(VOVWORLD) - Apparue au début des années 2000, la «chirurgie robotique», ou «chirurgie télémanipulatrice», est une petite révolution dans les blocs opératoires. C’est une avancée technologique majeure qui permet au chirurgien de travailler à la télécommande, ce qui est à la fois plus simple et plus précis. Le Français d’origine vietnamienne Nguyen Tran, directeur de l’Ecole de chirurgie de Nancy-Lorraine, nous apporte plus de détails.
La chirurgie robotique est une technique qu’on appelle « mini invasive ». Donc, premier avantage, c’est qu’on n’ouvre pas le patient. On rentre à l’intérieur du patient à travers des petits trous dans lesquels on met des instruments qui vont opérer. Deuxième avantage de la chirurgie robotique, c’est qu’au deux bouts des instruments que vous mettez sur le patient, vous pouvez télécommander avec vos mains à distance. Vous pouvez opérer à 5m ou même à 3.000m. C’est la même chose!
Le troisième avantage, la chirurgie robotique, c’est que ça permet de faire de toute petite chirurgie, très précise, parce que la machine corrige le tremblement des chirurgiens. La récupération des patients est meilleure. En chirurgie conventionnelle, le patient reste plus longtemps à l’hôpital. En chirurgie robotique, la récupération est beaucoup plus courte. Pour la santé des patients, notamment des personnes âgés, c’est mieux.
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VOV5: On considère toujours la chirurgie robotique comme une chirurgie de luxe. Pourquoi?
Ça demande énormément d’équipements et ils coûtent chers. Le robot, par exemple, coûte 1,5, voire 2 millions d’euros. Mais dans les mois qui viennent, nous espérons d’autres avancées industrielles qui vont permettre de sortir des robots plus petits et moins chers. Pour l’instant, la chirurgie robotique reste la chirurgie de luxe mais je pense dans 2-3 ans, on va arriver à réduire le coût et ça peut être à destination de tous les patients.
VOV5: Il y a combien d’étudiants inscrits à votre école actuellement?
L’année dernière, nous avons dépassé 1.600 participants. Nous avons le projet dans 5 ans de dépasser 3.000 étudiants à notre école. En tout, nous avons 44 nationalités dans notre Ecole de Chirurgie. Il y a des gens qui viennent donc de toute l’Europe: Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Angleterre, etc… mais aussi d’Asie : Japon, Chine, Inde, Singapour… des Etats-Unis et du Mexique.
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VOV5: Quelles sont donc les spécialités de la chirurgie robotique ?
Nous avons à l’école les «simulateurs» sur lesquels on va apprendre les gestes de base, du plus simple au plus compliqué. Et puis ensuite nos participants, nos internes ou nos professionnels, une fois qu’ils passent cette étape, ils vont pouvoir travailler dans les vrais blocs opératoires sur les modèles animaux ou sur des cadavres avant d’aller sur le patient. C’est ça le nouveau concept que nous avons développé.
Nguyen Tran, directeur de l’Ecole de chirurgie de Nancy-Lorraine (c). Photo: École de Chirurgie Nancy-Lorraine/Facebook |
VOV5: Cette technique chirurgicale permet aussi aux chirurgiens professionnels à rester à la pointe ?
Absolument. Nous ne formons pas seulement les jeunes parce que les avancées technologiques sont telles que les professionnels qui n’ont pas été formés peuvent revenir chez nous pour se former dans cette nouvelle technologie.
VOV5: Quelles sont les autres nouveautés que propose votre école?
Nous investissons énormément depuis deux ans sur les nouveaux dispositifs. En cœlioscopie par exemple, nous avons équipé des salles d’opération avec la cœlioscopie la plus moderne en 3D. L’autre nouveauté, c’est ce qu’on appelle l’impression en 3D, c’est-à-dire on prend les scans du patient et on imprime. Ça permet aux jeunes de travailler directement sur une pièce du patient.
VOV5: Vous êtes très engagés dans les coopérations avec les hôpitaux vietnamiens. Pourriez-vous nous parler de certains projets qui sont en cours?
Mon objectif, c’est de permettre aux chirurgiens vietnamiens de pouvoir collaborer avec nous. Au Vietnam, manuellement, les chirurgiens sont plutôt bons. Nous proposons à ces chirurgiens-là de pouvoir apprendre les nouvelles technologies comme la chirurgie robotique, la chirurgie cœlioscopique ou endoscopique. Nous avons bien sûr la collaboration à Hanoï avec les hôpitaux 103, 108 et 175, mais aussi à Danang et à Buon Me Thuot. On essaie d’ouvrir davantage. En dehors de la chirurgie mini invasive, il y a tout l’aspect de formation du groupe de travail parce qu’à côté des chirurgiens, il faut aussi des infirmiers et infirmières. C’est une des formations que nous souhaitons aussi mettre en place.