AUF : La coopération universitaire vue par un recteur économiste

(VOVworld) - Jean-Paul de Gaudemar s'est rendu récemment au Vietnam, quelques mois seulement après être entré en fonction en tant que recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Le but était bien évidemment d’évoquer des inflexions et les orientations stratégiques de l’AUF au cours de son nouveau mandat.

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Le recteur de l’AUF, Jean-Paul de Gaudemar. Photo : AUF

«Il y a beaucoup de continuités. Mon prédécesseur a fait un travail tout à fait remarquable pendant la durée de ses mandats». C’est ce qu’a souligné Jean-Paul de Gaudemar lors de la conférence «Coopération universitaire francophone au Vietnam» tenue à Hanoï.

«Si des différences il y a dans les inflexions nouvelles que je propose, ça vient peut être de ce que mon prédécesseur était d’abord un linguiste, que moi-même je suis économiste et que donc nous n’avons pas tout à fait la même vision.... Je suis beaucoup plus préoccupé que lui des questions de développement des bureaux, des universités. Là, il était peut être plus rattaché à une tradition qui est d'ailleurs à l’origine de l’AUF, une tradition plus linguistique et culturelle. Je pense pour autant que nous partageons la même idée, à savoir que les universités sont amenées à jouer un rôle de plus en plus décisif aujourd’hui. Et donc mon apport dans les inflexions de la stratégie de l’AUF tient à cette façon de souligner ce rôle ou cette nécessité, plus exactement, d'une articulation plus importante entre les universités et leur environnement économique et social.»

Toujours selon le nouveau recteur, son agence et les universités francophones devraient améliorer leurs modalités d’actions.

«Pendant longtemps, l’agence a plutôt répondu à des sollicitations ou des projets qui lui étaient présentés. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons davantage travailler sur le mode du partenariat : partenariat inter-universitaire, où plusieurs universités se mettent ensemble pour traiter une question, mais aussi partenariat extra-universitaire, où des universités peuvent être soutenues par d’autres partenaires dont l’AUF mais également par des grands bailleurs de fonds et par des acteurs économiques de différent type, parce que la question posée est une question de développement global.»

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Par ailleurs, il faut considérer la langue comme une monnaie, une monnaie d'échanges scientifiques, estime ce recteur-économiste.

«Si les grandes monnaies internationales comme le dollar, l’euro, le yen sont des monnaies fortes, c’est parce qu’elles représentent d’abord des économies fortes et des puissances politiques fortes. Et donc si l’on fait cette analogie dans le monde universitaire, la Francophonie universitaire sera d’autant plus forte que nous saurons mettre en avant ses grandes capacités d’innovations, d’expertise, mais aussi les partenariats que nous pouvons engendrer à partir de ce potentiel des universités francophones. Donc parler comme je parle, ce n’est pas oublier la question de la langue française, c’est simplement la poser sur des bases un peu différentes.»

Jean-Paul de Gaudemar a également dévoilé des chiffres très importants pour le Vietnam dont la capitale est le siège du bureau Asie-Pacifique de l’AUF depuis une vingtaine d’années. Selon des enquêtes réalisées sur l’emploi auprès des diplômés des filières universitaires francophones au Vietnam, 98% des diplômés trouvent un emploi au bout d’un an. Mais ce n’est pas tout ! Jean-Paul de Gaudemar :

«On estime d’après ce bureau que 20.000 cadres qui sont au Vietnam ont été à un moment ou un autre bénéficiaire de l’action de l’AUF, sont aujourd’hui d’ailleurs dans des fonctions souvent importantes : des hauts fonctionnaires, des professeurs d’université, des cadres d’entreprises. Et ça c’est intéressant parce qu'on voit bien qu’à quel point l’université aujourd’hui forme tous ces cadres supérieurs. Et donc aujourd’hui ce que nous voulons faire, c’est aller plus loin dans cette direction, à savoir d’abord aider les universités vietnamiennes à avoir une qualité de l’enseignement qui permette justement de développer une population de cadres de très haut niveau dont le Vietnam a besoin. Mais c’est aussi approfondir la question de leur relation avec le marché du travail, et d’une façon générale, aider les universités vietnamiennes à jouer pleinement ce rôle d’opérateur stratégique de développement qu'elles jouent déjà mais qu'elles doivent jouer davantage parce que les enjeux du dévelopement le nécessitent.»

Dans l’attente de la mise en oeuvre de ces grandes inflexions au sein de la Francophonie universitaire, rappelons que le deuxième campus numérique de nouvelle génération a été inauguré au Vietnam, plus exactement à Hô Chi Minh-Ville.

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