il faut dans un premier temps, laver soigneusement les feuilles avec de l’eau javellisée pour éliminer les impuretés. Puis, une étape de séchage au soleil s’impose suivie de leur repassage qui va rendre les feuilles très lisses. Les feuilles sont ensuite assemblées à l’extérieur d’un chapeau conique traditionnel. Dernière étape, et non des moindres, il faut enduire le chapeau d’une couche de peinture transparente spéciale dont la recette est farouchement gardée par Thao. Ce traitement servira à protéger le chapeau du soleil et de la pluie. «Aucun chapeau ne se ressemble. Ils se distinguent par leurs nuances de vert et leurs nervures. Ils sont à la fois beaux, originaux et fonctionnels», affirme-t-il.
Les touristes étrangers apprécient beaucoup les produits en feuilles de lotus de Thao
|
Présenté pour la première fois au public pendant le festival Vietnam-République de Corée au Musée de la broderie XQ, le travail de Nguyên Thanh Thao a beaucoup fait parler les touristes étrangers mais aussi les locaux. Le poète Vo Quê en faisait partie.
« C’est surprenant car Thao a trouvé une nouvelle fonction au lotus que personne n’avait imaginé auparavant. Il a réussi à créer un nouveau produit touristique en introduisant cette fleur qui est l’âme de Huê en particulier et du Vietnam en général», estime-t-il.
Vendu au prix de 250.000 dongs, soit environ 10 euros la pièce, les chapeaux de Thao coûtent dix fois plus cher que les chapeaux ordinaires. Mais ce prix n’empêche pas les clients d’affluer, même de l’étranger, pour acheter son produit.
«Je veux améliorer mes chapeaux. Il faut qu’ils soient plus résistants et sophistiqués pour mériter d’y mettre du lotus, la fleur sublime du peuple vietnamien», nous confie Thao.
Ses créations ont remporté le premier prix au concours des Startups et l’innovation de Thua Thiên-Huê en 2018. Franchement, chapeau !