(VOVWORLD) - Diep To, alias Lê Thi Tô Diêp, était guide touristique anglophone au Vietnam. Aujourd’hui, elle vit au Canada, son pays d’accueil et travaille dans la gastronomie tout en se consacrant à de nombreuses œuvres caritatives dans son pays d’origine. Au micro de Duc Quy, cette femme dynamique nous explique tout d’abord ce virage à 180 degrés.
J’ai toujours aimé partager la culture vietnamienne. En 2017, j’ai officiellement émigré au Canada et j’ai constaté que la cuisine du Sud du Vietnam était plus présente que celle du Nord. J’ai décidé alors de faire découvrir autre chose aux Canadiens. J’ai suivi des cours de cuisine et j’ai eu l’occasion de travailler avec des chefs très renommés au Québec comme par exemple François Longpré. On organise des cours de cuisine à Montréal, dans sa boutique très renommée qui s’appelle «Les Touilleurs».
On propose aussi des voyages gastronomiques sur place, on a emmené des Québécois au Vietnam pendant deux semaines. Je suis à la fois guide touristique et chef de cuisine. Je cuisine pour eux tous les jours, sur le bateau, dans une grotte située dans la baie d'Halong, etc. Tout le monde aime cette expérience.
Diep To lors d'un de ses cours de cuisine vietnamienne. Photo: Radio-Canada/Christian Côté |
VOV5: Vous êtes aujourd’hui un chef très renommé à Toronto et à Montréal et vous y donnez aussi des cours de cuisine. Quel type de cuisine enseignez-vous?
J’enseigne la cuisine vietnamienne en général et la cuisine traditionnelle du Nord en particulier parce que je suis née et j’ai grandi à Hanoï, la capitale du Vietnam. On me reconnaît comme un chef au Canada mais je me considère moi-même comme une bonne cuisinière qui détient le secret de cuisine de ma mère. J’aime partager ma passion et pouvoir cuisiner tous les jours avec les gens.
VOV5: Comment votre maman vous a-t-elle transmis sa passion pour la cuisine?
Quand j’avais 8 ans, elle m’a montré le secret de mélanger différents ingrédients pour faire différents goûts. Je suis tombée tout de suite amoureuse de tout ça. J’ai assimilé toutes les informations qu’elle m’a données et à partir de là, j’ai aimé cuisiner pour toute la famille. Mais à cette époque, on n’avait rien à manger. C’est pourquoi, on devait « jouer » avec les ingrédients. Tranquillement, j’ai développé ma passion et j’ai pu cuisiner des bons plats à base de viande de buffle.
VOV5: Quels sont les plats réalisés par votre maman qui sont pour vous des souvenirs inoubliables?
Je me souviens qu’elle préparait une soupe contenant 15 légumes différents. Elle m’a montré comment trouver l’équilibre entre le yin et le yang dans les légumes pour que ça donne de l’énergie et une bonne santé. On peut faire pousser des fines herbes, des patates douces, des arachides,…
VOV5: Avez-vous essayé de faire déguster cette soupe aux Canadiens?
Oui et tout le monde l’a aimée. Les Canadiens m’ont dit que si on pouvait manger des légumes aussi délicieux que ceux-là, on pouvait réaliser cette soupe tous les jours et particulièrement pendant l’hiver.
Photo: Facebook/Le Thi To Diep |
Photo: Lauren Natalie |
VOV5 : Vous êtes engagée dans de nombreuses actions caritatives en faveur des femmes et des enfants vivant dans les régions Nord-Est et Nord-Ouest du Vietnam. Pourriez-vous nous parler des projets qui ont déjà abouti et de ceux en cours de réalisation?
J’ai créé la fondation Diep To qui lutte pour améliorer la qualité de vie des femmes et des enfants des régions en difficulté. Le but est de financer des projets qui permettent aux femmes d’améliorer leurs conditions de vie et d’offrir à leurs enfants de meilleures perspectives d’avenir. J’ai fait pousser des fines herbes et d’autres herbes aromatiques. Je vais donner aux habitants ma recette pour cultiver des épices et les vendre aux touristes au Vietnam.
Photo: Facebook/Le Thi To Diep |
J’ai aussi financé la construction d’une école et quelques maisons sur pilotis pour accueillir les touristes désireux de visiter la région. Les habitants pourront ainsi gagner un peu d’argent et améliorer leur qualité de vie. Jusqu’à maintenant, tous ces projets marchent bien et je veux continuer à travailler comme ça au Vietnam.
VOV5: Au Vietnam, vous êtes chef de projet et chef de cuisine…
Je ne me considère pas comme chef de projet. Je suis seulement celle qui rassemble tout le monde autour d’une table pour discuter et mener à bien le projet. Certains de mes projets sont suivis par des Québécois retraités comme Clément Richard, qui est chef de l’équipe canadienne. On a beaucoup rigolé ensemble. C’est sur la base de cette amitié que nous avons travaillé ensemble.
VOV5: Revenons un peu à votre aventure gastronomique. Avez-vous songé à sortir un livre de cuisine vietnamienne ?
Certainement. Je suis en train de finir mon premier livre de recettes. J’espère le sortir à Noël. Ça fait longtemps. J’ai dit toujours ce Noël… ce Noël… mais jusqu’à maintenant, je n’ai pas été capable de le terminer. Il faudrait que je sorte maintenant pour pouvoir financer mes projets. Dans ce livre, je voudrais proposer des recettes de cuisine traditionnelle vietnamienne : rouleau impérial (Chả giò) ; Phở, mais aussi la cuisine de ma mère : soupe aux poissons, soupe aux légumes.
Moi, j’adore le tofu et je vais présenter aussi des recettes de tofu avec des épices comme la cannelle, le curcuma, le poivre de la forêt, le gingembre et d’autres épices que je cultive par moi-même.
VOV5: Vous avez conquis les gourmets canadiens. Quel est votre secret?
Je cuisine avec mon cœur. Quand les gens savourent mes plats, ils savent que j’y mets beaucoup d’amour. Quand vous cuisinez avec passion, les gens peuvent le sentir. 100% des Canadiens qui suivent mes cours de cuisine reviennent et m’invitent chez eux pour présenter ma cuisine à leur famille. Je suis tellement heureuse.
En plus de la gastronomie, Diep To se consacre aussi au tourisme communautaire au Vietnam. Nous vous parlerons la semaine prochaine dans la page Francophonie de son projet Pù Bin.